Venu d’Asie, le frelon asiatique fait des ravages chez les abeilles. Un rapace, la bondrée apivore, s’est fait remarquer cet été pour son appétence pour ce dangereux hyménoptère, mais « il n’éradiquera pas ces frelons », nous explique un spécialiste. En revanche, le dioxyde de soufre, une arme redoutable tolérée puis interdite en mai dernier, pourrait être autorisé après un avis favorable de l'Anses.

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    En été, le redoutable frelon asiatique, alias Vespa velutina, ou frelon à pattes jaunes, a un ennemi. La bondrée apivore, un rapace ressemblant beaucoup à la buse variable, se nourrit d'insectes et notamment de frelons asiatiques. La presse s'est récemment emparée du sujet lorsqu'une bondrée a été filmée en pleine destruction d'un nid de frelons. « C'est tout à fait plausible, commente Yvan Tariel, responsable de la Mission rapaces à la LPO (Ligue pour la protection des oiseaux). Cet oiseau se nourrit d'insectes et sait repérer les nids enterrés ou perchés dans les arbresarbres. Les nids de frelons asiatiques sont gros et bien visibles. Mais l'apparition de cet insecte en France est récente et peut-être faut-il un temps d'apprentissage à la bondrée apivore pour qu'elle s'y intéresse. »

    L'oiseau ressemble tant à une buse qu'on la confond avec elle. Il faut être attentif pour distinguer la teinte grise de la tête. « Les plumes y sont toutes petites, formant presque des écailles. C'est ce qui la protège des piqûres. Elle n'est pas immunisée contre le veninvenin, mais simplement protégée des dards. » Ce rapace pourrait-il venir à bout du frelon asiatique, massif hyménoptère à la piqûre dangereuse pour l'Homme (bien qu'il ne soit pas agressif) et qui chasse les abeilles pour nourrir ses larveslarves« L'oiseau peut réguler la population de frelons, oui, mais sûrement pas exterminer l'espèceespèce, estime Yvan Tariel. De plus, cet insectivoreinsectivore est migrateurmigrateur. Après la mi-août, il descend vers le sud. » En France, l'effectif se situe entre 10.000 et 15.000 individus (source LPO), mais des bondrées peuvent traverser le pays lors de leur migration.

    Le frelon asiatique, <em>Vespa velutina</em>, se reconnaît à son corps sombre et à ses pattes aux extrémités jaunes. Avec ses trois centimètres de longueur, il est plus petit que le frelon d'Europe (<em>Vespa crabro</em>). Son régime est composé de fruits et de nectar, mais pour nourrir ses larves, il préfère chasser différents insectes, dont les abeilles. © Salix, cc by nc sa

    Le frelon asiatique, Vespa velutina, se reconnaît à son corps sombre et à ses pattes aux extrémités jaunes. Avec ses trois centimètres de longueur, il est plus petit que le frelon d'Europe (Vespa crabro). Son régime est composé de fruits et de nectar, mais pour nourrir ses larves, il préfère chasser différents insectes, dont les abeilles. © Salix, cc by nc sa

    SO2, une arme de destruction massive contre le frelon asiatique

    Pour lutter contre les frelons, il reste le dioxyde de soufresoufre (SO2). Depuis longtemps, ce produit -- utilisé en viticulture pour désinfecter les cuves de vin -- est connu comme un remède efficace. Les apiculteurs, en particulier, s'en servent pour détruire des nids de frelons en approchant une bonbonne de gazgaz fixée sur une perche pour injecter le dioxyde de soufre à l'intérieur. La détente brutale du SO2 produit un froid intense, fatal aux insectes. Il existe d'autres méthodes, consistant à installer des pièges ou des appâts, mais la technique du soufre est la seule capable de détruire un nid entier.

    Jamais autorisé, le SO2 était toléré jusqu'en mai dernier, puis il est tombé sous le coup d'une interdiction. Trois députées du Sud-Ouest avaient cependant demandé son opinion à l'AnsesAnses (Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail), qui a rendu le 23 juillet un avis favorable à son autorisation. Cet avis affirme que le dioxyde de soufre est « une technique efficace de lutte contre le frelon asiatique » et que « les impacts sur l'environnement et en particulier les organismes non cibles sont très limités comparés aux autres techniques de lutte chimique ». En clair, l'interdiction du SO2 risquerait surtout d'inciter à utiliser des insecticides plus nocifs. Les trois élues ont donc appelé le gouvernement à autoriser l'usage du dioxyde de soufre, en soulignant que la mesure est urgente, pour éviter que le frelon continue à se propager.