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À l'initiative d'une jeune association, des studios et des magasins de musique collectent désormais partout en France les cordes d'instruments et les cymbales pour récupérer les métauxmétaux qui les composent, tels que le nickelnickel. « On ne peut pas se permettre de jeter du nickel à la poubelle alors que dans 60 ans il n'y en aura plus », glisse à l'AFP Cédric Breuze, guitariste depuis 25 ans et président, à 34 ans, de Music Solidarity, association née début 2012.
Son but ? Donner une seconde vie aux métaux composant les cordes de guitares, basses, violons ou pianos pour lutter, à son niveau, contre le gaspillage, favoriser le recyclage et financer, par la revente des métaux, l'envoi d'instruments vers l'Afrique.
Lancée pianissimo il y a quelques mois, l'initiative monte doucement en gamme, avec désormais près de 80 points de collecte partout en France : studios de répétition, écoles de musique, MJC, magasins de musique, etc. « Je lui ai récemment envoyé un premier colis d'une dizaine de kilogrammeskilogrammes », se réjouit Tom Marceau, luthier près de Rennes, qui lui réserve les cordes et autres pièces métalliques qu'il portait avant en déchetterie. Chez Star's Music, grand magasin spécialisé parisien, une affiche sensibilise les clients depuis quelques mois aux caisses. « Pour le moment, il n'y a pas encore beaucoup de gens qui viennent rapporter les cordes usagées, on récupère principalement celles du magasin. Mais si cela peut inciter les gens, ce serait stupide de ne pas le faire », souligne le directeur Davy Dupré.
La consommation mondiale de nickel (courbe bleue, en kilotonnes) depuis 2003 et par estimation (depuis 2007) jusqu'en 2020. Les couleurs indiquent les parts des régions productrices. Selon les chiffres des réserves prouvées, l'extraction ne parviendra plus à répondre seule à la demande aux environs de la décennie 2050. Le recyclage devient donc indispensable. © Brook Hunt, GME
Recycler le nickel, un métal rare
Reste à mettre en place le recyclage effectif des métaux récupérés. L'association affirme avoir trouvé une « société spécialisée dans le traitement des métaux précieux », comme l'or, contenus dans les cartes mèrescartes mères des téléphones portables ou des ordinateursordinateurs.
« Plus des trois quarts des cordes de guitares électriques sont constituées d'une âme en acieracier entourée d'un filetagefiletage en nickel », explique Cédric Breuze. D'autres métaux sont aussi dans son viseur, tels que le tungstène présent dans des cordes de violons ou le cuivrecuivre dans celles de pianos. L'association collecte aussi des cymbales cassées de batteries, faites en bronzebronze (alliagealliage de cuivre et d'étainétain) et contenant parfois de l'argentargent. Pour certains métaux, par exemple le nickel, améliorer le recyclage est crucial : les réserves mondiales sont évaluées entre 40 et 60 ans de production.
Après la mise en place du projet, il reste à enclencher le mécanisme. « La grosse problématique pour que mon association vive, c'est de savoir quel volumevolume de cordes va être nécessaire » pour couvrir les frais de fonctionnement, reconnaît Cédric Breuze, rappelant que le nickel peut être réutilisé pour faire des piles rechargeables, des horloges ou des fourchettes. À la bourse des métaux de Londres (LME), le nickel se négocie actuellement autour de 13.000 euros la tonne.
« Je ne sais pas si mon projet est économiquement viable, mais je sais que c'est bon pour la planète... », ajoute le créateur de Music Solidarity, qui profite des festivals d'été pour se faire connaître du milieu musical. Aux Eurockéennes, il a collecté les cordes du groupe The Cure et a reçu une promesse d'engagement du chanteur Hubert-Félix Thiefaine. Ce weekend, il poursuit sa tournée de promotion au festival Reggae Sun Ska, en Gironde.