au sommaire
Ce vendredi 19 novembre, l'École supérieure du commerce de Paris (ESCP), il y avait foule : les Parisiens venaient rencontrer Haru, Matsini et Manuel, des « natifs » comme ils se présentent eux-mêmes. Ces Amérindiens ont traversé l'océan au nom de leurs peuples. Haru et Mastini vivent au Brésil et représentent respectivement les Kuntanawa et les Yawanawa. Manuel vient du Pérou et appartient au peuple Quechua (ou Kechua).
Ils sont surpris du nombre de personnes et, après s'être présentés en chantant, expliquent le sens de leur venue. Haru Xina Kuntanawa est un leader politique engagé dans un grand projet : réunir 12 ethnies indigènesindigènes de la même origine. Paulo Luiz Matsini Yawanawa est un chamane et donc un guérisseur. Son intention est d'ouvrir un centre pour expliquer au plus grand nombre la médecine traditionnellemédecine traditionnelle qu'il connaît. Manuel Tuanama Fasabi, lui, vient d'une communauté d'agriculteurs travaillant pour une coopérative, Oro Verde (or vert).
Agriculture bio et vente la plus directe possible assurent des produits de qualité, des revenus plus stables et une plus grande liberté que le marché classique passant par de très grandes entreprises. Gravement, Manuel explique que les Indiens de son peuple se sont battus pour conserver leurs terres, convoitées pour leurs richesses, et que certains sont morts.
Haru Xynã, représentant du peuple Kuntanawa, chante. © Macathay, You Tube.
Reforestation en prime
« Je n'imaginais pas que la culture Quechua pouvait intéresser à ce point les Français, explique Manuel, ému de l'accueil qu'il a reçu. C'est ce que j'expliquerai à mon retour. » Chez lui, autour de la ville de Lamas, dans la région San Martin, sur les premiers plateaux andins, vivent 600 familles quechuas. Dans cette région longtemps connue, plutôt, pour la cocaïne, l'agriculture y devient un moyen de préserver la culture tout court.
En tout, 1.200 familles travaillent pour Oro Verde. Outre les Quechuas, on y trouve aussi des Awajuns et des Chayahuitas. Elles cultivent du cacaocacao, du café et du sucresucre de canne, vendus à la coopérative, mais assurent une agriculture de subsistanceagriculture de subsistance (bananes plantainsplantains notamment) et élèvent des poulets et du bétail. Les pratiques sont purement bio. « Nous voulons des produits de qualité... », explique Manuel Tuanama. La vente à la coopérative est une nécessité pour eux. « Nous ne pourrions pas vendre à des grandes entreprises. Les quantités que nous produisons sont trop faibles et nous ne pourrions pas répondre à toutes les exigences. Et les prix pratiqués sont très bas. »
La reforestation, c'est cela... Ici, au Pérou, dans la région de l'Alto Shamboyaku. © Alter Eco
Avec l'aide d'Alter Eco, une entreprise de distribution de produits issus du commerce équitable, les cultivateurs d'Oro Verde ont aussi engagé un programme de reforestation, financé par le marché de la compensation du CO2. « Nous avons planté 20.000 arbresarbres » témoigne Manuel Tuanama. Bien sûr, cela peut sembler peu face à la déforestation massive que connaît l'Amazonie.
Durant la conférence à ESCP, Haru Xina Kuntanawa a eu cette phrase un peu désabusée : « quand on replante 10.000 arbres, on en arrache dix millions... ». Mais, avec opiniâtreté, les projets de reforestations se poursuivent...