Des chercheurs de l’institut Max-Planck ont découvert que certaines chauves-souris utilisent les tempêtes à leur avantage lors de leurs migrations annuelles.


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    Les migrations de certaines chauves-souris sont impressionnantes. C'est le cas des Noctules communes, ou Nyctalus noctula. Ces petits mammifères migrent sur une distance pouvant avoisiner les 1 600 kilomètres. Mais observer la migration de ces chauves-souris est assez rare et difficile. C'est pourquoi le phénomène est resté une énigme presque complète.

    Aujourd'hui, une équipe de chercheurs de l'Institut Max-PlanckPlanck du comportement animal a percé le mystère de leurs déplacements dans une étude publiée dans la revue Science. Ils ont notamment découvert que les Noctules communes « surfent » sur les tempêtes afin d'économiser leur énergieénergie.

    Un système de balisage de pointe

    Grâce à une nouvelle technologie de capteurscapteurs, les chercheurs ont étudié 71 Noctules communes lors de leur migration printanière à travers le continent européen. Chaque printemps, pendant trois ans, les scientifiques ont posé des balises sur des Noctules communes en Suisse, en se concentrant exclusivement sur les femelles, davantage migratrices que les mâles.

    La balise attachée aux chauves-souris pesait tout juste un gramme. © Christian Ziegler / <em>Max-Planck Institute of Animal Behavior</em>
    La balise attachée aux chauves-souris pesait tout juste un gramme. © Christian Ziegler / Max-Planck Institute of Animal Behavior

    Pesant seulement 5 % de la massemasse corporelle totale de la chauve-souris, la minuscule balise apposée sur le dosdos des animaux est composée de plusieurs capteurs qui enregistrent la localisation des chauves-souris, leurs niveaux d'activité et la température de l'airair ambiant.

    Normalement, les scientifiques devraient être obligés de trouver les individus marqués et se rapprocher suffisamment pour télécharger des données aussi détaillées. Mais leur récent dispositif a permis de les rendre accessibles depuis n'importe où. « Les balises communiquent avec nous où que se trouvent les chauves-souris parce qu'elles couvrent toute l'Europe, un peu comme un réseau de téléphonie cellulaire », explique Timm Wild, coauteur de l'étude.

    Les chauves-souris surfent sur les tempêtes

    Cette découverte s'est faite un peu par hasard. Tout est parti d'un constat : « Contrairement aux oiseaux migrateurs, les chauves-souris ne prennent pas de poids pour se préparer à la migration, explique Dechmann. Elles ont besoin de se ravitailler chaque nuit, ce qui fait que leur migration se fait en zigzaguant plutôt qu'en ligne droite ».

    En étudiant les schémas de vol pour mieux les comprendre, l'équipe a découvert que, certains jours, il y avait une explosion du nombre de départs simultanés. « Nous souhaitions comprendre à quoi toutes ces chauves-souris réagissaient ces nuits-là », raconte Edward Hurme, principal auteur de l'étude.

    Résultat, les chauves-souris partaient les nuits durant laquelle la pression atmosphérique diminuait et la température augmentait. En d'autres termes, les chauves-souris partaient avant l'arrivée d'une tempête, « s'appuyant sur des vents arrière chauds », détaille Hurme. Les balises, qui mesurent les niveaux d'activité, ont également montré que les chauves-souris utilisaient moins d'énergie pour voler lors de ces nuits de vent chaud, confirmant qu'elles bénéficient de l'aide des tempêtes.

    Les chercheurs ont également découvert que les Noctules communes sont capables de voler presque 400 kilomètres d'affilée en une seule nuit.

    Mieux préserver les chauves-souris

    Mais les implications de ces résultats vont au-delà d'un aperçu biologique de ce comportement peu étudié. « D'autres études comme celle-ci ouvriront la voie à un système capable de prédire de la migration des chauves-souris, explique HurmeNous pouvons être les gardiens des chauves-souris, en aidant les parcs éoliens à éteindre leurs turbines les nuits durant lesquelles elles leur passent au travers ».

    En France, l'espèceespèce connaît un déclin alarmant, avec une perte d'environ 57 % depuis 2006 selon la LPO.

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