Depuis leur domestication, les chiens ont suivi les Hommes dans leurs migrations. Aujourd’hui, la découverte d’un fragment os du chien le plus vieux des Amériques éclaire l’arrivée des humains sur le nouveau continent.


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    C'est dans une grotte, du côté de l'Alaska, qu'il a été trouvé. Un morceau de la tête d'un fémurfémur de pas plus d'un centimètre de diamètre. Un fragment d’os qui appartenait à un chien. Un fragment âgé de quelque 10.200 ans, ce qui fait du chien auquel il a appartenu, le plus vieux jamais trouvé aux Amériques.

    Ce sont des analyses ADNADN réalisées par des chercheurs de l’université de Buffalo (États-Unis), qui ont révélé à la fois son âge et son origine -- les scientifiques l'avaient auparavant classé parmi les os d'ours. Les analyses d'ADN mitochondrialADN mitochondrial ont aussi montré un lien étroit avec la première lignée de chiens domestiqués vivant en Sibérie il y a environ 23.000 ans. Et une division des populations aux alentours d'il y a 16.700 ans.

    Une analyse isotopique de l’os trouvé en Alaska suggère que cet ancien chien se nourrissait d’animaux marins. Les chiens n’étant pas naturellement doués pour la pêche, il y a fort à parier que celui-ci était nourri par les Hommes qu’il accompagnait dans leur migration le long des côtes américaines. © fserega, Adobe Stock
    Une analyse isotopique de l’os trouvé en Alaska suggère que cet ancien chien se nourrissait d’animaux marins. Les chiens n’étant pas naturellement doués pour la pêche, il y a fort à parier que celui-ci était nourri par les Hommes qu’il accompagnait dans leur migration le long des côtes américaines. © fserega, Adobe Stock

    Migrations humaines : la preuve par leurs chiens

    Rappelons que les chercheurs ont un temps pensé que les premiers Américains étaient arrivés là par ce qui est aujourd'hui le Montana. En suivant un couloir entre les deux grandes calottes glaciairescalottes glaciaires qui recouvraient les territoires après le dernier pic glaciaire. Un couloir qui ne s'est ouvert qu'il y a 12.000 ans environ. Mais la découverte de cet os de chien raconte une histoire différente. Celle des premiers Américains arrivés par le nord en passant d'île en île en bateau, puis en longeant les rivages. Et ce, il y a 17.000 ans.

    Cet os constitue une preuve de plus que des chiens ont suivi leurs maîtres dans leur migration vers les Amériques bien plus tôt que ne le pensaient jusqu'alors les chercheurs. Une preuve aussi que les chiens peuvent nous raconter des histoires intéressantes sur les anciennes migrations humaines.


    Les premiers Hommes sont arrivés en Amérique avec leurs chiens

    Une nouvelle étude révèle que les premiers humains, qui ont colonisé le continent américain par le nord, ont traversé le détroit de Béring en compagnie de leur chien.

    Article de Julie KernJulie Kern paru le 26/01/2021

    Les premiers humains arrivés en Amérique étaient accompagnés de leur chien. © Ettore Mazza
    Les premiers humains arrivés en Amérique étaient accompagnés de leur chien. © Ettore Mazza

    Le chien est le meilleur ami de l'être humain depuis des milliers d'années et les scientifiques tentent de retracer les grandes étapes de leur histoire commune. Une nouvelle étude génétiquegénétique et archéologique menée dans plusieurs universités européennes et américaines montre que, lorsque les premiers humains ont posé le pied en Amérique, ils étaient accompagnés de leurs chiens. Elle a été publiée dans PNAS le 25 janvier 2021.

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    Entre chien et loup : histoire du chien

    Les huskys sont originaires de Sibérie et appartiennent au groupe des chiens dits primitifs. Ce sont des races anciennes, très peu sélectionnées génétiquement par l'Homme, qui gardent une apparence et un caractère proches des premiers loups domestiqués. © Pexels, Pixabay
    Les huskys sont originaires de Sibérie et appartiennent au groupe des chiens dits primitifs. Ce sont des races anciennes, très peu sélectionnées génétiquement par l'Homme, qui gardent une apparence et un caractère proches des premiers loups domestiqués. © Pexels, Pixabay

    Les premiers chiens domestiqués en Sibérie

    Les scientifiques ont réalisé des analyses génétiques sur des restes humains et canins dans plusieurs régions : la Sibérie, la Béringie, la bande de terre ferme entre la Sibérie et l'Alaska qui a servi de porteporte d'entrée en Amérique pour les humains -- aujourd'hui, le détroit de Béring --, et l'Amérique du Nord. Il apparaît que les premiers loups, ancêtres des chiens, ont été domestiqués en Sibérie, il y a environ 23.000 ans durant le dernier maximum glaciaire. Une autre étude, parue en 2020, a placé le début de la domestication du loup un peu plus en arrière dans le temps, il y a au minimum 28.500 ans.

    « Les preuves combinées provenant des restes d'humains et de chiens nous aident à affiner notre compréhension de la longue histoire des chiens, et elles pointent désormais la Sibérie et le nord-est de l'Asie comme la région où sa domestication a commencé », explique Greger Larson, un paléogénéticien de l'université d'Oxford.

    Une présence opportuniste et des intérêts communs

    À cette période, où les conditions climatiques étaient très rudes, les loups gris (Canis lupusCanis lupus) et les Hommes convoitaient les mêmes proies. Ils se seraient alors progressivement rapprochés, profitant des butins de chasse des uns et des autres. La place du loup a pris plus d'importance dans les sociétés humaines, jusqu'à devenir un allié précieux. En vivant ainsi près des humains, les loups ont été progressivement domestiqués jusqu'à devenir une nouvelle sous-espèce, Canis lupus familiaris, le chien.

    Ainsi, ils ont suivi leurs maîtres dans leur voyage jusqu'au nord de l'Amérique. Il y a 15.000 ans, ils auraient franchi le détroit de Béring avec eux, et les auraient suivi dans leur colonisation rapide du continent américain. « Les chiens qui les ont accompagnés, alors qu'ils arrivaient dans un monde totalement nouveau, faisaient peut-être partie de leur culture autant que les outils en pierre qu'ils portaient », conclut David Meltzer, anthropologue à l'Université de Dallas.

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