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Ouvrier agricole pulvérisant des pesticides dans un champ de riz. Crédit : IRRI Images CC
Les herbivores et les maladies provoquent d'importantes pertes agricoles chaque année. Pendant près d'un demi-siècle, les pesticides furent la solution à ce problème. Forts de plusieurs dizaines d'années d'étude sur les mécanismes moléculaires des plantes, les scientifiques ont développé plus récemment des organismes génétiquement modifiésorganismes génétiquement modifiés (OGM). Mais les pesticides demeurent le choix le plus couramment utilisé.
Les insecticides et les fongicides (contre les champignons et moisissures) limitent le développement des insectesinsectes et des maladies en perturbant le fonctionnement de leurs organismes. Mais ces moléculesmolécules affectent aussi la physiologie des plantes, à travers leur croissance, leur reproduction ou l'altération du métabolismemétabolisme du carbonecarbone (photosynthèsephotosynthèse, respiration, synthèse de matièrematière organique).
Pourtant, les plantes sont capable de détoxifier (de rendre non toxique) les pesticides. Après les avoir absorbés (par leurs feuilles par exemple), elles les transforment métaboliquement puis les stockent.
Des phytohormones (hormones végétaleshormones végétales), les brassinostéroides (BR), sont connues pour protéger les cultures des pesticides. Ces hormones, essentielles à la croissance et au développement, participent aussi à la défense des plantes et à leurs réponses aux stressstress environnementaux. Les récents travaux de l'équipe de Xiao Jian Xia ont montré qu'elles activent les métabolismes de détoxification. Ces hormones agissent sur des gènesgènes responsables de la production d'enzymesenzymes qui transforment les pesticides en éléments moins toxiques (métabolitesmétabolites).
EBR, une hormone qui active les gènes de la détoxification
Les pesticides absorbés subissent un cycle de détoxification en trois phases :
- Activation métabolique par des enzymes comme les P450 monooxygénases,
- Conjugaison chimique avec du glutathion (ou GSH, molécule composée de trois peptidespeptides) et du glucoseglucose par d'autres enzymes (GST et UGT),
- Séquestration et stockage des métabolites obtenus dans les cellules (vacuolevacuole ou paroi) à l'aide des protéinesprotéines de transport MRP.
Cliquer sur l'image pour l'agrandir. La phytohormone EBR stimule les gènes responsables de la synthèse des enzymes et protéines des trois phases du métabolisme de détoxification des pesticides : activation biologique du pesticide, conjugaison avec du glutathion et passage par les MRP vers les lieux de stockage des résidus. © Grégoire Macqueron / Futura-Sciences
Les chercheurs de l'université de Zhejiang (Chine) ont étudié les effets de la 24-epibrassinolide, ou EBR, phytohormone de la famille des brassinostéroïdes, sur des cultures de concombresconcombres. Après exposition de ces concombres à un pesticide, le chlorpyrifos, ils ont observé les variations des taux d'enzymes impliquées dans la détoxification. En présence d'EBR, l'activité des enzymes d'activation et de conjugaison augmente et les résidus de chlorpyrifos diminuent. L'analyse de l'expression des gènes montre que l'EBR augmente l'activation de plusieurs gènes des trois phases de détoxification, stimulant ainsi une action coordonnée des processus de détoxification.
En résumé, l'hormone EBR réduit les quantités de résidus de quatre pesticides testés. Elle augmenterait l'activité des processus de détoxification en agissant sur les gènes et les enzymes et, peut-être, sur les capacités antioxydantes des plantes. Cette étude a permis aussi de mieux comprendre les séquences du métabolisme des pesticides qui produit, en général, des composés moins toxiques.
Si l'agricultureagriculture Bio peut réduire les risques de contaminationcontamination alimentaire, elle pénètre difficilement certains pays comme la Chine. Or, dans l'état actuel des connaissances, aucun effet négatif des brassinostéroïdes sur la santé humaine n'a été remarqué. Ces hormones réduisent même la croissance de cellules cancéreuses. Les phytohormones ouvrent donc une approche prometteuse de la réduction des résidus de pesticides et de leurs risques pour la santé humaine.