En Roumanie, des chercheurs ont réalisé une expérience étonnante en réintroduisant une espèce clé pour le climat. Il a suffit d'un troupeau de 170 bisons pour permettre de séquestrer la pollution au CO2 d'un nombre incroyable de voitures pendant un an.


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    Le changement climatiquechangement climatique a un impact énorme sur les animaux sauvages, mais l'inverse est aussi vrai. Certaines espèces jouent un rôle majeur dans la régulation du climat, et c'est le cas du bison. Qu'il soit américain ou européen, le bison est considéré comme l'une des espèces les plus importantes à réintroduire selon l'ONU. Et pour preuve, cette expérience réalisée en Roumanie au cours des 10 dernières années.

    Presque 10 fois plus de carbone séquestré grâce à la présence des bisons

    Les bisons européens ont complètement disparu de la Roumanie il y a plus de 200 ans. Deux grandes organisations environnementales, WWF et RewildingRewilding Europe ont commencé à réintroduire l'espèce dans le pays à partir de 2014. Avec 170 individus dans les montagnes Țarcu actuellement, il s'agit de l'un des plus grands troupeaux d'Europe. En utilisant un modèle informatique développé par l'Université Yale pour cerner l'impact des animaux sauvages sur le climat, les chercheurs ont réussi à estimer les conséquences de ce troupeau présent en Roumanie. Les 170 bisons ont brouté sur une surface de près de 50 km2 : grâce à l'action des bisons, ces pâturages naturels ont stocké dans les sols 54 000 tonnes de carbonecarbone en plus (l'un des principaux gaz à effet de serre), comparé au même pâturage sans bison. La présence du troupeau de bisons a en fait permis de séquestrer 9,8 fois plus de carbone, voire bien plus, selon l'étude publiée dans Biogeosciences. Ces 54 000 tonnes de carbone stockées dans le sol correspondent aux émissionsémissions de 43 000 voituresvoitures de type américaines, ou encore, aux émissions de 123 000 voitures de type européennes !

    Les bisons d'Europe réintroduits en Roumanie ont un impact encore plus grand sur la végétation que ce que les chercheurs pensaient. © Szymon Bartosz, Adobe Stock
    Les bisons d'Europe réintroduits en Roumanie ont un impact encore plus grand sur la végétation que ce que les chercheurs pensaient. © Szymon Bartosz, Adobe Stock

    Le comportement des bisons booste la végétation

    Comment les bisons ont-ils réussi une telle prouesse ? Les bisons broutent toutes les plantes des prairies de manière assez homogène, et permettent ensuite aux végétaux de germer grâce à leurs graines rejetées dans leurs déjections. Certaines plantes ne germent en effet que lorsqu'elles ont été digérées. Mais ce n'est pas tout, la forme des sabots des bisons laboure le sol d'une manière spécifique, et disperse également les graines. Les bisons se déplacent aussi énormément : ils ne font pas de surpâturage et leur marche compacte le sol, ce qui permet au carbone de ne plus s'échapper. En se roulant, les bisons exercent aussi une autre pressionpression sur le sol grâce à leur fourrure qui transporte aussi des espèces végétales.   

    Les bisons sont considérés comme des « héros du climat » et leur réintroduction entre directement dans le concept des Solutions fondées sur la Nature : il s'agit d'un ensemble de solutions naturelles permettant d'agit sur le changement climatique et ses conséquences. Les chercheurs expliquent que la présence des bisons permet de rétablir un équilibre qui avait été perdu depuis deux siècles en Europe. Pour les auteurs de l'étude, ces conclusions dépassent toutes les attentes. Elles sont la preuve ultime de l'urgence qu'il y a à réintroduire en massemasse les grands mammifères en Europe.