L’espadon chinois est ce poisson géant de 7 mètres, endémique du fleuve Yangtsé, dont l'espèce vient d'être déclarée éteinte par une étude scientifique. Une disparition emblématique du déclin dramatique de la biodiversité dans le plus grand fleuve d’Asie, victime de la pollution et de la destruction de son écosystème.


au sommaire


    Il pouvait mesurer jusqu'à 7 mètres de long et représentait l'une des deux dernières espèces de la famille des Polyodontidés, florissante il y a 34 à 75 millions d'années. L'espadon chinois (Psephurus gladius) a été déclaré éteint par les scientifiques dans la revue Science of the Total Environment.

    « Le roi des poissons d’eau douce », comme l'appellent les Chinois, était pourtant autrefois très commun dans le Yang-Tsé-Kiang, le plus long fleuve d'Asie. Dans les années 1970, on en pêchait en moyenne 25 tonnes par an, notamment pour le caviar et pour sa chair.

    L’espadon chinois, surnommé « le roi des poissons d’eau douce », se serait éteint en 2005 et 2010. © Wei Qiwei et al, <em>Science of the Total Environment</em>, 2020
    L’espadon chinois, surnommé « le roi des poissons d’eau douce », se serait éteint en 2005 et 2010. © Wei Qiwei et al, Science of the Total Environment, 2020

    Un barrage qui a coupé en deux la population

    Mais depuis, la population a largement décliné, victime de la surpêche et de la fragmentation de son habitat. Le premier coup dur a été porté en 1981 avec la constructionconstruction du barrage de Gezhouba, qui a littéralement coupé en deux la population, empêchant également l'espadon de remonter le fleuve pour sa reproduction. L'espèce a été classée « en danger critique » par l'UICNUICN (Union internationale pour la conservation de la nature) en 1996 et le dernier spécimen vivant a été aperçu en 2003, expliquent les chercheurs dans leur étude.

    Trop grand pour être élevé en captivité

    Ces derniers ont procédé à une vaste campagne de recensement en 2017-2018 couvrant les principaux bassins versants du Yang-Tsé-Kiang, soit 437 rivières et 27 lacs de plus de 100 km2. Parmi les 332 espèces identifiées, pas un seul espadon n'a été reporté. D'après leurs estimations basées sur les observations effectuées entre 1981 et 2003, les scientifiques estiment que le dernier spécimen s'est éteint entre 2005 et 2010. Et comme il n'en existe aucun en captivité et qu'il n'y a aucun espoir de le ressusciter en l'absence de tissu vivant, on peut donc considérer l'espèce comme éteinte selon les critères de l'UICN, expliquent les auteurs qui affirment s'être concertés avec les experts de l'institution pour modifier la catégorisation de Psephurus gladius. Plusieurs tentatives ont pourtant été menées pour raviver le mythique poisson. Mais du fait de sa grande taille, il est extrêmement difficile à élever en captivité.

    Le Yang-Tsé-Kiang, victime de la pollution et l’artificialisation de son cours. © Bernd Thaller, Flickr
    Le Yang-Tsé-Kiang, victime de la pollution et l’artificialisation de son cours. © Bernd Thaller, Flickr

    Le Yang-Tsé-Kiang, un fleuve en danger

    Cette disparition illustre la rapide dégradation écologique du Yang-Tsé-Kiang, dont deux autres espèces endémiquesendémiques -- l'alose des rivières (Tenualosa reevesii) et le baiji, aussi appelé dauphin de Chine (Lipotes vexilliferLipotes vexillifer) -- ont été déclarées éteintes respectivement en 2015 et 2006. Durant la campagne de recensement, 140 autres espèces historiquement présentes dans le fleuve n'ont pas pu être retrouvées et sont considérées comme « en grave danger », alertent les auteurs.

    Un moratoire de 10 ans sur la pêche commerciale

    Le Yang-Tsé-Kiang, aussi surnommé fleuve bleu, s'écoule sur 6.300 km et accueille plus de 4.000 espèces aquatiques. Malheureusement, depuis de nombreuses années, il est victime de la pollution urbaine et industrielle, de la surpêche et de la destruction de son écosystème notamment en raison de la multiplication des aménagements. Pas moins de six barrages ont été construits sur le fleuve, dont celui de Gezhouba et le gigantesque barrage des Trois Gorges qui a submergé 244 km2 de terresterres entre 2004 et 2009.

    Yu Zhenkang, le vice-ministre de l'agricultureagriculture et des affaires rurales chinoises, a reconnu à l'agence de presse Xinhua qu'il y avait un « déclin généralisé » des espèces rares dans le Yang-Tsé-Kiang. Le gouvernement s'est enfin décidé de prendre des mesures. Depuis le 1er janvier 2020, un moratoiremoratoire de 10 ans interdit la pêchepêche commerciale dans le Yang-Tsé-Kiang et 332 sites naturels le long du fleuve, rapporte le South China Morning Post. Trop tard hélas pour le mythique espadon.

     

    La splendeur des poissons combattants

    Une demi-lune qui nageCombattant rougeoyantPla-kads prêts au combatUn combattant du Siam demi-lune multicoloreUn combattant roséUn combattant tout feu tout flammeDanse d'un « big ears »Tout le spectre des couleurs des combattants
    Une demi-lune qui nage

    Chez le combattant « demi-LuneLune », la nageoire caudale se déploie largement, parfois jusqu'à plus de 180°.

    © Mr. Witoon Boonchoo, Shutterstock