Une baleine escortée par un banc de dauphins ? Vous ne rêvez pas, cette scène fut récemment observée dans le Golfe de Gascogne, le long de la côte Atlantique française. Un photographe et vidéaste a eu la chance de filmer un groupe de Globicéphales escortant une baleine à bosse lors de sa migration saisonnière vers le nord. L’observation pourrait sembler extraordinaire, mais ce comportement n’est pas si inhabituel que cela… On vous explique !


au sommaire


    Le mois dernier, une magnifique observation naturaliste fut partagée sur les réseaux sociauxréseaux sociaux, montrant en vue aérienne, la nage majestueuse d'une baleine à bosse escortée par un groupe de globicéphales. Est-ce un phénomène rare ? Pas tant que cela. Les baleines à bosse sont des espèces migratrices, qui se reproduisent et mettent bas en eaux chaudes durant la saison hivernale, puis remontent l'Atlantique nord pour se rendre dans des eaux plus fraîches, mais surtout plus riches en nourriture, en saison estivale. Le printemps est donc la saison idéale pour observer ces grands cétacés à fanons durant leur migration ! Mais qu'en est-il de leur joyeuse escorte ? 

    Découvrez comment la baleine à bosse utilise des filets de bulle pour chasser, dans cet épisode de Bêtes de Science. © Futura

    Au printemps, les globicéphales font le show !

    Le long des côtes françaises, le printemps est aussi la saison d'une espèce de cétacés, à dents cette fois-ci : les globicéphales noirs, de grands dauphins pouvant mesurer plus de 5,50 mètres et peser près de 3 tonnes. Pourquoi ? Parce qu'en avril, les calmars et autres céphalopodescéphalopodes se reproduisent sur le plateau continentalplateau continental, à proximité des côtes, pour le plus grand bonheur des globicéphales, au régime alimentaire teutophage. Ils sont capables d'aller chasser à 600 mètres de profondeur, notamment grâce à leur melonmelon proéminent, qui leur vaut l'appellation de  « pilot whale » en anglais. En effet, cette proéminence leur permet l'écholocation, en fonctionnant à la façon d'un sonarsonar sous-marinsous-marin pour détecter l'environnement - et les proies - en grande profondeur, où règne une obscurité totale. Mais ce sens leur permet également de communiquer avec leurs congénères ! Vivant en groupes matriarcaux constitués de dix à plus d'une centaine d'individus, les globicéphales sont caractérisés par leur grande sociabilité intraspécifique, mais également interspécifique ! Il n'est pas rare, comme ici avec une baleine à bosse, d'observer des scènes de jeu, d'entraide, voire d'accouplementaccouplement pouvant mener à l'hybridationhybridation.

    Sources de pollution sonore sous-marine d’origine anthropique susceptibles d’impacter la survie des cétacés qui utilisent l’écholocation, comme les globicéphales noirs. © NOAA Fisheries
    Sources de pollution sonore sous-marine d’origine anthropique susceptibles d’impacter la survie des cétacés qui utilisent l’écholocation, comme les globicéphales noirs. © NOAA Fisheries

    Quand la cohésion sociale devient mortelle

    La forte cohésion sociale des globicéphales peut être à l'origine d'évènements dramatiques, comme les échouages en massemasse : lorsqu'un individu est en difficulté, ses congénères vont tenter de le secourir jusqu'à se mettre en péril également. Cependant, ce n'est pas l'unique hypothèse à l'origine de ces échouages. D'autres facteurs peuvent intervenir, parfois liés à l'environnement naturel, comme la topographie des côtes, l'amplitude des maréesmarées, ou encore les courants marins. Mais malheureusement, de plus en plus sont liés aux activités humaines : le trafic maritime, l'utilisation de sonars militaires, les travaux sous-marins offshoreoffshore, ou la prospection sismique et en particulier pétrolière, sont autant d'activités responsables d'un bruit sous-marin constant et assourdissant. En effet, les scientifiques dénoncent la pollution sonore sous-marine comme un facteur de stressstress important - mesuré par les taux élevés de cortisolcortisol dans la graisse des mammifèresmammifères - à l'origine d'une désorientation suite à la perturbation de leur sens d'écholocationécholocation, et parfois même de mort par embolieembolie gazeuse lorsque les décibelsdécibels sont élevés en profondeur.

    Comme conclut Rémi DupouyRémi Dupouy, naturaliste pour Futura et réalisateur de la série Instinctif : « Plutôt que de perturber ou de décimer les cétacés, l'humain aurait grand besoin de s'inspirer de leur vivre-ensemble, de leur intelligenceintelligence collective et de leur solidarité ».