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Le pagasius géant (Pangasius sanitwongsei), un silure asiatique, que l'on trouve notamment dans le Mekong, a vu ses effectifs chuter de 99% en une quarantaine d'années. Il est aujourd'hui considéré comme en danger critique. © Chavalit Vidthayanon
L'UICN (Union mondiale pour la conservation de la natureUnion mondiale pour la conservation de la nature) effectue depuis plusieurs années un travail sérieux sur le suivi d'un grand nombre d'espèces animales et végétales. Elle comptabilise aujourd'hui les effectifs de 47.677 espèces réparties dans le monde entier et dans tous les milieux, terrestres, d'eau douce et marins. L'organisation vient de publier une nouvelle mise à jour de sa désormais célèbre Liste rouge, groupant les espèces en sept catégories, de Préoccupation mineure à Eteintes, auxquelles s'en ajoute une huitième, Insuffisamment documenté.
Le dernier total regroupant les catégories En danger critique d'extinction, En danger et Vulnérable atteint 17.291. On conclut donc que 36,3% des espèces suivies connaissent actuellement un risque réel, voire très élevé, de disparition.
Uvariopsis bisexualis, un arbre de la famille des annonacées (celle de l'Ylang-Ylang), ne vit qu'en Tanzanie. L'expansion de l'agriculture dans les forêts où il pousse en réduit le territoire. Il est considéré comme en danger. © Quentin Luke
Il ne s'agit pas d'un décompte exhaustif concernant toutes les espèces connues (1,8 million à ce jour), lequel, d'ailleurs, n'existe pas. Cet échantillon de près de 48.000 espèces n'a pas la valeur d'un sondage scientifique. Les experts de l'UICNUICN cherchent d'abord les données disponibles. Mais cette liste, qui s'allonge continûment, constitue aujourd'hui le meilleur indicateur connu de la biodiversité.
Menace sur plus des deux tiers des végétaux suivis
Si l'on prend ses résultats à la lettre, le record est celui des plantes : 70% des espèces suivies sont menacées ! L'UICN en suit actuellement 12.151 et en classe 8.500 comme menacées d'extinction. Chez les animaux, ça va moins mal, semble-t-il. La palme, si l'on ose dire, revient aux poissons d'eau douce, dont 37% des espèces sont menacées (sur 3.120 suivies). Viennent ensuite les invertébrés (insectesinsectes, annélidesannélides, mollusquesmollusques, crustacéscrustacés, araignéesaraignées, etc.), avec 35% d'espèces menacées (sur 7.615). Ce vaste ensemble d'organismes, il faut le souligner, est probablement très mal répertorié. Quand des forêts brûlent en Amazonie, en Indonésie ou à Madagascar, il est certain que disparaissent des espèces endémiquesendémiques encore inconnues de la science.
Découverte en 1933, cette libellule (Elattoneura leucostigma) est endémique du Sri Lanka. Elle vit dans les forêts denses de montagne, des zones aujourd'hui grignotées par des exploitations forestières d'arbres d'intérêt commercial ou des déboisements et dégradées par la pollution. L'espèce est considérée comme en danger critique. © Matjaz Bedjanic
On peut poursuivre le décompte de ces mauvaises notes avec les 30% des amphibiensamphibiens (grenouilles, crapauds, tritonstritons, salamandres...), les 28% des reptilesreptiles, les 21% des mammifèresmammifères et les 12% des oiseaux.
« En janvier commencera l'Année internationale de la biodiversité, souligne Jane Smart, directrice du Groupe pour la conservation de la biodiversité de l'UICN. Selon les dernières analyses de la Liste rouge de l'UICN, il sera impossible d'enrayer la perte de la biodiversité en 2010, comme le prévoyait notre objectif. »
Les résultats sont également triés par région, ce qui permet de constater que le territoire français abrite 778 espèces menacées à l'échelle mondiale. La France se classe ainsi au huitième rang des nations les plus concernées et se trouve donc devant une certaine responsabilité. Notre pays doit cette situation aux territoires d'outre-mer, en particulier, précise l'UICN, la Nouvelle-Calédonie et la Polynésie.