Avec une bonne partie de la population mondiale coincée à la maison durant le confinement et la réduction significative des déplacements humains, les animaux sauvages réinvestissent les villes et les campagnes. Les scientifiques spécialistes des interactions humains-faune sauvage veulent profiter de cette parenthèse pour collecter des données précieuses permettant de mieux comprendre l'impact des activités de l'Homme sur la nature.
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Pendant que les humains étaient confinés pour limiter la propagation de la Covid-19Covid-19, la nature a repris ses droits. Derrière leur fenêtrefenêtre, les citadins ont remarqué le retour des oiseaux, certains ont surpris des renards ou des cervidés au milieu des rues désertes et des tortues ont pu pondre leurs œufs en toute tranquillité sur une plage du Brésil.
Cette respiration pour le monde sauvage intéresse les chercheurs en environnement. En effet, comme on inactive un gènegène pour comprendre son rôle, « l'anthropause », c'est-à-dire la diminution globale des activités humaines, notamment les déplacements, pourrait offrir un aperçu inédit du lien qui unit la société humaine à la nature. Dans un commentaire publié par Nature Ecology & Evolution, 15 chercheurs européens et américains espèrent que les différents projets d'étude sur l'impact de l'humain sur la biodiversité se coordonneront pour collecter des données précieuses.
Un confinement positif ou négatif selon les espèces
Pour certaines espèces animales, le confinement a été une véritable bouffée d'oxygène. Avec la diminution des menaces anthropiques comme la pollution sonore et le trafic terrestre et maritime, elles se sont déplacées plus librement. Ainsi, des rencontres rares ont pu être faites comme les dauphins dans le port de Trieste ou des chacals dans les rues de Tel Aviv en pleine journée.
Mais pour d'autres, ce bouleversement des habitudes humaines a créé de nouveaux problèmes. En effet, nombre d'animaux urbains dépendent de l'activité humaine pour se nourrir. C'est le cas par exemple des rats, des mouettes ou des singes. De plus, les gens se sont rués vers des lieux naturels (parcs publics et nationaux, plages...) dans les pays où ils n'étaient pas fermés, sans considérer la faune qui y réside. La présence humaine dans des zones protégées permet aussi de préserver des espèces en voie de disparition, cibles des chasseurs de trophées et autres braconniers. Sans rangers dans les parcs, les rhinocérosrhinocéros, pour ne citer qu'eux, sont plus vulnérables.
Les chercheurs ont compilé plusieurs données issues de campagnes de suivi d'espèces sauvages pour créer deux cartes : la première met en parallèle la densité de population humaine dans le monde avec les zones où des projets de suivi des populations animales sont en cours. La deuxième montre le changement de fréquentation des espaces naturels durant le mois d'avril 2020.
Les chercheurs indiquent que ces cartes doivent être interprétées avec précaution. Elles ne sont qu'une vision préliminaire des changements de l'activité humaine à une échelle grossière. Des travaux scientifiques plus fins sont nécessaires pour confirmer les tendances observées ici.
Coordonner les projets
C'est dans ce cadre que les chercheurs signataires du commentaire appellent les scientifiques à profiter du confinement partout dans le monde pour collecter des données précieuses sur les modifications biologiques des espèces, l'évolution des taux de reproduction et de mortalité, des comportements alimentaires ou les réponses au stressstress. Puis de partager ces données avec la communauté scientifique. Le projet Bio-Logging va dans ce sens et regroupe toutes les données recueillies par des scientifiques utilisant des bio-loggers, des enregistreurs de données fixés sur les animaux, quelle que soit la finalité de leur recherche.