Partout sur la planète, des événements climatiques poussent les populations à se déplacer. Pas moins de 19 millions de personnes étaient concernées en 2017 et 23 millions en 2020. Avec l’augmentation annoncée des événements extrêmes — et notamment des inondations — sous l’effet du réchauffement climatique, les chercheurs prévoient que ce chiffre va continuer d’aller croissant.
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Les inondations sont la première cause de déplacement des populations. À elles seules, elles comptent pour moitié des 288 millions de personnes déplacées depuis 2008 suite à un événement climatique. Et pour plus de 60 % de plus que les déplacements causés par les guerres ou les conflits. C'est un premier paramètre. Le second est que les inondations sont influencées par le changement climatique. Les deux ont encouragé une équipe internationale de chercheurs à mieux comprendre les risques à venir en la matièrematière.
Ils ont travaillé sur des modélisationsmodélisations du climat, de l'hydrologie et des inondations pour quantifier l'effet du réchauffement climatique sur le risque de déplacement des populations. Leur conclusion : avec le niveau de population actuel, le risque de déplacement de populations dû aux crues des rivières augmenterait d'environ 50 % avec chaque degré de réchauffement climatique. Il est nettement plus élevé en tenant compte de l'augmentation de la population prévue pour les années à venir.
Des populations déjà fragiles
Ainsi, si l'Accord de Paris est respecté et que les scénarios démographiques se produisent comme prévu, le risque moyen de déplacement par les inondations devrait doubler d'ici la fin du siècle. Avec un scénario de réchauffement de « business as usual », il pourrait exploser et atteindre 350 %.
Ces travaux soulignent la nécessité d'une action rapide d'atténuation du changement climatique. Mais aussi d'adaptation, par la planification urbaine ou la mise en œuvre d'infrastructures de protection, par exemple. D'autant que le risque pèse souvent plus sur des groupes socioéconomiquement vulnérables. Et que les déplacements les exposent à des risques accrus pour leur santé, pour leur sécurité et pour leur bien-être.
Changement climatique : première cause de migration humaine
Le changement climatique provoque des migrations d'animaux... mais pas seulement. L'Homme aussi serait affecté par les modifications du climat. Les catastrophes naturelles ne sont pas les seules en cause. Des problèmes climatiques durables (fontefonte de glaciersglaciers, sécheressessécheresses, etc.) sont également pointés du doigt. Un rapport de l'Organisation internationale pour les migrations présente le phénomène.
Article de Quentin MauguitQuentin Mauguit paru le 05/01/2012
Les migrations humaines ne sont pas récentes. Des flots de réfugiés peuvent en témoigner durant chaque conflit armé. Mais aujourd'hui les guerres ne sont plus les principales responsables du déplacement en massemasse des peuples : les raisons environnementales sont devenues dominantes. En 2010, plus de 38 millions de personnes ont dû abandonner leur domicile. Cette conclusion ressort du rapport intitulé État de la migration environnementale 2010 publié conjointement par l'Organisation internationale pour les migrations (OIM) et l'Institut du développement durable et des relations internationales (Iddri).
Ce rapport se base sur des études de cas de situations catastrophiques observées en 2010 (inondations au Pakistan, séisme à Haïti, entre autres) pour tirer des conclusions :
- les événements soudains (cyclone, tsunami, etc.) ne sont pas les seuls à provoquer des migrations. Des dégradations lentes de l'environnement seraient également responsables du déplacement involontaire de populations. Les exemples cités sont la fonte des glaciers himalayens (cause de nombreuses inondations), la sécheresse durable qui s'est installée au Darfour ou encore la déforestation de la forêt amazonienne ;
- les migrations environnementales sont internes. Les migrants ne cherchent pas à changer de pays. Par conséquent, l'État en question reste seul face à ses problèmes. C'est particulièrement dommageable, surtout lorsqu'il n'est pas responsable des événements climatiques dont il est la victime ;
- les migrants subissent la situation. En effet, ces personnes aspirent à rentrer chez elles car elles n'ont pas choisi de partir. Elles diffèrent en cela de ceux qui partent pour trouver une meilleure situation ailleurs ;
- enfin, les pays du sud ne sont pas les seuls à être affectés par des migrations de la population humaine. Après la tempête Xynthia, plusieurs milliers de personnes ont été forcées de déménager, soit à cause de la tempêtetempête, soit à cause des décisions politiques prises les mois qui suivirent.
La politique publique en cause dans les migrations humaines
Quelles que soient les catastrophes, le rapport souligne que les conséquences ne sont pas seulement à imputer à l'ampleur du phénomène naturel. Les politiques publiques adoptées par chaque pays concerné dans le cadre de la préparation et de la gestion des événements sont tout aussi importantes que le reste. Le rapport cite comme exemple la tempête Xynthia qui a montré toutes les faillesfailles du système français dans le contrôle des inondations et dans la protection des zones côtières.
Face à ces constats, les migrations humaines posent également de nombreux soucis juridiques notamment en droit international. Aucune législation n'existe. Des fonds devraient être créés pour venir en aide aux pays concernés. Un nouvel article adopté par les Nations unies va dans ce sens. Un fonds de 100 milliards de dollars devrait être créé pour aider les populations visées en 2020. Afin de compléter ces financements, il va falloir trouver les pays responsables des changements climatiques. Ce point risque d'être particulièrement problématique.
Voilà donc un rapport qui a le mérite de mettre en avant de nouvelles conséquences liées au réchauffement climatique mais cette fois sur l'espèceespèce humaine. Face à la problématique, les interrogations restent nombreuses sur les gestes à adopter dans le futur. Il devient urgent de réagir : le Centre de recherche sur l'épidémiologie des désastres (Cred), à l'université catholique de Louvain, a démontré que le nombre annuel de catastrophes augmente continuellement depuis 1970 et le GiecGiec a confirmé que les catastrophes météorologiques devraient se multiplier dans le futur.