Encore mal connues, les avalanches sous-marines (en réalité plus proches du glissement de terrain) sont très difficiles à observer. Des chercheurs ont toutefois réussi à retracer le parcours de l'une d'entre elles, particulièrement impressionnante et qui s'est déroulée le long de la marge nord-ouest africaine il y a 60 000 ans.


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    Réchauffement climatique oblige, les glissements de terrains se multiplient à la surface de la Terre. S'ils peuvent se révéler très impressionnants - rappelez-vous, en juillet dernier, de l'effondrementeffondrement de ce pan de montagne dans la commune iséroise de La Rivière - ils ne sont rien face à ceux qui peuvent se dérouler sous les eaux.

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    En témoignent les chercheurs de l'université de Liverpool, qui ont mis au jour une gigantesque avalanche qui a dévasté le paysage sous-marin de l'ouest africain, il y a de ça 60 000 ans. Au départ simple glissement de terrain du plancherplancher océanique d'un volumevolume d'environ 1,5 km3, la puissance de l'avalanche s'est vue, à force de gagner en vitessevitesse et d'emporter avec elle blocs, gravier, sable et boue, multipliée par 100 ! In fine, la catastrophe aura semé la destruction sur près de 2 000 kilomètres de long, traversant les 400 kilomètres du canyon d'Agadir et se poursuivant sur encore 1 500 kilomètres.

    « Pour mettre les choses en perspective, imaginez une avalanche de la taille d'un gratte-ciel, se déplaçant à plus de 50 km/h de Liverpool à Londres, et qui creuserait une tranchée de 30 mètres de profondeur et de 15 kilomètres de large, détruisant tout sur son passage, illustre dans un communiqué le sédimentologue à l'école des sciences de l'environnement de l'université de Liverpool Chris Stevenson. Il arriverait ensuite à destination et se répandrait sur une zone plus grande que le Royaume-Uni, l'ensevelissant sous environ un mètre de sable et de boue. »

    Image du site Futura Sciences

    Carte d'ensemble de la marge nord-ouest africaine montrant le cheminement de l'avalanche et ses marques d'érosion sur le plancher océanique. © Université de Liverpool

    Rare observation d'un phénomène mal connu d'ampleur exceptionnelle

    La découverte est donc exceptionnelle, d'autant que les données sur les avalanches sous-marines sont rares. Ces dernières, connues seulement depuis les années 1950, sont très difficiles à observer, et la technologie permettant de les identifier est très récente. Pour identifier celle-ci, les scientifiques ont analysé plus de 300 échantillons de calottes prélevés ces 40 dernières années sur le site. Les analyses, croisées aux données bathymétriques et isométriquesisométriques, ont permis de dresser le profil de ce monstre sous-marin.

    Une grande première, à laquelle s'ajoute le caractère titanesque du phénomène. « Ce qui est très intéressant, c'est la façon dont l'événement s'est transformé, à partir d'un départ relativement modeste, en une avalanche sous-marine énorme et dévastatrice atteignant des hauteurs de 200 mètres », s'enthousiasme Chris Stevenson. Avec un taux de croissance de 100, on est effectivement très loin des taux de 4 à 8 de nos modestes glissements de terrains et avalanches terrestres, déjà extrêmement dangereux.

    Cette avancée, publiée dans la revue Science Advance, et associée à de précédentes observations, devrait quoi qu'il en soit ouvrir de nouvelles perspectives d'études sur la potentielle spécificité des avalanches sous-marines à afficher des taux de croissance de très grande ampleur.