Les combustibles nucléaires résultants de l'accident de Fukushima et de la fusion des cœurs des réacteurs 1, 2 et 3 sont en train de perforer les barrières qui les séparent de l'air libre et pire encore, du sol. Nouvelle étape dans cette catastrophe écologique.
Le combustible en fusion du réacteur 1 de la centrale de Fukushima va-t-il transpercer les dalles qui le séparent du sol ? © Daveeza, Flickr, cc by sa 2.0

Le combustible en fusion du réacteur 1 de la centrale de Fukushima va-t-il transpercer les dalles qui le séparent du sol ? © Daveeza, Flickr, cc by sa 2.0

Dans un nouveau communiqué, les responsables de la compagnie d'électricité japonaise TepCo, qui exploite la centrale de Fukushima Daiichi, ont annoncé que le désormais fameux corium, c'est-à-dire le mélange fondu de combustible et de différents matériaux issus du réacteur, était en train de franchir les barrières de protection qui le séparent du sol. 

Le 11 mars 2011, le tsunami qui avait déferlé sur la centrale nucléaire, suite au séisme de magnitude 9, avait provoqué l'arrêt des réacteurs. Mais comme l'eau avait inondé les générateurs censés alimenter le système de refroidissement du combustible nucléaire, ce dernier était entré en fusion, entraînant en plus l'explosion des réacteurs 1, 2 et 3.

Fukushima : situation préoccupante pour le réacteur n°1

Les mauvaises nouvelles ne s'arrêtent pourtant pas là, comme vient de l'annoncer la compagnie TepCo. Grâce à de récentes simulations informatiques, les ingénieurs ont pu mettre en évidence la progression du corium, qui s'enfonce peu à peu.

Schéma d'un réacteur du même type que ceux de Fukushima. © MovGP0, Wikipédia, cc by sa 3.0 - adaptation Futura-Sciences

Schéma d'un réacteur du même type que ceux de Fukushima. © MovGP0, Wikipédia, cc by sa 3.0 - adaptation Futura-Sciences

Concernant les réacteurs 2 et 3, les travaux de refroidissement entrepris quelques jours après la fusion des cœurs ont semble-t-il été efficaces puisque selon les simulations, les produits de fusion (uranium et plutonium radioactifs) n'ont pas rongé le béton.

C'est dans le réacteur n°1 que la situation est la plus dramatique. À l'intérieur, les produits radioactifs auraient commencé à sérieusement consumer la première dalle de béton sur laquelle repose le cœur du réacteur. Cette dalle, épaisse d'environ 1 m, serait ainsi infiltrée sur les deux tiers de son épaisseur à certains endroits.

Syndrome chinois en perspective ?

Pour l'instant, il n'y a rien de vraiment catastrophique puisque sous cette dalle se trouve une protection supplémentaire : une coque d'acier qui englobe la totalité du cœur. Enfin, l'ensemble de la centrale repose sur une seconde dalle de béton, dont l'épaisseur atteint 7,6 m. Plutôt rassurant. 

Mais les avis divergent concernant la progression du combustible. Uehara Haruo, qui n'est autre que l'architecte du réacteur n°3, n'est pas si optimiste que les dirigeants de TepCo. Dans une interview accordée à un média japonais, il indique qu'il est impossible qu'en l'espace de huit mois, le corium n'ait pas traversé la coque d'acier et la dalle de béton. Pour lui, il est inévitable que la fuite ait déjà atteint le sous-sol. C'est ce qu'on appelle le syndrome chinois (ce terme avait été forgé par les Américains, imaginant du combustible en fusion transpercer la Terre et arriver en Chine !).

Un tel événement serait bien entendu catastrophique d'un point de vue environnemental. Si l'uranium et le plutonium infiltrent le sol, en plus de le contaminer durablement, il y a fort à parier qu'ils puissent également atteindre les nappes phréatiques. La catastrophe de Fukushima semble donc loin d'être terminée...