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Quel effet notre Grenelle français aura-t-il sur cette belle planète ? © Nasa
Après quatre mois de discussions, les accords sur l'environnement ont été bouclés très vite, en un marathon de quarante-huit heures. A côté du ministre Jean-Louis Borloo, qui a mené les négociations, et de deux prix Nobel (Al Gore et Wangari Maathaï), le président de la République s'est réservé le privilège d'annoncer des décisions concernant plusieurs domaines liés à l'environnement : fiscalité écologique, agriculture, transports, bâtiment, éducation nationale, recherche...
Elles démontrent un véritable virage dans la politique française, intégrant des propositions faites depuis longtemps par les Verts et, pour certaines, présentes dans le pacte écologique de Nicolas HulotNicolas Hulot. Alors que celui-ci, se faisant professeur d'écologie, avait donné une note de 8/20 au candidat Sarkozy pour ses propositions sur l'environnement, l'ex-présentateur de télévision, présent jeudi soir pour la prestation présidentielle, a gratifié ce discours d'un 18/20. Les engagements pris sont nombreux et ont, dans l'ensemble, été bien accueillis.
La taxe Climat-Energie : elle sera créée
Cette « taxe carbone », comme on l'appelle parfois, a fait l'objet d'âpres discussions entre les ONG (pour, bien sûr), Jean-Louis Borloo (pour) et les syndicats patronaux, Medef et CGPME (contre). Ce sera finalement un oui mais. Le principe de la taxe est posé. Elle toucherait les produits en fonction de leur impact sur l'émissionémission de dioxyde de carbone. Il devrait se traduire par une augmentation du prix des carburants. Mais Nicolas Sarkozy s'est engagé à ce qu'elle ne coûte rien aux ménages (« Il n'est pas question d'augmenter le taux des prélèvements obligatoires »), ce qui implique des réductions compensatrices.
Nicolas Sarkozy a évoqué un allègement de la taxation du travail mais les précisions manquent. L'UFC-Que choisir qualifie d'ailleurs cette nouvelle taxe de « TVA sociale déguisée ». La ministre de Economie, Christine Lagarde, est chargée de réfléchir à une remise à plat des prélèvements obligatoires afin de proposer une série de mesures à partir de mi-2008. De plus, cette taxation devra s'inscrire dans un cadre européen pour ne pas défavoriser l'industrie française...
Transports : deux mille kilomètres de voies ferrées en plus
D'ici à 2020, 2.000 kilomètres de TGV seront construits et la constructionconstruction de routes sera réduite au minimum. Pour ce dernier les termes sont suffisamment flous pour laisser la porteporte ouverte à de nouveaux axes mais on sent bien la fin du « tout autoroute » qui a prévalu ces quarante dernières années. Enfin, l'écopastille, sorte de vignette à l'envers, consistera en une ristourne sur le prix d'achat d'un véhicule neuf économe, mais les critères quantitatifs d'attribution restent à déterminer...
Les pesticides : réduction prévue… dès que possible
Sur le papier, les décisions sont fermes. Elles sont deux : réduction de moitié de la fréquence d'utilisation et interdiction des plus dangereux d'ici à quatre ans. Mais l'échéance de dix ans qui avait été discutée pour la première a disparu in extremis sous la pressionpression de la FNSEA (principal syndicat agricole) et devient « le plus vite possible » et l'applicationapplication est assortie d'une condition : « sous réserve de la mise au point de méthodes alternatives ».
Les OGM : interdiction, au moins pour cet hiver
Le moratoire est accepté. Le maïsmaïs Monsanto 810 (seule céréalecéréale OGMOGM aujourd'hui commercialisée en France) ne peut donc, en théorie, plus être utilisé jusqu'en janvier 2008, date à laquelle une loi sera promulguée. Comme les semailles ont lieu en avril, la décision n'a pour l'instant pas d'impact. Par ailleurs, la loi de janvier devra préciser ce qui est interdit : acheter les semences ou les planter. La FNSEA annonce déjà que si cette loi n'est pas prête, elle se réfèrera à la directive européenne, et, donc, plantera. Par ailleurs, une haute autorité sur les biotechnologiesbiotechnologies devrait être créée.
Bâtiment : vers plus de sobriété
L'objectif est de descendre la consommation des bâtiments neufs à 50 kWh par mètre carré à partir de 2012 (une habitation actuelle consomme souvent quatre fois plus). Puis, à partir de 2020, les constructions devront permettre une énergieénergie positive, c'est-à-dire produire davantage d'énergie qu'elles n'en consomment. Quant à descendre à 50 kWh/m2 les constructions existantes, il n'en est pas question, vu le coût nécessaire mais Nicolas Sarkozy a parlé d'une rénovationrénovation de 400.000 logements par an.
Education et recherche : place à la nature
Nicolas Sarkozy reconnaît l'importance de l'enseignement des sciences naturelles et de la recherche dans les matièresmatières naturalistes. Aucune précision n'est donnée mais ces paroles font toujours plaisir à entendre quand on mesure combien ces secteurs sont actuellement délaissés. Même si peu de choses sont réalisées, ce sera déjà un grand pas...
Les absents
La vitessevitesse des automobilesautomobiles ne sera pas réduite. La production des déchetsdéchets (emballages...) et leur traitement ne font pas l'objet de mesures pour l'instant. Il en est de même pour la pollution urbaine même si elle a été évoquée. Enfin, les astronomesastronomes n'ont rien vu passer sur la sauvegardesauvegarde de nos ciels, dégradés par la pollution lumineusepollution lumineuse, une gêne pour regarder les étoilesétoiles mais aussi une dépense inutile. Plus terreterre à terre, des esprits calculateurs estiment qu'il manque les solutions de financement.
Un bilan positif et des attentes à la hauteur
« Des mesures détricotables » : c'est ainsi que Cécile Duflot, Secrétaire nationale des Verts, a qualifié cet ensemble de décisions. Effectivement, sur chacune d'entre elles, on peut pointer les forces en lice qui iront à l'encontre de son application et qui risquent de réduire l'ensemble à une peau de chagrin. Reste que l'on n'a jamais vu pareil ensemble d'avancées, au moins potentielles. Il faut maintenant juger sur les actes, lesquels s'étaleront pendant toute l'année 2008...