Les poissons quittent la mer des Caraïbes... Une étude a récemment montré que le premier maillon de la chaîne, le phytoplancton, avait disparu. Au large des côtes vénézuéliennes, la température de la mer a augmenté et les vents se sont affaiblis. Preuve qu'un changement climatique modeste peut avoir un impact considérable sur l’écosystème marin. 

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    Concentration en pigment de chlorophylle dans le phytoplancton. L'échelle est croissante du violet au rouge, elle couvre la bande entre 0 et 10 mg/m³. © Nasa

    Concentration en pigment de chlorophylle dans le phytoplancton. L'échelle est croissante du violet au rouge, elle couvre la bande entre 0 et 10 mg/m³. © Nasa

    L'impact du dérèglement climatique n'est pas uniforme sur le globe. Il est plus intense aux hautes latitudes, les conséquences s'observent très bien aux pôles. Pourtant, une étude scientifique, publiée dans Proceedings of the National Academies of Science d'octobre 2012, a mis en évidence les ravages du réchauffement à proximité de l'équateur. L'équipe du chercheur Robert Thunell a montré que la température de la mer a augmenté et les vents d'est, les alizés, se sont affaiblis. La concentration de phytoplancton a considérablement chuté, de -2,8 % par an.

    Les scientifiques ont analysé presque 15 ans de données de paramètres climatiques et biologiques. Les séries temporelles du Carbon Retention In A Colored Ocean Project (Cariaco, projet d'étude du phytoplancton aux Caraïbes) indiquent que la température de la mer a augmenté de 1 °C. En conséquence, la stratification de l’océan s'est intensifiée, réduisant le processus d'échange entre l'océan profond et de surface. Les nutrimentsnutriments ne remontent presque plus à la surface, inhibant le bloombloom du phytoplancton.

    Microscopique, le phytoplancton est particulièrement sensible au réchauffement climatique. © NOAA

    Microscopique, le phytoplancton est particulièrement sensible au réchauffement climatique. © NOAA

    Plus grave encore, les mesures du Cariaco révèlent que les diatomées et dinoflagellés disparaissent également de la région au détriment d'une augmentation des mésozooplanctons. Le problème ? Les sardines résidant dans la mer des Caraïbesmer des Caraïbes raffolent du phytoplancton et ont donc déserté les lieux ! Et beaucoup de pêcheries ont dû mettre la clé sous la porteporte...

    L'océan répond aux anomalies de l'atmosphère

    L'augmentation de la température ne peut expliquer seule le changement dans le système phytoplanctonique. Les alizés, ces vents d'est qui convergent vers l'équateur, ont faibli de presque 2 % par an. Ils sont pourtant une condition nécessaire au mélange de la colonne d'eau verticale et donc au développement phytoplanctonique. 

    Les bateaux de plaisanciers risquent bien de remplacer tous les bateaux de pêcheurs dans la mer des Caraïbes. La sardine disparaît, les pêcheries ferment. © Gerandlg, Flickr, cc by nc sa 2.0

    Les bateaux de plaisanciers risquent bien de remplacer tous les bateaux de pêcheurs dans la mer des Caraïbes. La sardine disparaît, les pêcheries ferment. © Gerandlg, Flickr, cc by nc sa 2.0

    La zone de convergence intertropicale, l'ITCZ, est la région où convergent les alizés des deux hémisphères. Souvent caractérisée comme l'équateur thermique, elle se situe un peu plus au nord que la ligne équatoriale géographique. Dans l'étude, les chercheurs supposent que l'ITCZ s'est davantage déplacée vers le nord. La mer des Caraïbes, plus au sud, subirait donc moins l'influence des alizés. 

    Une chose est sûre, en quinze années de mesures, les alizés et la concentration de phytoplancton ont diminué de façon spectaculaire. L'écosystèmeécosystème phytoplanctonique de la région n'est plus le même que la décennie passée. En revanche, les besoins en pêcheries augmentent de façon exponentielle, les pêcheurs n'auront d'autre choix que de naviguer plus loin, dans l'Atlantique.