En 1988, l’Organisation météorologique mondiale et le Programme des Nations unies pour l’environnement créaient le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat, le Giec. Trente ans plus tard, cette organisation intergouvernementale fait référence dans le domaine du changement climatique, que ce soit pour la communauté scientifique que pour les décideurs politiques. Revenons sur ce parcours et sur l'évolution des connaissances qu'il a permis, entre doutes et certitudes.

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    Le Giec (Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climatGroupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat) a 30 ans cette année. Son anniversaire a été fêté ce 13 mars au siège parisien de l'Unesco. Rappelons que cet organisme n'effectue pas de recherche scientifique à proprement parler. Il est chargé de passer en revue et de synthétiser, tous les cinq ans en moyenne, l'état des connaissances scientifiques sur le changement climatiquechangement climatique ainsi que les possibilités envisagées pour atténuer le phénomène ou s'y adapter. Il édite aussi des rapports spéciaux sur les sources d'énergies renouvelables notamment.

    Depuis sa création en 1988, le Giec a publié 5 rapports d'évaluation en 1990, en 1995, 2001, 2007 et 2014. Après la publication de son cinquième rapport, il a entamé son sixième cycle d'évaluation, dont l'objectif est de publier un rapport complet en 2022 sur trois grands aspects : la science du climat, les impacts du changement et les moyens de l'adaptation.

    Le saviez-vous ?

    Trois rapports spéciaux seront aussi produits au cours de ce sixième cycle :

    • en octobre 2018, un premier rapport spécial sur l’impact d’un réchauffement global de 1,5 °C au-dessus des niveaux pré-industriels et sur les trajectoires d’émission de gaz à effet de serre correspondantes.
    • en septembre 2019, un deuxième rapport spécial sur les liens entre le changement climatique, les océans et la cryosphère.
    • en septembre 2019, un troisième rapport spécial sur les liens entre le changement climatique, la désertification, la dégradation des terres, la gestion durable des terres, la sécurité alimentaire et les flux de gaz à effet de serre dans les écosystèmes terrestres.

    Le Giec suit l'évolution de la connaissance de la machine climatique en évaluant et synthétisant les travaux menés dans les laboratoires du monde entier. Cette synthèse de la littérature scientifique ne se fait évidemment pas de manière partisane. Quels que soient les sujets climatiques, le Giec synthétise autant les accords que les désaccords et rend publics des rapports aussi exhaustifs que possible, sans oublier de mentionner quels sont les points certains et ceux en suspens.

    Ainsi, le quatrième rapport la communauté scientifique semblait converger vers l'idée que l'augmentation du nombre de cyclones était liée au réchauffement climatique. Mais, dans le cinquième rapport, cette même communauté n'était plus aussi affirmative. Autre exemple, entre la publication du premier rapport et du cinquième, l'hypothèse de la hausse des températures liée à l'activité humaine s'est progressivement imposée pour devenir aujourd'hui la certitude que l'on connaît.

    Si on devait résumer en quelques lignes le bilan de ces trente dernières années, nous écririons que de manière générale on comprend de mieux en mieux la machine climatique. Les affirmations se font plus fermes mais de nombreux points, et non des moindres, sont sujets à débats.

    Par exemple, la vitessevitesse à laquelle les calottes glaciaires vont fondre est toujours inconnue. Pour comprendre cette incertitude, il faut savoir que la dynamique des glaces n'est pas bien modélisée. Les scientifiques ne savent pas comment les calottes vont réagir à l'augmentation des températures et quelles en seront les conséquences pour le climat. Les scénarios les plus catastrophiques du Giec pronostiquent l'arrêt du Gulf Stream, un courant qui influe fortement sur le climat européen. Cette autre incertitude s'explique par la connaissance incomplète de la dynamique des océans. De plus, dans certains modèles, la fontefonte des glaces résultent plutôt des cycles naturels que du réchauffement du Globe. Bref, le Giec a de beaux jours devant lui.

    Avec un fonctionnement unique en son genre, le Giec fait l'unanimité, même si quelques voix discordantes se font entendre lors des grands sommets. À l'avenir, les pouvoirs publics seraient bien inspirés d'installer des Giec similaires en face des nombreuses controverses scientifiques qui agitent nos sociétés modernes, plutôt que de s'en remettre à des blogsblogs ou des rapports d'associations militantes. C'est notamment vrai pour les ondes électromagnétiquesondes électromagnétiques, dont on connaît mal la nocivité, ou le glyphosate, cet herbicide controversé que certains États autorisent, comme la France, et d'autres non.

    Note

    À l'occasion des 30 ans du Giec, les climatologues du CEA vous expliquent comment s'est créé cet organisme intergouvernemental, son fonctionnement et ses rapports scientifiques.