Quand les sirènes chantent, les marins perdent la tête. Quand les lumières restent allumées, ce sont les poissons qui, de la même manière, perdent la raison.


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    Dans la mythologie grecque, le chant des sirènes est réputé absolument irrésistible. Capable de faire perdre le sens de l'orientation à n'importe quel marin qui l'entendrait. Et c'est un peu ce que des chercheurs du Centre de recherches insulaires et observatoire de l'environnement de Moorea, en Polynésie française, viennent d'observer sur des poissons tropicaux.

    La lumière artificielle attire les poissons

    Ils ont profité de la conférence annuelle de la Society for Experimental Biology qui se tient jusqu'au 5 juillet à Prague (République tchèque) pour raconter comment ils ont étudié le recrutement des larves chez les poissons tropicaux. Et par « recrutement », entendez le nombre de poissons qui s'installent dans leur habitat et survivent à leurs années juvéniles avant de devenir adultes. « Un trait clé du cycle de vie des poissons qui a un impact sur la reconstitution des stocks et la condition physiquephysique des adultes », expliquent les chercheurs.

    Pour étudier les effets de la lumière artificielle sur les poissons, les chercheurs ont travaillé avec deux types de coraux : des coraux témoins exposés uniquement à la lumière naturelle et des coraux exposés la nuit à une pollution lumineuse d’une intensité similaire à celle produite par les stations balnéaires et les lampadaires. Ils se sont concentrés sur deux espèces de poissons : la demoiselle à queue jaune (<em>Dascyllus flavicaudus</em>) et le chromis bleu-vert (<em>Chromis viridis</em>). © Jules Schligler, Centre de recherches insulaires et observatoire de l’environnement
    Pour étudier les effets de la lumière artificielle sur les poissons, les chercheurs ont travaillé avec deux types de coraux : des coraux témoins exposés uniquement à la lumière naturelle et des coraux exposés la nuit à une pollution lumineuse d’une intensité similaire à celle produite par les stations balnéaires et les lampadaires. Ils se sont concentrés sur deux espèces de poissons : la demoiselle à queue jaune (Dascyllus flavicaudus) et le chromis bleu-vert (Chromis viridis). © Jules Schligler, Centre de recherches insulaires et observatoire de l’environnement

    Le rapport avec le chant des sirènes ? Eh bien, les chercheurs notent que de nombreux jeunes poissons préfèrent prendre quartier dans les environnements éclairés artificiellement. Les recrutements y sont ainsi deux à trois fois plus importants que dans les environnements éclairés naturellement. Malheureusement, comme le chant des sirènes, la lumière artificielle nocturne n'est pas seulement envoûtante, elle s'avère avoir des effets néfastes sur la croissance, le taux métabolique et la survie des poissons.

    Inclure la problématique lumière artificielle dans la préservation des poissons

    La lumièrelumière artificielle nocturnenocturne est bien sûr le produit d'activités humaines telles que l'utilisation de lampadaires le long des routes et d'éclairages en tout genre autour des usines, des résidences et des centres de villégiature à proximité des plans d'eau. Cette pollution lumineuse est désormais presque partout. Un quart du littoral serait impacté. Et le niveau augmente d'année en année. Avec une faune marine qui ne semble pas protégée de ses effets. Les chercheurs recommandent ainsi de prendre en compte le problème de la pollution lumineusepollution lumineuse dans les politiques de gestion et de conservation des poissons.