Notre Terre se réchauffe. Et la glace fond. Pas seulement du côté des pôles. Un peu partout dans le monde. Les glaciers disparaissent. De plus en plus rapidement. Mais aussi plus massivement que ne le pensaient jusqu’à présent les chercheurs. Là aussi, chaque dixième de degré compte…
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Dans les montagnes de notre belle Terre, il y a plus de 215 000 glaciers. Des glaciers qui, eux aussi, souffrent du réchauffement climatique. Il y a quelques mois, une étude le confirmait. Partout dans le monde, les glaciers fondent. Non seulement ils fondent, mais ils fondent désormais plus vite que jamais. Aujourd'hui, une équipe internationale de chercheurs renchérit. Leurs travaux montrent que, même dans les scénarios climatiques les plus optimistes, nos glaciers perdront beaucoup plus de massemasse que ne l'indiquaient jusqu'alors les estimations.
Cette conclusion, les chercheurs la tirent de nouveaux ensembles de données grâce auxquels ils ont produit des projections globales de tous les glaciers du monde. Tenant compte, notamment, pour la première fois de manière précise des processus physiquesphysiques clés contrôlant leur perte de masse. De quoi s'affranchir des limitations des projections existantes.
Des conséquences sur le niveau de la mer
Ce que les chercheurs annoncent, c'est que, sous des scénarios de hausse de la température allant de 1,5 à 4 °C au-dessus des moyennes préindustrielles, les glaciers du monde devraient perdre de 26 à 41 % de leur masse totale. Avec une situation qui s'aggrave -- ou s'améliore -- pour chaque dixième de degré de réchauffement en plus -- ou en moins. Même dans le scénario cible de +1,5 °C, jusqu'à la moitié des glaciers de la Terre seront perdus d'ici 2100. Si le monde suit la trajectoire des engagements pris à la COP26 -- de quoi tenir un réchauffement de +2,7 °C --, notre Planète connaîtra probablement une déglaciation complète de régions entières aux latitudes moyennes. Y compris, en Europe.
C'est ainsi le niveau de la mer qui devrait monter de manière plus significative que celle envisagée jusqu'à présent. Plus globalement, la Terre se verra exposée à des changements dans l'hydrologie et la disponibilité en eau douce, l'écologieécologie et les risques naturels. Mais les chercheurs notent que tout effort visant à limiter l'augmentation de la température moyenne mondiale aura un effet direct sur la réduction du nombre de glaciers qui seront perdus. Et sur ces conséquences...
Urgence climatique : les glaciers fondent plus vite que jamais dans le monde entier
Partout dans le monde, les glaciers fondent sous l'effet du réchauffement climatiqueréchauffement climatique anthropique. Mais l'ampleur du phénomène restait à préciser. Aujourd'hui, des chercheurs assurent qu'ils perdent chaque année près de 300 milliards de tonnes de glace. Et que le rythme de cette fontefonte s'est nettement accéléré ces vingt dernières années. Participant substantiellement à l'élévation du niveau de la mer.
Article de Nathalie MayerNathalie Mayer paru le 02/05/2021
Pour la première fois, des chercheurs du CNRS, avec le soutien du Centre national d'études spatiales (Cnes), sont parvenus à mesurer avec précision, les changements d'épaisseur de tous les glaciers du monde - ou disons très exactement de 97 % d'entre eux. Et leurs conclusions ne sont pas réjouissantes. Quel que soit l'endroit de la Planète, ou presque, les glaciers fondent aujourd'hui à un rythme record et qui s'accélère. Sous l'effet du réchauffement climatique anthropique.
Entre 2000 et 2004, les glaciers du monde perdaient chaque année quelque 227 milliards de tonnes. Entre 2015 et 2019, ils ont fondu d'environ 298 milliards de tonnes de glace chaque année. En d'autres mots, alors qu'en 2000, les glaciers se sont amincis de 36 centimètres, ils ont perdu pas moins de 69 centimètres en 2019. Leur masse globale a, quant à elle, chuté en moyenne de 267 milliards de tonnes par an depuis 2000. C'est plus que la calotte du Groenland ou que celle de l'AntarctiqueAntarctique. Et c'est assez pour déverser 50 centimètres d'eau sur l'ensemble de la France métropolitaine.
Ces valeurs, les chercheurs les tiennent de l'analyse d'un demi-million d'images prises par le satellite Terra de près de 220.000 glaciers. Grâce à deux caméras, il acquiert régulièrement depuis 2000, des couples d'images de la surface de la Terre. Et ces images ont permis aux scientifiques de créer des modèles numériquesmodèles numériques de l'élévation des glaciers avec une précision spatiale et temporelle inégalée.
La fonte des glaciers fait monter le niveau de la mer
Pour les glaciologues du monde entier, ce travail change littéralement la donne. Car seulement quelques centaines de glaciers sont à ce jour surveillées in situ. Ces nouvelles données devraient permettre aux chercheurs de mieux contraindre leurs modèles. Pour mieux évaluer l'interaction entre le climatclimat et les glaciers. Ils notent ainsi d'ores et déjà que si des changements décennaux dans les régimes de précipitationsprécipitations expliquent certaines anomaliesanomalies observées régionalement -- en Scandinavie, par exemple -- l'accélération globale de perte de masse des glaciers reflète clairement le réchauffement global de l’atmosphère.
Les chercheurs s'attendent également à mieux prévoir, notamment, quelle sera la contribution des glaciers à l'élévation du niveau de la mer. Le phénomène, souvent attribué à la fonte des glaces au Groenland et en Antarctique, semble en effet également « substantiellement » lié à la fonte des glaciers.
Le saviez-vous ?
Les glaciers correspondent à des rivières de glace qui se forment par accumulation de neige pendant des années. Environ 10 % de la surface de notre Planète est aujourd’hui couverte par les glaciers. Ils stockent 70 % de l’eau douce.
Si toute la glace fondue depuis 2000 a atteint l'océan, les chercheurs calculent en effet qu'elle a déjà contribué à faire monter le niveau des eaux de 0,74 millimètre par an. Ils estiment par ailleurs qu'entre 6 et 19 % de l'accélération de l'élévation du niveau de la mer au XXIe siècle est due à la perte de masse des glaciers. Alors que 21 % de cette élévation proviendrait de ces eaux de fonte glaciaire. Selon les auteurs de l'étude, « une preuve supplémentaire scientifiquement rigoureuse de l'urgence d'une action rapide et collective pour réduire nos émissions de gaz à effet de serre ».
La fonte des glaciers, principale cause de la montée des océans
La fonte des glaciers du globe jouerait un rôle majeur dans l'élévation du niveau des océans, bien plus que la dilatationdilatation thermique de l'eau ou la fonte des glaces du Groenland et de l'Antactique. La montée des eaux causée par ce phénomène entre 1902 et 2009 a été estimée à 11 cm. Ce chiffre pourrait augmenter de 15 cm supplémentaires d'ici 2100.
Article de Quentin MauguitQuentin Mauguit paru le 19/11/2012
Le niveau moyen des océans ne cesse de monter depuis le début du XXe siècle. Sa hausse totale pour cette période serait actuellement estimée à 20 cm. Deux facteurs liés au réchauffement de notre planète permettent de l'expliquer. D'une part, l'augmentation des températures provoque une dilatation thermique de l'eau et donc un accroissement de son volumevolume. D'autre part, la chaleurchaleur fait fondre les glaces, quelles que soient leurs origines. Le cas de la banquise arctique a défrayé l'actualité l'été dernier mais n'oublions pas que de grandes quantités d'eau douce sont également emprisonnées au sein des glaciers.
Ben Marzeion et ses collègues de l'University of Innsbruck (Autriche) ont déterminé leur implication dans l'élévation moyenne du niveau des océans durant le siècle dernier. Ils ont modélisé les quelque 300.000 glaciers que porteporte notre planète, en excluant le Groenland et l'Antarctique. Leur évolution au cours du temps a ensuite été retracée en tenant compte des précipitations et températures soigneusement enregistrées depuis de nombreuses années. Les résultats fournis par les simulations ont ensuite été validés par des milliers de mesures prises sur le terrain.
Ainsi, de 1902 à 2009, la fonte des glaciers aurait provoqué une élévation moyenne des mers de 114 ± 5 mm, soit environ 11 cm. Il s'agirait donc de la principale cause expliquant la montée des eaux, avant même la fonte des glaces de l'Antarctique et du Groeland et la dilatation thermique ! Ce résultat a été publié dans la revue The Cryosphere.
Moitié moins de glace dans les Alpes en 2040
Étonnamment, le taux global de fonte durant le XXe siècle aurait été relativement constant, malgré les changements de température. En effet, en périodes froides, les glaciers s'agrandissent, descendent en altitude et s'arrêtent dans les zones plus chaudes où... ils fondent. Par ailleurs, le début du siècle, qui était considérablement plus froid qu'aujourd'hui, aurait été marqué par deux périodes relativement chaudes en Arctique (dans les années 1930 et 1950). Elles ont alors provoqué une importante fonte des glaciers canadiens.
Des projections ont également été réalisées pour déterminer l'impact de la fonte des glaciers sur le niveau moyen des mers d'ici 2040, 2100 et 2300. Pour ce faire, 15 modèles climatiques appartenant au Coupled Model Intercomparison Project phase 5 (CMIP5) ont été utilisés afin d'estimer le développement probable des températures et de la pluviométrie dans les siècles à venir. Pour chacun d'entre eux, quatre scénarios possibles d'évolutions techniques, économiques et sociales de notre société ont été lancés (RCPRCP 2.6, 4.5, 6.0 et 8.5). Ils permettent notamment d'estimer dans le temps les quantités de gaz à effet de serre que nous émettrons.
Les Alpes, comme toutes les régions abritant de petits glaciers, pourraient ainsi perdre la moitié de leur glace d'ici 2040, mais sans grande conséquence sur les océans du globe (élévation de 0,2 mm). La situation est tout autre pour les pays possédant de grandes masses d'eau gelée. Ainsi, le Canada conservera 70 % du volume de ses glaciers arctiquesarctiques d'ici 2100, mais les parties fondues auront entretemps provoqué une hausse de 2 cm du niveau des mers !
Globalement, le niveau moyen des océans pourrait augmenter de 148 ± 35 mm (RCP 2.6) à 217 ± 47 mm (RCP 8.5) d'ici la fin du siècle. En 2300, la hausse devrait être d'au minimum 248 ± 66 mm (RCP 2.6), la limite maximum étant fixée à 424 ± 46 mm (RCP 8.5). Bien sûr, tous ces chiffres, qui ne tiennent pas compte de la fonte des glaces du Groenland et de l'Antarctique et de la dilatation thermique de l'eau, restent sujets à de nombreuses incertitudes. Pour information, le RCP 2.6 correspond à un scenario très optimiste où l'Homme arriverait rapidement à stopper la production de CO2 puis à en absorber.