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Le sable bitumineux est une alternative aux gisements de pétrolepétrole. L'entreprise Total estime que les réserves mondiales pourraient fournir entre 500 et 1.000 milliards de barils de pétrole. Mais l'extraction du pétrole brut hors de ce mélange est une plaie pour l'environnement. Elle émet entre 3 et 4,5 fois plus de CO2 par baril qu'une production de pétrole brut à partir de sources plus conventionnelles.
Le Canada détient le plus grand gisement de sable bitumineux au monde en Alberta, sur le site d'Athabasca. Son exploitation génère plus de 1,5 % de la production mondiale de pétrole brut, et le gouvernement canadien prévoit que d'ici 2020, elle y contribuera à hauteur de 3 %. Or, l'exploitation du sable bitumineux canadien émet annuellement entre 40 et 50 millions de tonnes de dioxyde de carbone.
Dans ce contexte, le Canada développe des moyens considérables pour limiter l'empreinte environnementale de cette filière pétrochimique. Il parie notamment sur le captage et le stockage géologique du CO2 (CSC) pour réduire les émissionsémissions de gaz à effet de serre liées à la production du pétrole brut.
Le Canada est le premier producteur de pétrole à partir de sable bitumineux. Ici, en photo, l'exploitation minière de sable bitumineux de l'Athabasca (Alberta, Canada). L'image montre la rivière Athabasca à environ 600 m de l'étang de résidus miniers. © Nasa Earth Observatory, DP
Le Canada mise sur le captage et le stockage du CO2
L'enjeu est de taille. Le déploiement du stockage géologique n'a jamais été réalisé pour des centres de production aussi grands et énergivores que ceux du site d'Athabasca. Le Canada a investi dans deux projets de CSC, qui commenceront d'ici la fin de l'année 2015.
L'idée est de capter le CO2 au niveau des installations qui convertissent le bitume en pétrole brut, avant qu'il soit transporté par les pipelinespipelines. Les puits d'enfouissement du gaz carbonique seront associés à ces installations d'extraction, car ce sont les plus émettrices et le prix de revient y est moins important. Les industriels espèrent qu'au fil du temps, cette technologie deviendra meilleur marché, et qu'ils pourront donc la développer en d'autres lieux du site industriel.
Le captage du gaz carbonique consiste à séparer le CO2 des autres gaz présents dans les fumées des installations industrielles qui transforment le bitumebitume. Il est ensuite comprimé pour en diminuer le volumevolume, puis transporté par canalisationcanalisation et injecté via un puits d'injection dans le sous-sol terrestre, où il est stocké.
Shell prévoit d’enfouir 35 % des émissions totales de CO2
Quest, l'un des deux projets gérés par l'entreprise Shell, prévoit de stocker le dioxyde de carbone dans un aquifère salinaquifère salin profond. Ce type de sol poreux riche en eau salée est, semble-t-il, idéal pour le stockage. L'objectif est de capter 35 % des émissions totales de l'exploitation, soit 1,2 million de tonnes de CO2 par an.
Le deuxième projet, Alberta Carbon Trunk Line, vise à transférer une partie du CO2 capté à des installations de récupération assistée du pétrolerécupération assistée du pétrole. Un oléoducoléoduc de 240 km devrait acheminer jusqu'à 1,8 million de tonnes par an, dans un premier temps. À plus long terme, ce chiffre devrait passer à 15 millions de tonnes par an.
Ces projets sont pionniers en la matièrematière. On parle de plus en plus du stockage géologique du carbone, mais la mise en œuvre tarde à venir. En France, l'Ademe a publié son rapport d’opinion sur la question en mars 2013. D'après l'agence, en France, le stockage géologique du carbone (ne s'appliquant qu'aux émissions des centrales thermiques et des exploitations industrielles) pourrait capter 75 millions de tonnes de CO2 par an, soit 20 % de nos émissions totales. L'Homme rejette 30 milliards de tonnes de CO2 chaque année dans l'atmosphèreatmosphère. S'il n'existe pas une solution unique, il est certain que le CSC n'a pas fini de faire parler de lui.