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Forêt de pin dans les Landes. Crédits DR
De 1991 à 1997, deux scientifiques, V. Nikonov et N. Loukina, ont étudié en détail l'acidité et la composition des précipitations dans les forêts de pins et de sapinssapins de la presqu'île de Kola, où se trouve, entre autres, l'usine de cuivrecuivre et de nickelnickel Severonikel, qui constitue l'une des plus grosses sources de pollution industrielle aérienne de l'Europe septentrionale. Elle est à l'origine de pluies acidesacides sur une immense étendue de forêts de conifères, tandis que la poussière contenant des métauxmétaux lourds (essentiellement du cuivre et du nickel, donc) est dispersée au loin et se dépose sur la cime des arbres.
L'eau de pluie qui descend le long d'un arbre change de composition. D'ordinaire, elle absorbe au passage de la poussière, des excréments d'insectes et des produits végétaux provenant de l'arbre, ainsi que divers éléments tels que du carbonecarbone, du calciumcalcium, du manganèsemanganèse. Ainsi, l'eau des précipitations qui parvient par ruissellement directement sous les conifères est plus chargée en une foule d'éléments que l'eau des précipitations que l'on trouve dans les zones situées entre les arbres. Dans les forêts de pins, cette loi s'observe de manière moins marquée.
Dans les forêts de la presqu'île de Kola proches des zones industrielles, il n'est pas rare que les pluies acides rongent littéralement les aiguilles des conifères, leur retirant des quantités additionnelles d'ionsions de calcium, de magnésiummagnésium et de manganèse. L'eau de pluie qui dégouline du sommet des sapins est donc encore plus acide. Sa teneur en nickel et en cuivre augmente de l'ordre d'une cinquantaine à une centaine de fois. C'est la raison pour laquelle la végétation et la terre situées sous les arbres de ces régions - et notamment sous les sapins aux longues branches - souffrent beaucoup plus de la pollution. Et c'est pour la même raison, également, que ces arbres meurent peu à peu, les forêts devenant de plus en plus clairsemées.
V. Nikonov et N. Loukina ont également constaté une anomalieanomalie. Lorsqu'ils étudient l'impact des précipitations atmosphériques sur les forêts nordiques, les écologistes n'évaluent généralement que les espaces "ouverts" des forêts (autrement dit, les espaces entre les arbres), et non le dessous des arbres. Les deux chercheurs de l'Institut de Kola considèrent que ces évaluations donnent des résultats inférieurs au niveau de pollution réel. Ils préconisent donc d'analyser la pollution directement sous la cime des arbres.
Par Nicolas Quenez
BE Russie numéro 22 (16/07/2009) - Ambassade de France en Russie / ADIT - www.bulletins-electroniques.com/actualites/59962.htm