Pour réduire les dépenses mais aussi les émissions de gaz carbonique et la pollution, des projets ont vu le jour il y a plusieurs années pour la navigation commerciale ou la plaisance. Ils commencent à prendre forme aujourd'hui, avec matériaux recyclables et énergies renouvelables.

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    Le « Voilier du futur » est en préparation. Le projet, emmené depuis plusieurs années par la navigatrice Catherine Chabaud et Julian Stone, cocréateur du réseau Econav, en est à la campagne de financement et fédère une vingtaine de PME. L'engin se distingue par un gréement original, avec une aile de traction. Cette sorte de cerf-volant, inspirée du kitesurf, devient à la mode en plaisance, mais est aussi apparue -- timidement -- comme option pour les navires commerciaux, où elle apporte un gain suffisant pour permettre des économies de carburant.

    Les innovations les plus nettes sont toutefois cachées, d'abord dans le choix des matériaux. La coque est en aluminiumaluminium et est donc plus facilement recyclable que le plastiqueplastique, et l'accastillage est fait de matériaux à base végétale. Le choix est loin d'être un gadget écologique. Les bateaux de plaisance, en résine pour la plupart, deviennent un vrai problème en fin de vie, particulièrement en France où la voile compte de nombreux adeptes. Le marché de l'occasion n'absorbe pas toutes les vieilles coques qui finissent par devenir d'encombrants déchets, désormais dénommés BPHU, pour bateaux de plaisance hors d'usage.

    Le « Voilier du futur », actuellement en projet, avec une voile de traction autostable. Ses matériaux sont plus facilement recyclables que les résines en polyester. Les déchets sont traités à bord et le bateau permet même de récolter des données océanographiques. © François Lucas, architecte naval

    Le « Voilier du futur », actuellement en projet, avec une voile de traction autostable. Ses matériaux sont plus facilement recyclables que les résines en polyester. Les déchets sont traités à bord et le bateau permet même de récolter des données océanographiques. © François Lucas, architecte naval

    Des projets pour les navires du futur

    Réglementation en évolution et chantiers de déconstruction peinent à réduire l'inflation de coques abandonnées. Les chiffres précis, d'ailleurs, manquent. Une estimation de 2009 indiquait à 20.000 le nombre de bateaux arrivant chaque année en fin de vie, évoquant un stock de 20.000 tonnes jusqu'en 2025. Prévoir dès la conception la réutilisation des composants du bateau n'est donc pas un luxe.

    Le voilier de Catherine Chabaud et Julian Stone comprend aussi un hydrogénérateur intégré à la coque. Tournant avec la vitessevitesse de l'eau (donc celle du bateau), il produit de l'électricité. Une manière de récupérer l'énergie du vent en ralentissant légèrement le navire. Le courant peut alimenter un moteur électrique. Les concepteurs ont ajouté un système de traitement des déchets et prévoient une électronique à basse consommation. Cerise sur le navire, des capteurscapteurs océanographiques transforment la navigation en source d'informations qui seront envoyées à l'Ifremer (Institut français de la recherche pour l'exploitation de la mer).

    Lancé en 2011, le projet répondait à l'appel de l'Ademe (Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergieAgence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie) pour le « navire du futur », né dans le sillage du Grenelle de l'environnement. Un nouvel « Appel à manifestation d’intérêt » a été lancé en octobre 2013, dont la dernière clôture intermédiaire tombe le 30 mai prochain pour une clôture finale en novembre 2014.

    Une voile de traction amarrée au <em>Michael A.</em>, réalisée par l'entreprise allemande Skysails. Les marins ne reviendront pas à la voile, mais s'aideront du vent pour réduire la puissance du moteur. © Skysails

    Une voile de traction amarrée au Michael A., réalisée par l'entreprise allemande Skysails. Les marins ne reviendront pas à la voile, mais s'aideront du vent pour réduire la puissance du moteur. © Skysails

    Technologies nouvelles pour les bateaux de demain

    La plaisance n'en est qu'un volet. En France comme ailleurs, l'optimisation de l'énergie dans le transport maritime est devenue un objectif crucial. Créé après le Grenelle de l'environnement, le Corican (Conseil d'orientation de la recherche et de l'innovation pour la constructionconstruction et les activités navales) a trois objectifs dans sa feuille de route :

    • gain de 50 % sur la consommation d'énergie fossile (30 % atteints dès 2025) ;
    • réduction de 50 % des émissionsémissions de gaz à effet de serre ;
    • réduction de 50 % de l'impact environnemental.

    L'adjonction d'une voile de type kite est une des options. La motorisation électrique, déjà banalisée pour les navettes portuaires ou la navigation en eau douce, est envisagée par exemple dans le projet Navalis pour des navires qui devront assurer la maintenance des éolienneséoliennes en mer. Les chantiers STX travaillent actuellement à la construction pour Brittany Ferries d'un navire alimenté au GNL (gaz naturel liquéfiégaz naturel liquéfié).

    Même si l'on est sans nouvelles du bateau à voiles Eosas et du Cargoxpress, caboteur européen à énergies solaire et éolienne, les projets de la marine de demain vont bon train. Initiés il y a plusieurs années, ils commencent à voir le jour. Et la mer...

    Chronique / Chronique du futur

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    La Chronique du futur veut décrypter les tendances fortes qui dessinent des voies possibles pour l'avenir. Ce ne sont donc pas des prédictions mais des portes ouvertes sur quelques paysages du monde de demain...