La conférence des Nations Unies sur les changements climatiques s'ouvre ce dimanche 30 novembre au Bourget, près de Paris, et se tiendra jusqu'au 11 décembre 2015. Des avancées politiques sont espérées pour ralentir le changement climatique qui a de nombreux effets négatifs sur la santé des populations en affectant la qualité de l'air, les ressources alimentaires, la transmission de maladies infectieuses, le risque d'inondations et d'insécurité.

Depuis le 20e siècle, les émissions de gaz à effet de serre issues des activités humaines, comme le dioxyde de carbone, se sont accentuées : la concentration en CO2 aurait ainsi gagné 30 % en un siècle. Comme ces gaz absorbent les infrarouges, ils retiennent la chaleur dans l'atmosphère et sont à l'origine d'une élévation globale des températures. Ce rythme s'est même accentué au cours des 25 dernières années avec une hausse des températures de 0,18 °C par décennie. Les conséquences sur l'environnement sont multiples : élévation du niveaux des mers, fonte des glaciers, événements météorologiques extrêmes plus fréquents et plus intenses. Mais cette élévation des températures a-t-elle un impact sur la santé et, si oui, lequel ?

En octobre 2015, l'OMS a diffusé de nombreuses données sur les conséquences des changements climatiques sur la santé dans le monde. Certes, il peut apparaître quelques avantages, par exemple dans les zones tempérées qui connaîtraient des hivers plus doux. Mais l'organisation internationale alerte surtout des effets néfastes.

En premier lieu, le climat influence la qualité de l'air extérieur et intérieur. Quand les températures augmentent, la concentration en polluants comme l'ozone, qui ont un impact sur les maladies cardiovasculaires et respiratoires, s'accroissent. De plus, l'élévation du taux de CO2 peut augmenter la quantité de pollen produite, tandis que la montée des températures a tendance à allonger cette période de production. Le changement climatique et la pollution renforcent donc les problèmes d'allergies. Les conditions caniculaires favorisent aussi la mortalité cardiovasculaire et respiratoire chez les personnes âgées, comme cela a été le cas en 2003 où 70.000 décès supplémentaires ont été enregistrés en Europe.

Autre conséquence du climat sur la santé : les catastrophes naturelles climatiques ont un impact sur la sécurité des habitations. Ainsi, l'élévation du niveau des mers est une menace, alors que 634 millions de personnes vivent dans une « zone côtière de faible élévation », c'est-à-dire à moins de 10 mètres au-dessus du niveau de la mer. Les inondations, en plus de détruire des habitations, ont des conséquences sanitaires sur l'approvisionnement en eau douce et sur le risque de transmission de maladies, par manque d'hygiène et par création de sites où pullulent des larves d'insectes vecteurs de maladies comme les moustiques.

D'après la banque mondiale, l'augmentation des températures accentuera l'extrême pauvreté dans le monde. © Idé

D'après la banque mondiale, l'augmentation des températures accentuera l'extrême pauvreté dans le monde. © Idé

Le climat pèse sur les questions d'alimentation et de sécurité

Le climat a aussi un impact sur la santé car il est un facteur clé dans la production agricole. En Afrique, l'OMS craint une diminution des productions vivrières dans certaines régions, ce qui augmenterait le risque de malnutrition. Cependant, la question de l'impact du réchauffement climatique sur l'agriculture est complexe. Certaines cultures pourraient bénéficier d'un effet fertilisant du dioxyde de carbone. Dans d'autres régions peu arrosées l'augmentation des températures rendra des terres impropres à la culture, tandis que d'autres surfaces pourraient être abandonnées à cause des inondations.

Globalement, l'OMS estime que, entre 2030 et 2050, environ 250.000 décès supplémentaires auront lieu par an en raison du changement climatique, à cause des problèmes de malnutrition (environ 95.000), de maladies infectieuses (60.000 par paludisme et 48.000 par diarrhées), et à cause des conséquences de la chaleur sur les personnes âgées (environ 38.000 décès). Les enfants sont particulièrement vulnérables car souvent touchés par les problèmes de malnutrition, de paludisme et de diarrhées. Les personnes âgées constituent une autre population à risque à cause des conséquences des conditions caniculaires sur leur santé.

Enfin, le changement de climat a des conséquences politiques et peut accroître l'insécurité, car des pays auront de plus en plus de difficultés à accéder à l'eau potable ou à disposer de terres agricoles, ce qui peut accroître les conflits. Les problèmes d'approvisionnement en eau et le manque de cultures vivrières peuvent amener des populations à se déplacer. Le rôle du réchauffement climatique dans le conflit en Syrie a souvent été évoqué : le pays a été particulièrement touché par la sécheresse ces dernières années, au point de devoir importer du blé en 2008. De nombreux agriculteurs syriens du nord-est du pays ont dû cesser leur activité par manque de précipitations et d'eau dans les nappes phréatiques. Sans être la cause du conflit syrien, la sécheresse a cependant aggravé la situation.

Pour toutes ces raisons, la diminution des émissions de gaz à effet de serre devrait aider à améliorer la santé dans le monde. Elle permettrait aussi de réduire la pollution de l'air intérieur et extérieur qui causent déjà des millions de décès par an.