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Si l'on ne fait rien, il faut plusieurs milliers d'années au verre pour se dégrader. Au rythme de la production, on croulerait bien vite sous les bouteilles. Autant profiter du fait que le verre est 100% recyclable. D'ailleurs, le recyclage du verre se pratique depuis l'Antiquité !
C'est dans cette logique que le centre de recyclage Ipaq a été adjoint en 2008 à l'usine de verrerie d’OI (prononcez hô-aïe) de Béziers construite en 1999. Ce centre approvisionne la verrerie directement en calcincalcin après avoir recyclé le verre issu des collectes municipales. L'intégralité du cycle est visible dans la galerie Recyclage du verre.
Cliquer pour agrandir. Le centre de recyclage Ipaq, connecté à la verrerie (à gauche) par une bande de transport (structures obliques visibles ici). © G. Macqueron / Futura-Sciences
Futura-Sciences : Quel est l'intérêt pour une verrerie comme celle de Béziers d'utiliser du verre recyclé, alors qu'elle pourrait simplement utiliser des matièresmatières premières brutes ?
Yannick Fouillen, directeur de l'usine OI de Béziers : Le calcin, c'est-à-dire le verre broyé et purifié, est la principale matière première utilisée : entre 70% et 90%. Comme le calcin fond plus facilement que la silice, cela consomme moins d'énergieénergie.
FS : D’où viennent ce verre usagé et les matières premières brutes incorporées ?
Yannick Fouillen : Le verre provient des collectes sélectives des collectivités locales de 9 départements de Paca et du Languedoc-Roussillon. Il est transformé en calcin par Ipaq (Industries Propres d'Aquitaine), qui traite 180.000 tonnes de verre recyclé par an.
Les 10 à 30% de matières premières, principalement de la silice, de la soudesoude et de la chauxchaux, sont extraits localement.
FS : OI intervient-elle dans la promotion du recyclage du verre, sa principale matière première ?
Yannick Fouillen : Pas directement. Non, ce sont des organismes spécialisés comme Adelphe ou Eco-emballages qui s'en chargent. Nous en parlons tout de même aux élus et vignerons lors des opérations de communications de nos produits. D'ailleurs, l'usine de Béziers a été conçue pour pouvoir recevoir du public et nous recevons de plus en plus de demande pour visiter les installations de recyclage et de verrerie.
FS : Quelle est la qualité du tri du verre que Ipaq reçoit ? Y a-t-il beaucoup de travail de tri à effectuer ?
Jean Foechterle (directeur de l'usine de recyclage Ipaq) : Comme vous pouvez le voir, il y a de tout, les gens jettent n'importe quoi dans les bacs à verre...
Une collecte de verre "propre": un mélange de verre, de bouteilles plastiques et d'emballages en carton. © G. Macqueron / Futura-Sciences
Environ 7% de ce que nous recevons est inutilisable. Le verre que vous voyez ici est plutôt « propre », il y a peu de plastiqueplastique et presque rien d'autre.
FS : Y a-t-il des problèmes avec le verre coloré, notamment les coloris « exotiquesexotiques » comme le bleu ?
Yannick Fouillen : C'est vrai qu'on en voit de plus en plus, mais non, il n'y a aucun problème. Les verres arrivent en vrac, sans distinction de couleurcouleur. Le tri optique est possible, mais comme nous faisons essentiellement du verre pour le vin, de couleur verte ou feuille (jaune-vert), c'est inutile. La question se poserait pour faire du verre blanc.
FS : comment est valorisé le verre recyclé ?
Jean Foechterle : Principalement pour produire de nouvelles bouteilles de vin. Ipaq transforme la fraction la plus fine en poudre qui est ensuite transformée en fibres de verre pour l'isolationisolation.
Nous fournissons 120.000 tonnes de calcin pour les emballages en verre et 30.000 tonnes pour la production de fibres de verres isolantes.
Ici, l'avantage est de fournir directement le calcin au four grâce à notre convoyeur automatique, une bande transporteuse qui emporte le verre recyclé dès sa sortie du centre.
La structure oblique à droite est le convoyeur de calcin qui part du centre de recyclage et achève sa course dans le four situé dans la grande structure de gauche. © G. Macqueron / Futura-Sciences
FS : Une fois le verre transformé en calcin, combien de temps faut-il pour produire une bouteille ?
Yannick Fouillen : Le plus long est l'enfournement du calcin et des matières premières puis leur fusionfusion. Cela prend environ 24 heures. Une fois le verre fondu, c'est très rapide. En 1 h 45, la bouteille est produite, vérifiée et empaquetée en palette, directement prête à être envoyée chez les viticulteurs. La phase la plus longue est la recuisson, qui dure 1 h 30. Si l'on ne faisait pas cette recuisson, le verre n'aurait aucune résistancerésistance après le traitement thermique et mécanique qu'on luit fait subir. Les bouteilles éclateraient dès qu'on les remplirait.
FS : Combien faut-il de verre pour produire une bouteille de vin de 75 cl ? Comment cette quantité a-t-elle varié au cours des quinze dernières années ?
Benoît Villaret (Marketing Manager de OI) : Une bouteille classique pèse 400 grammes. Il y a 15 ans, elle pesait 450 g. 50 grammes, cela peut paraître faible, mais rapporté aux millions de bouteilles, c'est énorme ! Actuellement, nous produisons des bouteilles allégées de seulement 300 g, la gamme Optima mais aussi des bouteilles « lourdes » de 900 g. Tout dépend du marché.
Nous misons beaucoup sur notre nouvelle gamme, à la fois allégée mais avec toujours une vrai forme de bouteille. C'est la Eco, qui pèse juste 345 g.
FS : Quelle quantité de déchets produit une verrerie comme celle de Béziers ?
Yannick Fouillen :La verrerie, presque rien, depuis que nous avons installé un filtre à fumée, les 4/5 des poussières et des oxydes d'azoteoxydes d'azote sont récupérés. C'est pour cela qu'il n'y a plus de panache visible à la sortie de la cheminéecheminée. Cela fait en gros un big bag (sac de 1.000 litres) de poussières par jour qui sont réinjectées dans le four. Quant aux cendres, il n'y en a presque pas.
Jean Foechterle : En ce qui concerne le centre de recyclage, les déchets éliminés au cours des tris ont plusieurs destinations selon leur nature. Les métauxmétaux ferreux et non ferreux sont recyclés ailleurs. Les plastiques, cartons, sacs en plastique, etc. sont des DIB - ou déchets industriels banalsdéchets industriels banals - qui partent en décharge.
Enfin, il y a les déchets spéciauxdéchets spéciaux, dans lesquels nous retrouvons principalement les piles qui suivent la filière récupération qui leur est dédiée, et - hélas - les seringues et autres médicaments - les Dasri pour Déchets d'Activités de Soins à Risques Infectieux - qui partent en incinération.