Les vents forts et les tempêtes font traverser l’Atlantique aux poussières désertiques. Au matin, les pare-brises des voitures en sont parfois couverts. La propagation des embruns, de la poussière et des autres aérosols est très hétérogène et méconnue des climatologues. Toutefois, la Nasa simule de mieux en mieux le transport des aérosols et nous offre une vidéo fascinante. 

Plus de 90 % des aérosols, ces particules en suspension dans l'atmosphère, sont d'origine naturelle. Il peut s'agir de poussières, d'embruns ou de la condensation de particules de gaz. Les aérosols d'origine anthropique, comme ceux provenant des feux de végétation, sont souvent plus petits. La majorité d'entre eux proviennent des combustibles fossiles et contiennent du soufre

Qu'ils soient anthropiques ou naturels, les aérosols ont une courte durée de vie. Transportés par les vents, ils sont entraînés par les précipitations au bout d'une quinzaine de jours : on dit qu'ils sont lessivés. Les aérosols ont donc peu de temps pour se disperser et leur répartition est très hétérogène. 


Le transport des aérosols est simulé par le modèle Goccart de la Nasa. En bleu les embruns, en rouge les poussières, en vert les aérosols liés à la combustion et en blanc les sulfates. La simulation court d'août 2006 à avril 2007. © Nasa, Goddard Space Flight Center 

Chaque jour, plus de 30 millions d'observations atmosphériques sont obtenues grâce aux satellites, aux ballons atmosphériques ou aux matériels de mesure terrestres. À partir des données du projet Goes, le Global Modeling and Assimilation Office (GMAO) de la Nasa a récemment réalisé une simulation de la propagation des aérosols. Elle permet aux scientifiques de mieux comprendre comment ces particules voyagent dans le temps et l'espace. Et d'interpréter plus précisément l'influence des aérosols sur le climat

Le transport des embruns, poussières et aérosols

Le brassage des embruns (en bleu dans la vidéo) dans l'océan dépend de la vitesse du vent de surface. Il est maximal le long des trajectoires des tempêtes (aux moyennes latitudes et dans les régions polaires, y compris l'océan Austral) et dans la trajectoire et l'œil des cyclones aux tropiques. La poussière désertique (en rouge) est maximale dans le désert du Sahara. Dans la vidéo, les interactions avec quelques cyclones tropicaux sont observées à la fin de la saison des ouragans de l'Atlantique en 2006. 

Dans cette simulation, une tempête de poussière se produit sur le Sahara. Les particules du sable sont emportées dans l'atmosphère par le vent et traversent l'Atlantique. Au niveau des océans, les aérosols modifient la formation et l'intensité des ouragans. © Nasa

Dans cette simulation, une tempête de poussière se produit sur le Sahara. Les particules du sable sont emportées dans l'atmosphère par le vent et traversent l'Atlantique. Au niveau des océans, les aérosols modifient la formation et l'intensité des ouragans. © Nasa

Pour les aérosols liés à la combustion (en vert), on observe une forte concentration en Amérique du Sud, d'août à octobre 2006. L'Indonésie de septembre à novembre 2006 et l'Afrique en janvier 2007 sont largement excédentaires en carbone. Enfin, les sulfates (en blanc) ont une répartition plus complexe. Le plus souvent d'origine anthropique, les sulfates peuvent également provenir des éruptions volcaniques. Il y a notamment une émission volcanique active au mont Nyiragongo en République démocratique du Congo, et une grande éruption du volcan Karthala sur l'île de Grande Comore en janvier 2007.

L'incertitude sur les interactions entre les aérosols et le climat est importante. Une meilleure simulation de leur transport permettra donc aux scientifiques de mieux interpréter leur rôle et leur impact sur la climatologie