Une étude récente vient de révéler des résultats surprenants sur l’espérance de vie des baleines franches australes et des baleines franches de l'Atlantique Nord. Mais cette découverte soulève aussi un autre enjeu crucial pour l’avenir de ces géants marins.
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Longtemps, les scientifiques ont pensé que les baleines franches australes vivaient entre 70 et 80 ans. Cette estimation reposait sur des données limitées. Mais une étude récente, publiée dans Science Advances, change la donne.
Une espérance de vie presque deux fois plus longue que ce que l'on pensait
Les chercheurs ont analysé 40 années de données issues de programmes d'identification photographique. L'étude s'est concentrée sur la baleine franche australe, présente dans les eaux de l'hémisphère Sud, et la baleine franche de l'Atlantique Nord, aussi appelée baleine noire de l'Atlantique Nord, une espèceespèce gravement menacée qui évolue le long des côtes nord-américaines.
Elle a révélé que les baleines franches australes peuvent finalement vivre au-delà de 130 ans, soit 50 ans de plus que l'âge maximal précédemment estimé ! En revanche, la situation est bien différente pour la baleine franche de l'Atlantique Nord : sa duréedurée de vie moyenne se limite à seulement 22 ans, et rares sont celles qui dépassent le cap des 50 ans.
Pourquoi une telle différence ?
« Les baleines de l'Atlantique Nord ont une durée de vie anormalement courte par rapport aux autres baleines, mais cela n'est pas dû à des différences biologiques intrinsèques, et elles devraient vivre beaucoup plus longtemps, a déclaré Greg Breed, professeur associé à l'université de l'Alaska à Fairbanks. Elles sont souvent empêtrées dans des engins de pêchepêche ou heurtées par des navires, et elles souffrent de famine, ce qui pourrait être lié à des changements environnementaux que nous ne comprenons pas encore tout à fait. »
Les baleines franches ont longtemps été la cible privilégiée des chasseurs en raison de leur comportement docile, de leur lenteur et de leur épaisse couche de graisse, qui les faisait flotter après avoir été tuées. Ces caractéristiques les rendaient particulièrement vulnérables, facilitant leur capture.
Un défi de conservation de taille
« Pour atteindre des populations saines qui incluent des animaux âgés, le rétablissement peut prendre des centaines d'années, explique le professeur. Pour les animaux qui vivent jusqu'à 100 ou 150 ans et qui ne donnent naissance à un petit survivant que tous les dix ans environ, il faut s'attendre à un rétablissement lent. » Mais la régénération des populations n'est pas le seul défi de taille.
Le savoir, transmis par les individus âgés, est en déclin. « Ce savoir n'est pas seulement génétiquegénétique, il est aussi culturel et comportemental. Les individus plus âgés enseignent les techniques de survie. Les animaux plus jeunes apprennent en observant et en copiant les stratégies des plus âgés », déplore Greg Breed. Sans les aînés pour guider les jeunes dans les stratégies de survie, les populations de baleines risquent non seulement de stagner, mais aussi de devenir moins résilientes face aux nouveaux défis environnementaux.
Les chercheurs concluent que même si de nombreuses populations de baleines ont réussi à se remettre écologiquement de la chasse, il faudra pour les baleines franches encore 50 ou 100 ans pour atteindre des distributions d'âge stables.