Si un gros impact d’astéroïde entraînerait immédiatement un bouleversement majeur de l’environnement terrestre, avec notamment un dérèglement brutal du climat, pendant combien de temps cet effet serait-il visible ? L’analyse de minuscules fossiles pourrait aider à répondre à cette question.
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Les trajectoires des gros astéroïdes qui circulent dans le Système solaireSystème solaire sont suivies de près, et ce n'est pas parce que les chercheurs ont trop regardé de films catastrophe. Si le risque d'un impact majeur à court terme est minime, il reste en effet réel. Et en fonction de la taille du bolidebolide, la situation pourrait être catastrophique, notamment en raison de la propagation d'une onde de choc destructive ou d’un tsunami. L'énorme quantité de poussière dans l'atmosphère entrainerait également une modification climatique notable. Mais pour combien de temps ?
L’effet climatique de deux des cinq plus grands impacts étudié de près
Si les effets sur le climat à très court terme semblent évidents, un gros impact aurait-il le potentiel de modifier le climat sur le long terme, c'est-à-dire au-delà d'une dizaine de milliers d'années ? Pour répondre à cette question, des chercheurs se sont penchés sur l'évolution paléoclimatique ayant encadré deux gros impacts d'astéroïdesastéroïdes, survenus il y a environ 35 millions d'années.
Les deux impacts, qui se sont produits à seulement 25 000 ans d'intervalle, ont laissé derrière eux deux vastes cratères, qui sont parmi les cinq plus grands cratères d’astéroïdes au monde. Il s'agit du cratère de Popigaï en Sibérie, mesurant 100 kilomètres de diamètre et associé à un astéroïde de 5 à 8 kilomètres de large, et le cratère de Chesapeake Bay aux États-Unis, qui mesure 40 à 85 kilomètres de diamètre et aurait été produit par un bolide de 3 à 5 kilomètres de large.
Pour reconstruire l'évolution du climat à cette période, les scientifiques ont analysé de minuscules fossiles d'organismes marins que l'on appelle les foraminifères.
Ces organismes unicellulaires se composent d'un test, une sorte de squelette calcaire dont la composition exacte va être influencée par la chimiechimie de l'océan. Or, on sait à quel point la chimie des océans est dépendante de la température. Grâce à ces analyses, les chercheurs ont donc pu observer les variations climatiques entre 35,5 et 35,9 millions d'années, et confirmer au passage les deux impacts durant cet intervalle de temps grâce à l'identification de petites sphérules de verre, créées par la vaporisationvaporisation des roches.
Sur le long terme, aucun impact sur le climat n’a été remarqué
Jusqu'à présent, les précédentes études paléoclimatiques de cette époque n'étaient pas concluantes, certaines associant les impacts à un refroidissement du climat, d'autres à un réchauffement. Les nouveaux résultats, basés sur un échantillonnageéchantillonnage plus vaste et diversifié de foraminifères, permettent cependant d'y voir plus clair.
Publiés dans la revue Communications Earth and Environment, ils révèlent ainsi que si le climat semble s'être réchauffé de 2 °C en surface environ 100 000 ans avant le premier impact, les deux astéroïdes en eux-mêmes ne semblent responsables d'aucune perturbation majeure, sur le long terme tout du moins.
Les chercheurs rappellent en effet que les échantillons ayant été récupérés avec un pas de 11 000 ans, il n'est pas possible de savoir quel a été l'effet climatique des deux impacts sur une échelle de temps plus courte, qui s'approcherait de celle d'une vie humaine. Cet effet à court terme, sur les dizaines d'années suivant un impact majeur, a cependant été mis en évidence dans d'autres études, portant notamment sur l’impact du Chicxulub, qui mit fin au règne des dinosauresdinosaures il y a 65 millions d'années.