Des drones ont permis de capturer des images inédites du comportement social des orques dans l'océan Pacifique. L'analyse des vidéos a révélé qu'il existe des amitiés fortes et des contacts physiques entre certains membres qui vont au-delà des relations de parenté existant parmi les individus du groupe.
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Aujourd'hui, le nombre de vidéos d'amateurs ne se compte plus nous prouvant que le comportement des cétacés au sein d'un groupe démontre des liens complexes. Il est pourtant très difficile de deviner la nature de ces interactions, tant les plongées sont hasardeuses, les enregistrements courts et les mammifères voyageurs et secrets. Des chercheurs de l'Université d'Exeter en Angleterre et du Centre de Recherches sur les Baleines aux États-Unis se sont intéressés aux interactions sociales qui existent parmi les groupes d'orques. Dans cette étude publiée dans les Proceedings of the Royal Society B, les auteurs rappellent que les données précédentes concernant les liens sociaux entre les orques étaient très parcellaires et consistaient à noter la composition d'un groupe à la surface de l'eau et les proximités de certains individus par rapport à d'autres.
De plus, puisque les orques restent dans le groupe dans lequel elles sont nées, l'étroitesse des liens entre les individus était supposée être le reflet de leurs liens de parenté. L'un des auteurs de l'étude, le Dr. Michael Weiss, explique pourtant que les liens établis ne sont pas uniquement génétiques. Il compare l'établissement des liens sociaux entre les orques avec le fait qu'une mère emmène son enfant à une fête à laquelle il n'a pas choisi de se rendre, pourtant, une fois qu'il s'y trouve, il a le choix des personnes avec lesquelles il veut rester.
Les contacts physiques au cœur du lien social
Afin d'enrichir leurs connaissances du comportement social des orques, une campagne de financement participative a été lancée et a permis d'acquérir des drones. Les membres de l'équipe de recherche ont ainsi pu filmer des orques durant dix jours, ce qui a constitué 651 minutes de précieuses vidéos et leur ont permis de s'immerger dans la vie sociale des orques comme cela n'avait encore jamais été fait. Ils ont ainsi pu découvrir que, même au sein d'un petit groupe d'orques, il était possible d'identifier ce que les auteurs qualifient d'« étroite amitié » entre certains individus qui, non seulement préfèrent nager ensemble, mais interagissent aussi avec des contacts physiquesphysiques.
L'analyse de ces contacts montre d'abord que les orques ont tendance à interagir plutôt avec des individus du même âge et du même sexe. Les jeunes orques et les femelles ont également un rôle central dans la cohésion du groupe, contrairement aux individus les plus âgés qui sont socialement plus détachés.
Les auteurs sont très enthousiastes car le comportement des orques qu'ils mettent en évidence est similaire à celui d'autres mammifères sociaux. Le comportement tactile renforce par exemple le lien social chez plusieurs espècesespèces, y compris chez l'Homme, en diminuant le stress des individus. Les orques ont aussi pu être observées en train de faire surface à l'unisson et cette coordination est aussi connue chez d'autres espèces comme étant un marqueur de lien fort entre les individus.