La Chine connaît depuis 30 ans un important essor économique, mais au détriment de la qualité de son air. Une nouvelle étude révèle que ce problème n’a pas que des retombées régionales. Le climat mondial pourrait être impacté, comme le sont les cyclones qui se développent en hiver dans le nord-ouest du Pacifique.

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    En janvier 2013, le smog de Pékin était tellement épais qu'on ne voyait plus le ciel. L'indice de pollution était de 755, alors que le maximum habituel de l'échelle de mesure de l’Air Quality Index est de 500. © Kevin Dooley, cc by 2.0

    En janvier 2013, le smog de Pékin était tellement épais qu'on ne voyait plus le ciel. L'indice de pollution était de 755, alors que le maximum habituel de l'échelle de mesure de l’Air Quality Index est de 500. © Kevin Dooley, cc by 2.0

    Comme d'autres pays est-asiatiques, la Chine connaît un fort essor économique depuis 30 ans, au point d'en impacter l’atmosphère. Pour suivre le rythme, cette contrée s'est dotée d'un nombre croissant de nouvelles usines, ainsi que des centrales électriques au charbon requises pour les alimenter. Par ailleurs, une part grandissante de la population peut désormais s'offrir des automobiles, dans le but évident de s'en servir. Or, ces véhicules et les centrales au charbon émettent de grandes quantités de particules dans l'atmosphère.

    Ainsi, dans certaines villes comme Pékin, la pollution de l’air est parfois 100 fois plus importante que la limite acceptable définie par l'Organisation mondiale de la santéOrganisation mondiale de la santé (OMS). Selon une étude passée, la prévalenceprévalence du cancer du poumon aurait même progressé de 400 % dans certaines régions du pays le plus peuplé de la planète. Cependant, les aérosols et autres particules fines en suspension ne posent pas que des problèmes de santé publique. Ils suscitent également des interrogations d'ordre climatique.

    Depuis longtemps déjà, il est supposé que cette pollution croissante doit impacter le climat et les activités cycloniques dans le Pacifique. Après tout, la matièrematière en suspension intervient notamment dans la formation des nuagesnuages et des précipitationsprécipitations, tout en jouant un rôle direct et indirect sur le forçage radiatifforçage radiatif de l'atmosphère. Cependant, sans étude préalable, ces suppositions restaient théoriques. C'est pourquoi les travaux présentés dans la revue Nature Communications par Yuan Wang de l'université Texas A&M (États-Unis) sont importants. Ils viennent de combler ce manque en validant la théorie.

    Vue satellite du transport sur de longues distances des panaches d’aérosols et de particules en suspension produits en Chine, et qui polluent fortement l’air de nombreuses grandes villes de ce pays. © <em>US Nasa SeaWiFT project </em>

    Vue satellite du transport sur de longues distances des panaches d’aérosols et de particules en suspension produits en Chine, et qui polluent fortement l’air de nombreuses grandes villes de ce pays. © US Nasa SeaWiFT project 

    Des cyclones renforcés par la pollution de l’air chinois

    Pour ce faire, les chercheurs ont utilisé plusieurs modèles atmosphériques, qu'ils ont à chaque fois fait tourner avec deux scénarios (airair propre et air pollué). Le premier a permis d'étudier l'influence de la pollution sur la formation des nuages à une échelle régionale et saisonnière à très haute résolutionrésolution (possibilité de modéliser un nuage seul au sein d'une région couvrant une zone de convectionconvection complète). Le deuxième n'était autre qu'un modèle climatique d'une portée mondiale, qui a été alimenté par les données obtenues lors des simulations précédentes. Tous les résultats ont finalement été comparés à des observations faites ces 30 dernières années.

    Les aérosols et autres particules en suspension monteraient parfois jusqu'à plus de 10 km d'altitude, atteignant ainsi la haute atmosphère. En trois décennies, le forçage radiatif de cette zone aurait augmenté de 1 W/m2 dans le nord-ouest du Pacifique, soit un peu moins qu'à la surface de la planète (+1,7 W/m2). Par ailleurs, la pollution asiatique aurait renforcé les cyclonescyclones se formant en hiverhiver, augmentant ainsi les précipitations de 7 %. À une échelle globale, tous les cyclones se développant à de moyennes latitudeslatitudes auraient été influencés par la pollution, notamment à cause d'une augmentation des échanges de chaleurchaleur méridiensméridiens (+ 9%).

    Voilà donc comment la pollution chinoise influence le climat mondial. De l'avis même des chercheurs, des études complémentaires sont maintenant requises pour définir et chiffrer en détail les conséquences exactes de cette problématique sur le climat mondial. Elles devront alors tenir compte des nombreux autres processus physicochimiques qui le conditionnent. De même, des questions demeurent sur les mécanismes impliqués dans le transport des aérosols et des particules en suspension. Une fois encore, seuls de nouveaux travaux apporteront les réponses recherchées.