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Des forêts plantées dans le Sahara y réduiraient les températures locales de 4 à 8°C (zones en bleu). © Leonard Ornstein
Sur le papier, l'idée est simple. De l'eau de mer désalinisée dans d'immenses installations serait amenée en grandes quantités vers le Sahara ou au cœur du désert australien pour irriguer les terres et y faire pousser des arbres. Leonard Ornstein, un biologiste de l'Ecole de médecine du Mont Sinai, s'est penché plus avant sur cette question, avec David Rind et Igor Aleinov, du Goddard Institute for Space Studies, dépendant de la NasaNasa.
Leurs conclusions sont détaillées dans un article à paraître dans la revue Climatic Change et dévoilées dans le magazine en ligne de Science. Pour l'irrigation, les chercheurs imaginent d'utiliser des canalisationscanalisations en plastiqueplastique, enterrées, pour éviter l'évaporation. Pour les essences à planter, il n'y aurait que l'embarras du choix. Ornstein cite Eucalyptus grandis, le Grand eucalyptus, un arbre pouvant atteindre cinquante mètres de hauteur. Il pousse en effet un peu partout, y compris en Nouvelle-GallesGalles-du-Sud, un Etat australien, et aime le soleilsoleil mais pas du tout la sécheressesécheresse.
Selon les auteurs de cette étude, les modèles climatiquesmodèles climatiques indiquent que les régions passant du désert à la forêt verraient la température descendre de 4 à 8°C. Cette couverture végétale génèrerait des nuagesnuages et l'apport de pluies, entre 700 et 1.200 millimètres par an disent les chercheurs.
Où l'on compte en milliers de milliards de dollars
D'après leurs estimations, si une grande partie du Sahara et du désert australien était ainsi boisée, les arbres absorberaient huit milliards de tonnes de carbonecarbone par an, soit presque autant qu'en rejettent la combustioncombustion des combustiblescombustibles fossilesfossiles et la déforestationdéforestation (rappelons qu'il s'agit bien de tonnes de carbone, C, et non de gaz carboniquegaz carbonique, CO2).
Combien coûterait ce projet titanesque ? Les auteurs ont la réponse : deux mille milliards de dollars par an. C'est le même tarif, expliquent-ils, que le captage du gaz carbonique à la sortie des usines qui en produisent, estimé à 200 dollars la tonne de carbone. « Toute solution pour modifier le climatclimat conduit à un coût de cet ordre » conclut Leonard Ornstein, qui ajoute que ce travail colossal aurait aussi des retombées positives. Le boisbois pourrait ensuite être exploité de manière durable, même dans des chaudières à bois, ce qui amènerait alors un bilan carbonebilan carbone nul.
Quelles seraient les autres conséquences de ce changement profond de l'environnement ? L'étude en voit plusieurs, au caractère néfaste. L'apport d'humidité pourrait être apprécié pour les criquets, dont les migrations massives deviendraient encore plus dévastatrices. Les auteurs pensent également au transport du sablesable saharien, riche en ferfer, qui, aujourd'hui emporté par le ventvent depuis le sol sec, va enrichir les eaux de l'océan Atlantique, au grand bénéfice du planctonplancton végétal. Si le sol devient humide, la quantité de cet engrais naturelengrais naturel chutera.
Outre les questions politiques, qui ne sont pas abordées par les auteurs, il reste donc quelques détails à mettre au point.