Les projets se multiplient dans le monde pour récupérer un peu de l'énergie des marées, des courants marins et des rivières. En France, un dispositif expérimental vient d'être installé en Bretagne.

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    La Sabella D03 (image de synthèse), posée au fond, retenue par des sacs de sable. © Hydrohelix Energies

    La Sabella D03 (image de synthèse), posée au fond, retenue par des sacs de sable. © Hydrohelix Energies

    A Bénodet, dans le Finistère, en Bretagne sud, à l'est de la pointe de Penmarch (le menton de la Bretagne), un curieux engin vient d'être immergé par 19 mètres de fond non loin du rivage, dans l'Odet. Haut de 5,5 mètres de hauteur, ce bâti jaune en tubes métalliques porteporte une vaste hélice de 3,3 mètres d'envergure, à six pales, peinte en bleu. Elle sera mise en mouvementmouvement par les puissants courants qui parcourent ce chenal, dans un sens, quand le courant de l'Odet s'ajoute à la maréemarée descendante et dans l'autre quand la mer monte à l'assaut des terres, envahissant l'anseanse de Bénodet.

    Cet engin de sept tonnes n'est qu'un prototype à l'échelle un tiers, conçu par la société Hydrohelix Energies, qui fonctionnera durant 4 à 6 mois pour tester l'exploitation d'une source d'énergie renouvelable : le courant. La machine a été baptisée Sabella D03, du nom d'un vers marin, la sabelle, un annélide vivant accroché au fond, protégé dans un tube muqueux. En déployant un panache de branchies, ce petit animal profite du courant pour respirer et se nourrir en filtrant le plancton entraîné dans ce filet naturel. Sabella D03 lui aussi est posé au fond et tire profit du mouvement de l'eau, grâce à son hélice qui, en tournant lentement à 10 à 15 tours par minute, entraîne un générateurgénérateur de courant électriquecourant électrique, comme le fait une éolienneéolienne.

    Si ce démonstrateurdémonstrateur fait ses preuves, l'entreprise espère construire ensuite un modèle de 200 kW, destiné à devenir le module unitaire d'une centrale de 1 MW (mégawatt). Ce projet, baptisé Marénergie, avait déjà été proposé et même labellisé en 2005 par le pôle Mer de Bretagne mais il n'avait pas pu être mené à terme faute d'argentargent. C'est donc une seconde chance pour ce genre d'installation, pionnière de l'hydrolien, puisque tel est le nom de cet équivalent de l'éolien pour le milieu aquatique. Ce gisementgisement inexploité d'énergie est présent partout où il y a du courant : dans les fleuves, dans les zones de battements des marées et les endroits où sévit régulièrement un courant marin. Il faut également une profondeur suffisante pour ces engins immergés, posés ou ancrés sur le fond, afin qu'ils ne gênent pas la navigation. Avec ses côtes maritimes, la France est plutôt bien lotie en gisements d'énergie hydrolienneénergie hydrolienne.

    Les poissons apprécieront-ils ?

    Les problèmes techniques ne manquent pas car le milieu marin est dur pour toutes les mécaniques qui s'y frottent. Hydrohelix Energies travaille depuis plusieurs années sur ce dispositif, qui semble répondre au cahier des charges, avec une structure simple et à l'allure solidesolide. Son hélice tourne dans les deux sens et peut donc fonctionner au flot et au jusantjusant. Mais l'océan réserve toujours des surprises et cette campagne d'essais est indispensable pour valider les principes et convaincre suffisamment pour trouver les financements.

    Quel effet une telle installation aura-t-elle sur la vie marine ? Les responsables de l'entreprise se veulent rassurants, expliquant qu'une hydrolienne n'est pas une éolienne et qu'un poissonpoisson n'est pas un oiseauoiseau. Les pales, longues d'1,5 mètre, tournent lentement. Leurs bords arrondis n'auraient aucune chance de découper un poisson et leur extrémité est solidaire d'un anneau qui entoure l'hélice. Pour l'animal, affirme Hydrohelix Energies, les pales présentent le même genre d'obstacle qu'un rocher balayé par un courant. Le poisson pourra éviter l'hélice ou même passer à travers avec très peu de risque de toucher une pale. «L'hydrolienne ne possède aucune pièce mobilemobile ayant une vitessevitesse beaucoup plus élevée que celle du courant » explique-t-on sur le site de l'entreprise. Pour confirmer ces déductions, l'équipe a installé des caméras sous-marines sur l'appareil expérimental.

    Selon Jean-François Daviau, un des spécialistes ayant participé au projet, le potentiel atteindrait 3 à 5 GW pour le territoire français. C'est peu par rapport à une tranche nucléairetranche nucléaire mais pourquoi délaisser cette source ? En Grande-Bretagne et en Norvège, plusieurs études de grande ampleur sont en cours. La plus ambitieuse, MCT (Marine Current Turbines), est en cours de test en Irlande, avec une puissance de 1,2 MW. EDF Energy est de la partie. Il n'y a donc rien d'impossible ni d'utopique à imaginer un développement de ce côté-ci de la Manche...