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Les satellites Aqua et Terra de la Nasa ont capturé cette image en couleur naturelle du smog en Chine, le 8 octobre 2010. Celui-ci est visible via le nuage blanc laiteux et gris couvrant le centre de l'image. La pollution aux particules fines peut augmenter le risque de décès après une crise cardiaque. © Nasa
Le 20 février 2013, la Seine-Maritime, le Nord et la Haute-Normandie étaient en alerte pollution aux particules en suspension. En cas de pollution aux particules fines, les recommandations officielles sont de ne pas pratiquer d'activité physiquephysique et de sortir le moins possible. À Pékin toutefois, un smog s'est accroché durant presque tout le mois de janvier. Le taux de particules fines PM2,5 dans la capitale chinoise n'avait jusqu'alors jamais été atteint dans aucune autre ville au monde. Mais les recommandations de santé publique ont tardé à venir. C'est même la population qui a tiré la sonnettesonnette d'alarme. De nombreux bébés ou malades cardiaques ont dû être admis à l'hôpital.
Les particules PM2,5 sont l'un des principaux facteurs de risquefacteurs de risque sanitaire liés à la pollution de l'air (asthmeasthme, allergiesallergies, maladies respiratoires ou cardiovasculaires, cancerscancers, etc.)). L'OMSOMS estime que l'on peut attribuer 1,34 million de décès prématurés à la pollution de l'airair. Pire encore, le nombre impressionnant de décès attribuables à l'air pollué a augmenté de 16 % entre 2004 et 2008. La qualité de l’air ne s'étant pas améliorée depuis, on peut aisément imaginer que les décès en lien avec la pollution de l'air augmentent avec le temps. Dans ce contexte, des chercheurs anglais ont cherché à chiffrer et à mettre en relation le taux de décès chez les patients atteints du syndromesyndrome coronarien aigu (SCA) et le taux de particules PM2,5.
Pékin en pleine journée, le 12 janvier 2013. Le smog est tellement épais qu'on ne voit plus le ciel. L'indice de pollution était de 755 alors que le maximum habituel de l'échelle de mesure de l’Air Quality Index est de 500. © @limlouisa, Twitter
Il s'agit de la plus grande étude qui cherche le lien entre les particules en suspension dans l'air et la survie des patients après leur admission à l'hôpital pour un SCA. Ce syndrome se manifeste par une douleur thoracique qui entraîne une crise cardiaquecrise cardiaque. À chaque augmentation de 10 µg/m3 de PM2,5, on constate une augmentation de 20 % dans le taux de mortalité. « Plus d'un an après les admissions à l'hôpital, il y aurait 20 % de décès en plus chez les patients exposés à des niveaux de PM2,5 de 20 µg/m3 par rapport aux patients exposés à des niveaux de PM2,5 de 10 μg/m3 », explique le docteur Cathryn Tonne.
4.783 décès prématurés des suites de la pollution aux particules
Publiée dans l'European Heart Journal, l'analyse se base sur les dossiers de 154.204 patients. Ceux-ci ont été admis dans des hôpitaux en Angleterre et au pays de GallesGalles entre 2004 et 2007. Tous sont atteints de SCA et leurs dossiers ont été comparés aux concentrations moyennes de PM2,5 de l'air. Les patients ont été suivis jusqu'à la fin de l'étude en avril 2010. Au cours de la période de suivi (3,7 ans), il y a eu 39.863 morts. Mais il faut bien sûr tenir compte du sexe des patients, de l'âge, des antécédents médicaux, des traitements, du fait qu'ils soient fumeurs ou non, ou encore des facteurs socioéconomiques tels que les revenus, l'éducation et l'emploi, et où ils ont vécu.
D'après l'étude, le taux de mortalité aurait été réduit de 12 % chez les patients atteints de SCA s'ils avaient été exposés à des émissionsémissions naturelles de PM2,5 plutôt qu'aux niveaux les plus élevés auxquels ils ont été réellement exposés. Cela se traduit par 4.783 décès prématurés en raison de l'exposition aux PM2,5 de sources anthropiques. La ville la plus polluée est Londres, avec un taux moyen de particules fines de 14,1 µg/m3. Le nord-est de l'Angleterre est le moins exposé avec un taux moyen de 8,4 µg/m3.
Les chercheurs ont mis en évidence qu'une exposition importante aux PM2,5 augmente le taux de décès chez les patients atteints de SCA. Mais l'étude montre également que dans une même région, les facteurs socioéconomiques sont prépondérants. « Le message le plus important est que la réduction de la quantité de polluants dans les zones métropolitaines diminue en effet la mortalité cardiovasculaire dans un intervalle de temps aussi court que quelques années. », explique Pier Mannucci, directeur de l'IRCCS Ca' Granda Maggiore Policlinico Hospital Foundation de Milan. Il convient donc d'encourager les alertes médiatiques sur la qualité de l'air et aux cliniciens d'insister face aux patients sur la nécessité d'une bonne qualité de l'espace de vie.