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Les neiges du Mauna Kea (Crédit : Steven Parente).
Dans l'imaginaire des gens, Hawaï va de pair avec soleilsoleil, vagues et surfeurs. Pourtant, le Mauna Kea, là où se trouve le fameux observatoire d'Hawaï avec les télescopestélescopes Keck, Subaru et CFHT, est bien connu pour être périodiquement recouvert de neige, d'ailleurs Mauna Kea signifie la "montagne blanche" en hawaïien.
Bien plus, dès le début du XXième siècle, les géologuesgéologues arpentant celui-ci avaient observé des moraines, une preuve indiscutable de la présence de glaciers sur cette île du Pacifique au climat plutôt tropical. Comme pour le Kilimandjaro, une partie de l'explication vient de l'altitude de cet édifice volcanique qui culmine à 4.200 mètres. Mais, jusqu'aux datations récentes à partir de l'héliumhélium 3 contenu dans des roches riches en olivinesolivines et pyroxènespyroxènes, personne n'imaginait qu'un glacier avait persisté à des altitudes aussi basses que 3.500 m depuis un probable début de déglaciation il y a 18.000 ans, et ce, jusqu'à environ 15.000 ans avant aujourd'hui.
Grâce à ces nouvelles données, on pense maintenant que la calotte de glace recouvrant le Mauna Kea a probablement atteint son maximum d'extension entre 19.000 et 16.000 ans et qu'elle a persisté en l'état jusqu'à la fin. D'après certaines mesures, les glaces pouvaient même localement descendre en dessous de l'altitude de 3.200 m et les températures étaient en dessous de zéro au sommet presque toute l'année, quand bien même la température de l'océan, elle, atteignait 25 °C en été.
Carte de l'île principale d'Hawaï où se trouve le Mauna Kea (Crédit : USGS).
Une si longue persistance d'un glacier alors que la température augmentait partout ailleurs depuis des milliers d'années semble constituer une anomalieanomalie. Mais on commence à comprendre qu'en raison des régimes de pluviosité locaux, ainsi que de certains courants atmosphériques, la quantité de neige pouvant tomber ainsi que la température de l'atmosphèreatmosphère peuvent avoir des variations spatiales marquées en haute altitude. On connaît par exemple maintenant des régions proches dans les Andes où des glaciers ont commencé à se retirer il y a 34.000 ans, alors que dans leur voisinage, d'autres restaient stables jusqu'il y a 15.000 ans.
Il y a donc de grandes variabilités dans le temps en fonction des zones géographiques pour les glaciers en altitude.
Pour les chercheurs, les résultats concernant Hawaï sont importants pour améliorer la prévision de l'évolution du climat de notre planète dans le futur. En particulier, cela semble indiquer que de faibles variations de températures au niveau de la mer sont amplifiées en altitude. Comme le souligne Pierre Henri Blard, l'un des cinq chercheurs ayant publié l'article de Nature sur les glaciers d'Hawaï, « imaginez combien les conséquences de ce mécanisme peuvent être inquiétantes pour les dizaines de millions de personnes dont l'approvisionnement en eau dépend de la pérennité des glaciers de montagne (Andes, Himalaya). »