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Le saumon sauvage, au premier plan, ne fait pas le poids face au saumon AquAdvantage, qui a pourtant le même âge. © AquaBounty Technologies
Ce n'est pas encore fait, mais cela ne saurait tarder. La Food and drug administration (FDA), l'autorité suprême pour la nourriture et les médicaments sur le territoire américain, devrait très probablement annoncer l'autorisation d'élever, à des fins commerciales et alimentaires, des poissons OGM.
Ces poissons sont des saumons d'Atlantique auxquels un gènegène a été ajouté. Il code pour une hormonehormone de croissance provenant du saumon royal (ou chinook). Grâce à des séquences régulatrices particulières également ajoutées sur l'ADNADN, cette hormone est produite en permanence, même en hiver. Le saumon AquAdvantage (un nom commercial déposé) peut donc prendre du poids tout au long de l'année, alors qu'habituellement les saumons arrêtent leur croissance à la saison froide.
Ils atteignent ainsi la taille et le poids adapté à leur commercialisation en deux fois moins de temps qu'un saumon sauvage, c'est-à-dire en un an et demi au lieu de trois. AquaBounty Technologies, l'entreprise de biotechnologiebiotechnologie mère de ces poissons, n'a pas menti dans son slogan : « des solutions biotechnologiques pour des productivités améliorées en aquaculture ».
Depuis près de 10 ans, cette entreprise bataille pour obtenir les autorisations nécessaires. L'année dernière, en 2009, une étape a déjà été franchie par la FDAFDA, qui a décidé de considérer les gènes ajoutés aux animaux comme n'importe quel médicament vétérinairevétérinaire. La décision laisse donc aux entreprises la liberté de cacher les informations sur leurs produits génétiquement modifiés.
Des bons filets provenant de saumons OGM AquAdvantage® seront probablement bientôt dans les assiettes des consommateurs américains. © AquaBounty
Et si des saumons s’échappent ?
Après de vives critiques, la FDA a finalement décidé d'être transparente vis-à-vis des saumons transgéniquestransgéniques. Les résultats de l'enquête effectuée par le Veterinary Medicine Advisory Committee, rattaché à la FDA, sont en effet visibles sur leur site. Les décisions finales qui seront prises par le Center for Veterinary Medicine, suite à l'enquête, seront elles aussi disponibles.
Mais cela n'est pas suffisant pour les fervents défenseurs de l'environnement. En effet, les poissons d'élevage sont certes enfermés dans un enclos, mais le risque de s'en échapper (à l'image du colza OGM) et de s'accoupler avec un poisson sauvage n'est pourtant pas nul. D'après Ronald Stotish, le directeur exécutif d'AquaBounty, ces inquiétudes n'ont pas lieu d'être.
Les poissons sont quasiment tous (99%) triploïdes, c'est-à-dire qu'ils n'ont pas deux jeux de chromosomeschromosomes (un de leur père et un de leur mère) comme les poissons normaux, mais trois. Cette triploïdie les rend stériles. De plus, ils sont enfermés dans des bassins totalement hermétiques, empêchant non seulement les jeunes saumons de s'échapper, mais aussi les œufs. « La possibilité d'une échappéeéchappée ou d'un événement permettant une interaction avec les saumons sauvages est infinitésimale » conclut Ronald Stotish.
D'après Mark Abrahams, un biologiste du Memorial University à Saint-Jean au Canada, le métabolismemétabolisme des saumons OGMOGM ne serait pas adapté à leur vie en eaux sauvages : leur grand besoin de nourriture leur confèrerait un comportement à risque, et ils deviendraient des proies faciles.
Les arguments en faveur de la non-dangerosité des saumons AquAdvantage pour l'environnement ne manquent donc pas. Toutefois, un modèle mathématique élaboré à l'Université Purdue et publié dans le journal Pnas indique que la présence de 60 poissons transgéniques au sein d'une population de 60.000 poissons sauvages serait suffisante pour menacer la survie de l'espèceespèce sauvage et même l'éradiquer, et ce en 20 générations... Par ailleurs, la consommation de ces poissons OGM est-elle sans danger ? Seul l'avenir nous le dira.