1,2 milliard. C’est le nombre de réfugiés attendus en 2050, fuyant des régions en prise aux catastrophes naturelles et autres conséquences du changement climatique. Pour faire face à ce flux migratoire, un modèle de « citoyenneté mondiale » est envisagé, avec la mise en place d’un « passeport climatique ». Le posséder n’impliquant pas d’être en mesure de l’utiliser, est-ce vraiment la solution ?
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Sécheresses, inondations, désertificationdésertification, montée des eaux... Les catastrophes engendrées par le changement climatique se multiplient, et avec elles, les flux migratoires sont voués à exploser. En effet, plusieurs dizaines de millions de personnes sont d'ores et déjà contraintes chaque année de se déplacer en raison des catastrophes naturelles, et les estimations par les instances internationales affichent entre 216 millions et 1,2 milliard de réfugiés climatiques pour 2050. À défaut de sécurisation, voire de fermeture des frontières, une proposition entreprenante a refait surface ces derniers mois : la création d'un « passeport climatique ».
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Citoyens du monde, voici votre nouveau passeport
L'idée ne date pas d'hier : la source d'inspiration première remonte à 1920, avec le passeport Nansen, qui avait permis aux réfugiés russes de passer les frontières après la révolution soviétique. De nos jours, les enjeux sont différents, mais le fond reste identique : faciliter les déplacements et l'accueil de populations vulnérables. En octobre 2023, dans un contexte de crise climatique forçant les populations à se déplacer, un conseil d’experts du gouvernement allemand a proposé un modèle permettant une répartition équitable de la charge humaine et financière, en se basant sur trois instruments : le « passeport climatique », la « carte climatique » et le « visa climatique ». Une solution qui pourrait a minima être envisagée pour les populations dont les états sont voués à totalement disparaître, comme c'est le cas de certaines îles du Pacifique, menacées par la montée imminente des eaux. Mais comment prévoir une applicationapplication élargie, notamment lorsque le pays est dévasté mais n'a pas totalement disparu ?
Risque-t-on une invasion de masse ?
À l'heure actuelle, le terme de « réfugié climatique » n'a pas de sens juridique. Complexe donc, sans compter qu'il est rarement possible d'imputer une cause unique aux migrations, les raisons économiques, sociales et climatiques étant souvent imbriquées les unes aux autres. En effet, cela fait appel à la notion de responsabilité différenciée des pays dans le changement climatiquechangement climatique, et cette « dette » pourrait se traduire par la répartition de quotas d'accueil pour les migrants, recevant ainsi des « passeports climatiques » fléchés vers des pays historiquement responsables du désastre. Seulement, la pauvreté limite les capacités de déplacements lointains, et force est de constater que la grande majorité des migrants se déplacent à l’intérieur de leurs frontières, ou dans des pays limitrophes. Le « passeport climatique » serait donc inutile pour les populations les plus vulnérables, dans l'incapacité financière et technique de se déplacer. Entre solutions occidentalo-centrées négligeant les enjeux locaux, et préoccupation démesurée autour de la peur de l'invasion, le débat politique autour de la question des réfugiés climatiques est loin d'être achevé.