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La marmotte des Alpes (Marmota marmota) se répand dans les Pyrénées catalanes. © Maximilian Naar
La marmotte des Alpes (Marmota marmota) est le plus gros rongeur européen. Disparue des Pyrénées au Pléistocène, il y a 10.000 ans, à cause de l'augmentation des températures, elle y a été réintroduite par la France entre 1948 et 1988 (400 individus).
Ce mammifère herbivore qui vit en colonie a été observé pour la première fois du côté espagnol des Pyrénées en 1962. Sa préférence pour les versants sud plus ensoleillés l'a naturellement amené à franchir une frontière dont il se soucie peu.
En 2000, différentes études estimaient sa population à 10.000 individus. Les chercheurs du Centre for Ecological Research and Forestry ApplicationsApplications (Creaf) et de l'Université autonome de Barcelone (UAB) se sont donc intéressés à la distribution potentielle de cette marmotte, au cas où celle-ci viendrait à se comporter en espèce invasive.
« En tant qu'herbivore qui vit en colonie, son impact sur la flore des étages alpin (de 2.300-2.500 m à 3.000 m) et subalpin (de 1.700-1.900 m à 2.300-2.500 m) peut être significatif, indique Bernat Claramunt, auteur principal de l'étude. En outre, il peut être un compétiteur clef des autres herbivores qui coexistent avec lui, comme le lagopède. »
Un casse-croûte à succès
L'équipe de Bernat Claramunt a donc réalisé une carte de l'extension potentielle de la marmotte des Alpes dans les Pyrénées catalanes pour évaluer son impact direct et indirect sur la flore alpine (végétation caractéristique des étages alpin et subalpin).
Cette carte, publiée dans la revue Ethology Ecology and Evolution, montre que la marmotte pourrait occuper l'intégralité des étages alpin et subalpin, ainsi que des champs abandonnés à une altitude plus basse que son optimum de distribution, c'est-à-dire dans les conditions écologiques qui lui sont le plus favorables.
Cependant, d'autres études du Creaf-UAB montrent que « la présence de la marmotte des Alpes favorise la biodiversitébiodiversité des Pyrénées ». En effet, ce mammifère de taille moyenne et abondant constitue une « proie facile à capturer ». L'aigle royal (Aquila chrysaetos), par exemple en fait souvent son casse-croûtecroûte.
« Très probablement, la flexibilité adaptative des marmottes, les meilleures conditions climatiques sur les versants sud, et une plus faible densité de prédateurs expliquent l'extension rapide de l'espèceespèce », conclut Bernat Claramunt. La réintroduction de la marmotte des Alpes, dont la disparition est très ancienne, est donc un succès tant pour l'espèce que pour l'écosystèmeécosystème pyrénéen.