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Une particule de black carbon observée au microscope électronique. Crédit : Nasa Goddard Institute for Space Studies, D. M. Smith, University of Denver
Disons-le tout de suite, l'article que Johannes Lehmann, un biogéochimiste de l'université de Cornell, vient de publier avec ses collègues ne remet pas du tout en cause la réalité du réchauffement climatique ni la responsabilité humaine. Il ne remet donc pas en cause la conclusion principale du Giec publié en 2007.
Les chercheurs ont simplement étudié, comme d'autres avant eux, l'impact des incendies de forêt sur l'évolution future du climat par l'intermédiaire de leurs influences sur le cycle du carbone.
On sait que les écosystèmes et les cycles naturels sont complexes et soumis à des effets non-linéaires avec des boucles de rétroactionsboucles de rétroactions subtiles. Même les sols qui pourraient de prime abord paraître des éléments négligeables dans l'évolution du climat ne le sont pas du tout. On sait par exemple que si la température augmente, ils relâchent du CO2, ce qui va amplifier l'effet de serre et donc faire encore grimper la température. Ces effets sont pris en compte dans les modèles climatiquesmodèles climatiques mais ils sont modifiés selon le taux de black carbon présent dans les sols.
Le black carbon est apparenté à de la suiesuie et il est obtenu à partir des résidus issus de la combustioncombustion incomplète d'énergie fossilesénergie fossiles, de boisbois de charboncharbon et plus généralement de la biomassebiomasse. On le retrouve sous diverses formes dans des aérosolsaérosols, les sédimentssédiments et le sol. On le confond souvent avec le noir de carbone auquel il est apparenté.
Du carbone piégé pour des milliers d'années
Or, dans l'article qu'ils viennent de publier dans Nature Geosciences, les chercheurs font état des mesures effectuées en Australie dans le sol de régions où sévissent fréquemment des incendies de savane. Ils y ont trouvé un taux de black carbon bien plus élevé que ce que l'on imaginait. Ce dernier peut rester dans le sol des milliers d'années et lorsque l'on introduit sa présence dans les modèles climatiques, la quantité de gaz carboniquegaz carbonique relâché dans l'atmosphèreatmosphère par le réchauffement climatique dans deux des savanes australienne étudiées est diminuée de 20 % sur 100 ans.
Ce résultat est d'importance car la quantité de CO2 émise dans l'atmosphère chaque année par les sols est dix fois plus importante que celle dont l'humanité est responsable. Il faudrait bien sûr avoir des estimations précises des quantités de black carbon partout sur la planète avant d'en tirer des conclusions hâtives. Mais il semble probable que le réchauffement climatique sur 100 ans sera plus faible que prévu. Cela n'a pas de quoi rendre vraiment optimiste quand on se souvient que certains des scénarios de réchauffement climatique, même revus légèrement à la baisse, resteront très préoccupants.
En tout état de cause, les variations de taux de black carbon dans les sols doivent être assez importantes car sur les 452 zones où les sols ont été échantillonnés en Australie, ces taux variaient entre 0 et 80 %.