L’Agence internationale de l’énergie (AIE) vient de publier une nouvelle édition de son World Energy Outlook. Une édition spécialement conçue à l’attention des décideurs qui se réuniront bientôt à Glasgow, en Écosse, pour la 26e Conférence des Parties signataires de la convention-cadre des Nations unies pour les changements climatiques, la COP26. Le document prévoit que notre consommation d’énergies fossiles atteindra son pic dès 2025. Mais souligne également que cela ne sera pas suffisant à maintenir le cap fixé par l’Accord de Paris sur le climat.
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Chaque automne depuis 1998, l'AIE, l'Agence internationale de l'énergieénergie propose, avec son World Energy Outlook, de faire le point sur la situation énergétique mondiale. La dernière édition vient tout juste d'être publiée. Et à quelques jours de l'ouverture de la prochaine COP26, la Conférence des Parties signataires de la convention-cadre des Nations unies pour les changements climatiqueschangements climatiques, elle souligne les écarts entre les politiques en place, les ambitions annoncées et les efforts nécessaires pour limiter le réchauffement climatique anthropique à +1,5 °C au-dessus des normales préindustrielles.
Le saviez-vous ?
À l’occasion de la publication du World Energy Outlook 2021, les experts de l’Agence internationale de l’énergie (AIE) expliquent pourquoi les prix du gaz, du charbon et même de l’électricité ont atteint leurs « niveaux les plus élevés depuis des décennies ». À cause d’une reprise économique rapide après la crise du Covid-19, d’un hiver froid et prolongé dans l’hémisphère nord et de pannes affectant l’approvisionnement en combustibles fossiles. Il serait ainsi « inexact et trompeur » de faire porter la responsabilité à la transition énergétique. Cependant, les experts appellent les gouvernements à s’assurer que leur transition reste « sûre, abordable et juste pour tous les citoyens ».
Selon les experts de l'AIE, les politiques actuellement mises en œuvre dans le monde ne suffiraient qu'à faire très légèrement baisser nos émissionsémissions de gaz à effet de serre d'ici 2050. Poussant le réchauffement jusqu'à quelque 2,6 °C d'ici 2100. Et même les nouveaux engagements pris en amont de la COP26 ne parviendraient pas à limiter le réchauffement à moins de 2,1 °C. Ils ne couvriraient que 20 % des réductions d'émissions de dioxyde de carbone (CO2) nécessaires à maintenir le cap fixé par l'accord de Paris.
Mais il y a des raisons de rester optimiste. Car la « nouvelle économie énergétique -- tant attendue -- est désormais soutenue par des coûts qui ont baissé ». L'éolien et le solaire deviennent, dans la plupart des régions, les sources les moins chères pour générer une électricité nouvelle. Ainsi au cours des trois prochaines décennies, même en ne tenant compte que des politiques déjà en place -- ou en cours de... - « la quasi-totalité de la croissance nette de la demande énergétique viendra de sources à faible émission de carbone ». La consommation d’énergies fossiles pourrait atteindre son pic vers 2030 puis plafonner jusqu'en 2050 avant de baisser très lentement.
Des pistes pour limiter le réchauffement à 1,5 °C
En revanche, si les pays tiennent leurs nouveaux engagements, la consommation d'énergies fossiles pourrait atteindre son pic dès 2025. Et ensuite, décroitre assez rapidement. Une bonne nouvelle. Qui ne l'est malheureusement pas suffisamment. Puisque pour limiter le réchauffement à 1,5 °C, il faudrait que ce pic soit d'ores et déjà atteint et que la décroissance se fasse brutalement sur les dix années à venir.
“Nous devons tous faire plus.”
« Nous devons tous faire plus », soulignent les experts de l'AIE. Pour y arriver, ils proposent quelques pistes. D'abord, une « poussée massive » vers une électrification basée sur un doublement de l'éolien et du solaire, mais aussi sur d'autres sources bas carbone comme le nucléaire. De quoi économiser 5 gigatonnes d'équivalent CO2 (GtCO2) d'ici 2030. Ensuite, une « élimination rapide du charbon ». D'ici 2030 dans les pays les plus développés et 2040 dans les autres. Pour économiser 0,8 GtCO2 dès 2030. Le tout accompagné d'efforts considérables sur les infrastructures de flexibilité du réseau (batteries, hydroélectricité, hydrogènehydrogène, etc.). Pour lui permettre d'atteindre le « zéro émission nette » en 2035-2040 dans les économies en développement.
Autre mesure clé : l'efficacité énergétique et un basculement vers la sobriété. Selon l'AIE, ils aideraient à économiser 2,6 GtCO2 d'ici 2030. Réduire les émissions de méthane (CH4) des activités liées aux combustiblescombustibles fossiles permettrait d'économiser encore 1,7 GtCO2 dès 2030.
Mais les experts soulignent que si les technologies nécessaires à réduire nos émissions jusqu'en 2030 sont bien disponibles, celles qui nous permettront d'atteindre nos objectifs en 2050 doivent encore être développées. D'où la nécessité absolue d'investir, encore et toujours, dans l'innovation.