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Déforestation en Bolivie. Source : World Prout Assembly
Les scientifiques estiment actuellement que la déforestation est à l'origine de 18 % des émissions de gaz à effet de serre dans l'atmosphère terrestre. Très logiquement, l'idée est apparue de verser de l'argentargent sous forme de primes aux pays en voie de développement ou ceux qui retirent un bénéfice significatif de l'abattage des arbres, afin de les inciter à réduire cette activité. Tout aussi logiquement, il était prévu que ces allocations soient calculées sur la base de la quantité de carbonecarbone non libérée dans l'atmosphère grâce à la préservation de la forêt.
Mais que vaut la tonne de carbone non libéré, et surtout, où trouver cet argent, sachant que les sommes en jeu paraissent déjà considérables ? La création d'un nouveau marché de crédits de carbone forestier est inévitable, d'autant que les sommes allouées à l'aide au développement ne pourraient intervenir qu'en appoint. Le gouvernement européen a déjà proposé d'y consacrer une partie des ressources qui lui viendront à partir de 2013 de la mise aux enchères des quotas d'émissionsémissions de carbone.
Actuellement, le fameux « permis de polluer » évalue la tonne de carbone émis dans l'atmosphère aux alentours de 15 $. Un montant à la fois trop bon marché et trop élevé. Trop bon marché, car il apparaît clairement que cette valeur n'est pas suffisamment incitative face à la rentabilité potentielle des territoires déboisés et reconvertis à certaines cultures comme le sojasoja ou l'huile de palme, notamment dans les régions connaissant une forte pressionpression démographique. Trop cher, car certains pays pourraient être tentés de placer sous cette protection ainsi rentabilisée de vastes territoires vierges à l'abri de toute menace.
Quel est donc ton prix ? © JL Goudet/Futura-Sciences
Casse-tête économico-politique
Afin de pallier ces obstacles, les participants de la conférence de Poznan sur le changement climatiquechangement climatique ont préparé un consensus sur un protocoleprotocole de rémunération de la non-déforestation baptisée REDD (Réduction des Emissions dues à la Déforestation et à la Dégradation des forêts). Mais celui-ci est loin, très loin, d'être finalisé.
Les membres du REDD proposent de moduler la prime au non-déboisement en fonction d'un scénario de référence basé sur la projection de l'évolution de la situation forestière actuelle de chaque région. Mais l'économiste français Alain Karsenty, dans Le Monde, souligne l'incertitude d'une telle évaluation, et mentionne que, par exemple, « personne n'avait prévu la reprise de déboisement dans l'Amazonie brésilienne en 2007 ».
Second obstacle, l'évaluation de la quantité de carbone retenue par les forêts apparaît d'une complexité considérable. Ainsi la forêt angolaise, pour ne citer qu'elle, est créditée et d'un stock de carbone évalué entre 3.557 et 11.767 millions de tonnes. On le voit, le chemin est encore long avant d'assurer la fiabilité des chiffres.
Il faudra notamment arrêter plusieurs décisions. La première consiste à déterminer qui doit profiter de cette nouvelle manne. Faut-il la verser aux états, aux forestiers, aux communautés locales, où la consacrer à l'énorme dispositif administratif indispensable à une telle gestion ? Sans compter les représentants des peuples autochtones, à la tête d'une population de 50 millions de personnes vivant directement de l'exploitation forestière.
Comment mesurer la capacité de stockage de CO2 ?
Une trentaine de satellites de toutes nationalités surveillent aujourd'hui l'état des forêts sur les cinq continents. Les images satellitaires, essentiellement en infrarougeinfrarouge, sont mises en relation avec des relevés effectués sur le terrain afin d'élaborer des modèles qui serviront ensuite à mieux caractériser les forêts en fonction de leur biodiversité, de leur exploitation, et de leur état de santé. Sur cette base, il est possible d'établir leur capacité à stocker du CO2.
L'attention se porteporte aujourd'hui sur la mise au point de méthodes universellement reconnues pour interpréter les données des satellites encore sous-utilisées. En effet, si beaucoup d'investissements ont été consacrés à cette technologie, peu l'ont été à leur usage. De plus, pour les pays en voie de développement les plus pauvres, ces informations restent chères et les spécialistes manquent pour interpréter les images.