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Jatropha curcas, dessinée par le botaniste espagnol Francisco Manuel Blanco © Licence commons
Parti d'Auckland, en Nouvelle-Zélande, le Boeing 747 y est revenu deux heures plus tard au terme d'un vol sans encombre qui était une première mondiale. L'un de ses réservoirs contenait en effet un mélange à parts égales de Jet-A1 (le classique kérosènekérosène) et d'un biocarburant tiré d'une plante appelée à devenir célèbre, le jatropha. Ce réservoir alimentait l'un des quatre turboréacteursturboréacteurs Rolls Royce RB211, les trois autres brûlant le carburant habituel.
Depuis 2007, Boeing, Air New Zealand, Rolls-Royce et UOP testent ce biocarburant pour le rendre utilisable sur un avion de ligne à turboréacteurs. Il ressemble beaucoup au biodiesel (ou diester) exploité pour l'automobileautomobile mais doit présenter une meilleure tenue à basse température. Le diesel de nos voitures gèle facilement par -50°C, une température courante vers 10.000 mètres d'altitude...
Un vol expérimental
Au mois de novembre, Boeing et AirAir New Zealand se déclaraient prêts pour un test du biocarburant à jatropha. Le vol a finalement eu lieu le 30 décembre 2008. Tous les tests ont semble-t-il été passés avec succès. L'appareil a atteint 35.000 pieds (un peu plus de 10.000 mètres). Durant la descente, l'équipage a effectué à 8.000 pieds (2.400 mètres) une simulation d'atterrissage manqué, c'est-à-dire une « remise de gazgaz » puis a posé normalement l'avion, les inverseurs de poussée enclenchés.
Considéré comme une source de biocarburant « de deuxième génération », le jatropha, une plante non comestible et capable de pousser sur des sols secs, n'entrerait pas en compétition avec l'agriculture alimentaire. Air New Zealand dit d'ailleurs avoir soigneusement sélectionné les sources d'approvisionnement. Il est en effet complètement inenvisageable d'alimenter les flottes d'avions de ligne avec des carburants produits sur des terresterres prises aux cultures vivrières.
Quant au jatropha, sa culture pose tout de même des problèmes sanitaires, car sa sève et ses graines sont extrêmement toxiques pour les animaux et les hommes. De plus, les rendements sur sols très secs ne sont pas excellents et il faudra sans doute penser à arroser les cultures, ce qui défavorise les petites exploitations par rapport aux structures industrielles. Or, cette production à petite échelle est présentée comme un des avantages de la culture du jatropha. Pour l'instant, ce vol est donc surtout une expérience...