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Le mercure, un joli métal liquide, est présent dans notre environnement. © Stuck in Customs / Flickr - Licence Creative Common (by-nc-sa 2.0)
La FNE (France Nature Environnement), fédération d'associations de défense de l'environnement, engagée dans une campagne internationale baptisée Zero Mercury, vient de rendre publics les résultats d'une enquête sur les concentrations en mercuremercure autour d'usines de production de composés chlorés.
En France en effet, le procédé classique pour produire du chlorechlore gazeux (Cl2) à partir du sel (chlorure de sodiumsodium) repose sur une électrolyseélectrolyse dans laquelle la cathodecathode est constituée de mercure liquideliquide qui doit s'écouler. Chaque cellule d'électrolyse contient plusieurs tonnes de mercure.
Connue depuis des lustres, la toxicitétoxicité du mercure en fait un polluant extrêmement dangereux pour la santé humaine et pour tous les organismes vivants. Chez l'homme, on sait que, notamment, il provoque des lésions neurologiques et perturbe la fonction rénale. On doit à ce métalmétal la tristement célèbre maladie de MinamataMinamata, causée par des rejets massifs de mercure, entre 1932 et 1966, dans la baie où se trouve le port de Minamata.
Persistant dans l'environnement, le mercure s'accumule dans la chaîne alimentaire et peut aussi se présenter sous forme de particules en suspension dans l'atmosphère. La contaminationcontamination peut donc se produire par inhalationinhalation, par contact et par ingestioningestion d'eau ou d'aliments contaminés.
On comprend que son utilisation à l'échelle industrielle soit réglementée. Il existe des normes donnant un maximum tolérable, en l'occurrence 1.000 nanogrammes par mètre cube d'airair selon l'OMS (Organisation mondiale de la santéOrganisation mondiale de la santé).
Lors de mesures effectuées en août 2008, la FNE a repéré un site autour desquels cette limite est largement dépassée. A Jarrie, près de Grenoble (département de l'Isère), la plus forte valeur enregistrée par cette enquête autour de l'usine de la société Arkema était de 20.761 nanogrammes/m3 d'air, vingt fois le maximum autorisé donc. A Harbonnières, dans la Somme, à proximité de la SPCH (Société des produits chimiques d'Harbonnières), la concentration reste inférieure à la norme mais la FNE indique des pics à 1.000 ng/m3.
Bien d'autres sources
L'association précise que ces mesures restent trop ponctuelles pour constituer « une évaluation environnementale approfondie » et permettre « une extrapolation sur le fonctionnement permanent du site ». Pour la FNE, il s'agit de donner l'alerte et d'inciter pouvoirs publics et industriels à abandonner le procédé d'électrolyse à cathode de mercure. Ce bannissement est d'ailleurs prévu par l'Union européenne mais la date limite initiale de 2010 a été repoussée à 2019.
Toutefois, l'industrie du chlore est loin d'être la seule pourvoyeuse de mercure. Les incinérateurs, la sidérurgie, les centrales à charbon et les cimenteries participent également au rejet annuel estimé en France à un peu moins de 10 tonnes par an. Une autre source se cache dans les amalgamesamalgames dentaires (les plombages), composés pour moitié de mercure, chacun d'eux en contenant environ un gramme. Ce métal est lentement relargué dans la salivesalive à un taux faible, autour d'une dizaine de microgrammes par jour, en deçà de la limite considérée comme dangereuse (42 microgrammes par jour).
Réelle, la pollution au mercure doit donc être mesurée dans sa globalité et ce rapport de la FNE vient surtout nous la rappeler...