Découvrez les étranges mœurs des trois plantes carnivores les plus connues. Au fil du temps, leurs ancêtres ont mis au point des pièges redoutablement efficaces et étonnamment variés.

Carl von Linné, célèbre et prolifique naturaliste du XVIIIe siècle, ne voulait pas croire à cette affaire de dionée capturant une mouche, qu'un collègue lui avait rapportée. Un végétal se nourrissant d'un animal lui semblait aller « contre les lois de la nature établies selon la volonté divine ». C'est un autre naturaliste célèbre, Charles Darwin, qui montra la véracité de l'observation un siècle plus tard.

Aujourd'hui, environ 700 espèces de plantes carnivores sont connues et les botanistes en découvrent régulièrement de nouvelles. Elles se distribuent sous toutes les latitudes et dans plusieurs « ordres » du règne végétal. La « carnivorité » a été inventée plusieurs fois.

La plupart savent attirer les insectes par des couleurs, des odeurs ou des phéromones. Les pièges sont très variés et l'habitude est d'en distinguer deux types. Les plus surprenants sont les « pièges actifs », comme ceux des dionées, dans lesquels un mouvement brusque vient enfermer l'animal. Les « pièges passifs » sont tout aussi efficaces. Chez les droséras, des minuscules tentacules portent des gouttelettes collantes qui engluent l'animal. Il y a bien un mouvement chez ces espèces, mais il est très lent. La feuille s'enroule et la proie est amenée vers son centre. Chez les népenthès, rien ne bouge. L'urne d'où s'échappent de délicieuses effluves a des parois si glissantes qu'un petit animal trop aventureux tombera au fond, dans un jus où prolifèrent des bactéries.

Les animaux sont une source de sels minéraux

Toutes ces plantes digèrent leurs proies. Elles produisent une collection d'enzymes qui dégradent les chairs et les cuticules, avec l'aide de bactéries, qui profitent du festin. Les plantes carnivores ne se nourrissent pas vraiment de la matière organique des animaux mais elles y trouvent surtout des sels minéraux, comme l'azote, le phosphore ou le soufre. Ces végétaux vivent d'ailleurs en général sur des sols pauvres en minéraux. Cet apport animal est donc un complément précieux qui leur permet de coloniser de nouveaux milieux.

Dans la plupart des cas, les proies sont des insectes mais pas toujours, loin s'en faut. Les plantes carnivores capturent aussi, selon les espèces, des protozoaires (organismes unicellulaires), des araignées, des limaces et même des vertébrés. Des grandes népenthès ont été vues digérant des petites rongeurs et des oisillons.