Pour la première fois, une étude, menée sur des images prises par satellite, démontre un lien entre croissance urbaine et climat. Un second travail, également basé sur des images spatiales, conduit à penser que les traités sur la protection de l’environnement sont d’une faible efficacité…

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    Delta de la Rivière rouge, Vitenam. Sur l’image de droite, on remarque que les exploitations aquacoles dans la réserve gérée selon la convention Ramsar (zone cerclée en bas) sont plus étendues que dans la zone non protégée (en haut). © Karen Seto, Stanfor

    Delta de la Rivière rouge, Vitenam. Sur l’image de droite, on remarque que les exploitations aquacoles dans la réserve gérée selon la convention Ramsar (zone cerclée en bas) sont plus étendues que dans la zone non protégée (en haut). © Karen Seto, Stanfor

    Karen Seto travaille à l'Institut de l'environnement Woods à l'université de Stanford mais elle est née à Hong-Kong. C'est l'endroit qu'elle a choisi pour étudier l'effet de la croissance urbaine sur l'environnement. Au nord de la cité, dans le delta de la Rivière des Perles, la Chine a créé en 1980 une zone d'activités autour de Shenzhen.

    La chercheuse et ses collègues ont utilisé des données recueillies par le satellite américain LandsatLandsat pour suivre ce secteur dans les décennies qui ont suivi. Entre 1988 et 1996, la surface urbanisée autour de Shenzen a augmenté de 300 %. Dans le Journal of Climate, les auteurs de l'étude détaillent les changements observés durant la même période par seize stations météorologiques. La corrélation est nette : à mesure que la zone urbaine s'étendait, les précipitations hivernales se réduisaient.

    « Essentiellement, cet effet est dû à la transformation d'un couvert végétal en surfaces asphaltées et en bâtiments, explique Karen Seto. Les sols ont alors une moindre capacité à absorber l'eau. Durant les mois d'hiver, l'humidité est moins élevée ce qui conduit à une réduction des précipitations. On n'observe pas le même impact en été, en partie à cause de la mousson, qui masque l'effet de l'urbanisation. » Bien sûr, cet assèchement n'a rien de surprenant et ne constitue pas une découverte scientifique... Mais c'est la première fois qu'on le mesure de façon précise. Karen Seto ajoute qu'un tel effet ne s'observe pas du tout avec les petites villes mais uniquement avec les grandes zones urbaines.

    Aquaculture envahissante

    La même chercheuse est co-auteur d'une autre étude, publiée dans Global Environmental Change et également basée sur l'analyse d'images prises par satellite. Cette fois, la scène se passe au Vietnam, dans le delta de la Rivière rouge, au nord du pays. Dans les années 1980, face au développement incontrôlé de l'aquacultureaquaculture qui détruisait progressivement les mangrovesmangroves, le gouvernement a voulu protéger une partie de la côte en créant une réserve dans la région de Xuan Thuy.

    Depuis 1988, elle est gérée en respectant la convention Ramsar, un accord international pour la préservation des zones humideszones humides signé en 1971 (dans la ville iranienne de Ramsar).

    Cette protection est-elle efficace ? Pour le savoir, Karen Seto et ses collègues ont simplement comparé les images prises par satellite de la réserve de Xuan Thuy et d'une autre réserve, non concernée par la convention Ramsar. Résultat cruel : les berges colonisées par les exploitations aquacoles, avec bien sûr destruction de la mangrove, se développent plus rapidement dans le secteur censément protégé par la convention...