Les scientifiques s'intéressent de plus en plus aux stratégies défensives des plantes et notamment à leur façon de se fondre dans le paysage afin de se protéger des prédateurs. Le camouflage végétal présente de nombreux points communs avec les techniques utilisées par les animaux pour se dissimuler. Un merveilleux exemple pour comprendre le fonctionnement de l'évolution.

 

 

 


au sommaire


    Les recherches sur le camouflage des plantes sont limitées par rapport à la richesse des connaissances sur la façon dont les animaux se dissimulent. Toutefois, des travaux menés par des scientifiques de l'université d'Exeter et de l'institut de botanique de Kunming ont révélé que les plantes ont recours à toute une série de techniques connues depuis longtemps pour être utilisées... par les animaux. L'étude a été publiée dans la revue Trends in Ecology and Evolution.

    L’art de disparaître dans le décor

    Parmi ces méthodes, on retrouve l'homochromie, qui consiste à s'adapter aux couleurscouleurs de l'environnement. Les couleurs ne sont pas forcément unies : tâches, rayures ou autres formes peuvent faire partie de ce phénomène d'adaptation. « Il est clair que les plantes ne se contentent pas d'attirer les pollinisateurs et d'assurer la photosynthèse grâce à leurs couleurs : elles se cachent également aux yeuxyeux de leurs ennemis », affirme le professeur Martin Stevens, du Centre for Ecology and Conservation sur le campus Penryn d'Exeter, en Cornouailles (Royaume-Uni).

    L'une des espèces qui utilise cette méthode est Corydalis hemidicentra, une plante dont les feuilles sont de la même couleur que les rochers où elle pousse. De plus, les différentes populations de cette espèce ont un aspect variable, selon l'endroit où elles se trouvent :  merveilleux exemple de la façon dont le camouflage peut être adapté à différents habitats.

    Cette espèce de plantes à fleurs <em>Corydalis hemidicentra</em> est un bel exemple des capacités d’adaptation du camouflage à l’environnement. © Dr Yang Niu, Institut de botanique de Kunming (Académie chinoise des sciences) et d'Exeter
    Cette espèce de plantes à fleurs Corydalis hemidicentra est un bel exemple des capacités d’adaptation du camouflage à l’environnement. © Dr Yang Niu, Institut de botanique de Kunming (Académie chinoise des sciences) et d'Exeter

    De la « décorationdécoration » -- qui consiste à accumuler des éléments tels que de la poussière ou du sable sur leur surface -- à l'adoption de couleurs disruptivesdisruptives, très contrastées -- permettant de rendre troubles les contours et de mieux se confondre avec les éléments qui l'entourent --, les plantes utilisent de nombreuses méthodes identiques à celles des animaux pour se camoufler. « Nous devons maintenant découvrir à quel point le camouflage joue un rôle important dans l'écologie et l'évolution des plantes », déclare Martin Stevens. Le camouflage des plantes constitue un nouveau terrain d'expérimentation en matièrematière d'écologie et d'évolution.