La culture massive de biocarburants pose de multiples problèmes, dont bien sûr son impact sur le réchauffement climatique. Selon des simulations faisant intervenir des cultures énergétiques basées sur le Miscanthus x giganteus, sa dette en carbone du fait du remplacement des autres végétaux serait remboursée en quelques dizaines d’années au lieu des centaines parfois évoquées pour, par exemple, l’éthanol tiré du maïs.

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Des plants de Miscanthus x giganteus cultivés par des chercheurs pour étudier son potentiel comme biocarburant et puits de carbone. Crédit : Université du Minnesota

Des plants de Miscanthus x giganteus cultivés par des chercheurs pour étudier son potentiel comme biocarburant et puits de carbone. Crédit : Université du Minnesota

Le monde est de plus en plus confronté à la nécessité de disposer de nouvelles sources d'énergie, durables, et à celle de réduire les émissions de CO2. L'une des voies étudiées est celles des biocarburants, en particulier la production de bioéthanol à partir du blé ou du maïs (des algues comme l'ulve sont aussi envisagées). Mais cette voie est étroite. Lorsque l'on calcule la quantité de plantes nécessaire pour remplacer complètement le pétrole et les coûts environnementaux et énergétiques liés à l'emploi de pesticides, d'engrais et à la taille des cultures, on peut légitimement se demander si le remède n'est pas pire que le mal.

Depuis plusieurs années cependant, des laboratoires sur la planète, dont l'Inra en France, se penchent sur le cas d'une plante hybride pérenne de la famille des poacées (autrefois appelées graminées) : le Miscanthus géant (Miscanthus × giganteus). Elle présente un remarquable potentiel en tant que puits de carbone et agrocarburant mais aussi comme source de fibres, pour la pâte à papier en particulier.

On sait cependant que développer des biocarburants, par exemple avec des cultures massives de maïs ou de blé, en éliminant une couverture végétale déjà présente, va se payer en bilan carbone, augmentant ainsi l'effet de serre. Toutefois, on peut montrer que sur le long terme, cette dette carbone peut se rembourser. Le problème est que généralement, ce délai est très long, entre 167 et 420 ans selon les estimations pour les biocarburants liquides.

En simulant l'impact sur le bilan carbone qu'aurait la mise en culture massive du Miscanthus géant en tant que culture énergétique, un groupe de chercheurs, dans un article publié dans la revue Global Change Biology Bioenergy, estime cependant que dans ce cas, la dette carbone peut être remboursée en 30 ans seulement.