Un consortium de 17 chercheurs en écologie vient de passer près de 2.000 articles scientifiques en revue. Leur but : comprendre l'impact de la perte de la biodiversité sur l'humanité. Les écosystèmes sont évidemment fort touchés puisque leur fonctionnement risque de ralentir. La productivité de nos cultures, pêcheries et autres plantations pourrait également en pâtir. Va-t-on enfin voir apparaître de nouvelles politiques ?

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    Un peu à la manière des rapports sur le changement climatique réalisés par le Giec, un consortium de 17 chercheurs en écologie, parmi lesquels figure Michel Loreau, de la station d'écologie expérimentale du CNRS à Moulis, souhaite dégager dans un article publié dans la revue Nature un consensus scientifique à partir de l'analyse de quelque 2.000 papiers publiés ces 20 dernières années. À l'heure où les activités humaines détruisent des écosystèmes entiers, les chercheurs dégagent six points qui font l'unanimité dans la communauté scientifique.

    Une de ces affirmations importantes est que la perte de biodiversité affecte négativement le fonctionnement et la stabilité des écosystèmes. Cette perte réduit notablement l'efficacité avec laquelle les écosystèmes captent des ressources essentielles, produisent de la biomasse, décomposent et recyclent des ressources biologiques.

    L'indice de population est un indicateur utilisé pour suivre l'état de la biodiversité dans le monde. Il présente ici des tendances, étudiées entre 1970 et 2000, pour des populations de vertébrés terrestres (en orange), d'eau douce (en vert) et marins (en bleu). La tendance générale est indiquée par un trait noir. Les résultats sont sans appel, la biodiversité mondiale s'effondre. © WWF

    L'indice de population est un indicateur utilisé pour suivre l'état de la biodiversité dans le monde. Il présente ici des tendances, étudiées entre 1970 et 2000, pour des populations de vertébrés terrestres (en orange), d'eau douce (en vert) et marins (en bleu). La tendance générale est indiquée par un trait noir. Les résultats sont sans appel, la biodiversité mondiale s'effondre. © WWF

    Une disparition des espèces aux conséquences variables

    Les chercheurs présentent par ailleurs une série de résultats émergentsémergents, qui, s'ils doivent encore être confirmés par la recherche, pourraient changer notre façon d'appréhender la biodiversité. Par exemple, les effets de la disparition d'espèces et de gènesgènes sont plus importants lorsque l'échelle temporelle ou spatiale considérée est plus grande. Ainsi, si un nombre limité d'espèces peut constituer un petit écosystème en apparence stable sur une courte période de temps, des écosystèmes plus vastes, pris dans des conditions variant au fil du temps, ont besoin d'un plus grand nombre d'espèces pour maintenir leur fonctionnement.

    Autre point mis en avant par les chercheurs : les données récentes tendent à montrer que l'impact de la perte de biodiversitébiodiversité dans le monde est comparable à celui d'autres changements globaux comme le réchauffement climatiqueréchauffement climatique ou l'excès d'azote déversé par l'agricultureagriculture.

    Moins de biodiversité, moins de productivité

    L'article offre aussi une analyse nouvelle de l'impact de la perte de biodiversité sur de nombreux services écologiques dont dépend le bien-être des sociétés. Ainsi, un consensus se dégage sur le fait que la diversité en espèces et la diversité génétiquegénétique au sein de celles-ci permettent d'augmenter la productivité des cultures, des pêcheries et des plantations d'arbresarbres. En revanche, l'importance de la biodiversité semble moins claire pour d'autres services comme la pollinisation par les insectesinsectes ou la purification de l'eau dans les zones humides. Ceci constitue une invitation à approfondir les recherches sur ces aspects.

    L'un des buts poursuivis par les chercheurs est d'alimenter les discussions lors de la conférence internationale Rio+20, qui se tiendra en juin 2012. Ce travail servira aussi de base à l'IPBES (Intergovernmental science-policy Platform on Biodiversity and Ecosystem Services), l'équivalent du Giec pour la biodiversité qui doit être mis en place cette année. De plus, en mettant en évidence les lacunes scientifiques, il pourrait servir à établir des programmes de recherche visant à les combler. Enfin, il devrait aider les décideurs à concrétiser des politiques appropriées pour freiner la dramatique perte de biodiversité.