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Les stocks de poissons qu'exploitent les Kayapos, Araras, Jurunas, Arawetés, Xikrins, Asurinis et Parakanãs pour survivre pourraient se réduire avec la construction du barrage de Belo Monte. © InternationalRivers, Flickr, cc by nc sa 2.0
Le Rio Xingu, un fleuve brésilien long d'environ 2.000 km, abrite sur ses berges de nombreux peuples indigènesindigènes tels les Araras, les Jurunas, les Arawetés, les Xikrins, les Asurinis, les Parakanãs ou encore les Kayapos, dont l'un des représentants s'est rendu célèbre dans le monde entier. Le chef Raoni lutte en effet depuis plus de 30 ans contre la déforestation en Amazonie et, depuis quelques années, contre la constructionconstruction du barrage de Belo Monte. Ce projet représente à lui seul le dilemme auquel doit faire face la sixième puissance économique mondiale. Le Brésil souhaite réduire la déforestation et ses émissionsémissions de gaz à effet de serre (-38 % d'ici 2020), tout en améliorant rapidement la santé de son économie et en fournissant de l'électricité verteélectricité verte à plusieurs millions de foyers.
La construction du barrage entre dans un programme de croissance accélérée mis en place par le président Lula da Silva en 2007. Les travaux ont débuté en janvier 2012, mais des décisions de justice ont ensuite freiné leur avancée. En cause, les tribus indigènes n'ont pas été consultées avant la délivrance de certains permis. Ils sont pourtant particulièrement concernés par le projet pour différentes raisons.
Ce projet visant à construire le troisième plus puissant barrage de la planète réquisitionne en effet un territoire de 1.500 km2, dont 503 km2 seront inondés une fois les travaux achevés (chiffre du consortium Norte Energia). La quantité de terre à déplacer serait par ailleurs plus importante que celle extraite durant la construction du canal de Panama, selon l'AFP. Pour ce faire, 12.000 ouvriers se relaient jour et nuit, mais des renfortsrenforts supplémentaires sont attendus durant l'année en cours. Les effectifs pourraient ainsi monter à 22.000 personnes. À ce chiffre s'ajouteraient 40.000 emplois indirects, selon Norte Energia. La première des 27 turbines doit entrer en fonctionnement en 2015. De nombreux chiffres circulent sur le coût de ce projet. Certaines sources évoquent un montant de 13 milliards de dollars (10 milliards d'euros), tandis que d'autres avancent plutôt un coût global de 22,5 milliards de dollars (17,3 milliards d'euros). Concrètement, comment tout cela se traduit-il pour les Indiens ?
Le barrage de Belo Monte au Brésil aura une puissance de 11.233 MW. Il devrait fournir de l'électricité à 23 millions d'habitants. © minplanpac, Flickr, cc by nc sa 2.0
Des Indiens sensibles aux maladies des migrants
Le fait est contesté par Norte Energia, mais la mise en eau du site pourrait, selon plusieurs ONG dont Survival, provoquer le déplacement de milliers d'Indiens à la suite de la destruction partielle ou totale de leurs territoires. Les peuples indigènes restant à proximité ou en aval du site vont quant à eux devoir faire face à divers changements environnementaux. Les barrages (le projet en prévoit deux) vont modifier l'hydrologie du fleuve, ce qui pourrait occasionner le dessèchement de certaines zones humides. Or, la plupart des tribus visées vivent de la pêchepêche. Que deviendront-elles si les stocks de poissons s'effondrent ?
La forêt amazonienne pourrait également être partiellement déboisée pour laisser passer les routes requises pour acheminer le matériel et le personnel sur place. Plusieurs problèmes peuvent là aussi se poser. Certains peuples vivant à proximité du site de construction sont dits isolés, comme l'a certifié le département des affaires indigènes du gouvernement brésilien. Problème : ces Indiens n'auraient pas un système immunitaire suffisamment fort pour lutter contre les maladies apportées par les migrants. C'est du moins ce qu'avancent différentes ONG en s'appuyant sur un rapport publié en 1987. L'arrivée massive des ouvriers sur le site pourrait également favoriser les rencontres avec ces peuples, et donc les conflits.
Le gouvernement brésilien a déjà prévu le versement d'indemnités à hauteur de 1,2 milliard de dollars (920 millions d'euros) d'ici la fin des travaux, mais cela n'influence en rien le débat que cette construction suscite de par le monde. Les questions posées sur le bien-fondé du projet sont éminemment complexes. L'affaire du barrage de Belo Monte est à suivre, car des procédures juridiques sont en cours. Une décision de justice rendue le 14 août 2012 a par exemple reconnu qu'une étude d'impact n'a pas été commanditée au moment opportun. La construction avait alors été arrêtée, mais elle a repris le 28 août 2012 après une décision prise cette fois par la Cour suprême brésilienne.