Chaque année à l’automne, une fine couche de l’océan Arctique commence à geler. Mais nous voilà fin octobre et l’une des régions connues des scientifiques pour fabriquer une grande partie de cette glace de mer n’a toujours pas suffisamment refroidi pour cela. Comme les scientifiques l’ont malheureusement prévu depuis longtemps déjà.


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    La fontefonte des glaces de l'Arctique. C'est un problème que nous connaissons désormais malheureusement trop bien. Mais des chercheurs attirent aujourd'hui notre attention sur un autre phénomène tout aussi sensible. Nous voilà fin octobre et pour la première fois depuis le début des relevés, la principale fabrique de glace de mer arctique, du côté de la mer de Laptev, en Sibérie, n'a pas encore commencé à geler.

    En cause, la chaleur exceptionnelle qu'a connue la Sibérie l'été dernier -- et quelques-unes de ses conséquences comme les incendies ou les nuages de fumée. Cette chaleurchaleur s'est accumulée dans les eaux de surface grâce à la grande capacité thermique de l'océan. Les températures de l'océan dans la région ont grimpé jusqu'à plus de 5 °C au-dessus des moyennes. Et les températures trop douces de ces eaux retardent désormais la formation de glace de mer.

    Des conséquences sur le réchauffement de la planète

    La température de l'airair n'est pas le seul facteur qui ralentit la formation de glace. Le réchauffement climatique pousse également des courants atlantiques plus doux vers l'Arctique et rompt la stratification habituelle entre les eaux profondes chaudes et la surface fraîche. Rendant difficile la formation de glace. Le tout poursuivant une série de niveaux très faibles. Ces 14 dernières années correspondent aux 14 années présentant les niveaux de glace de mer les plus bas depuis le début des enregistrements satellite. Une tendance qui ne surprend pas réellement les chercheurs qui prévoient des étés sans glace de mer sur l'Arctique d'ici quelques décennies seulement.

    L'ennui, c'est que la glace de mer arctique joue un rôle crucial dans le bilan énergétique de la Terre. Couverte de neige, la région devient la surface naturelle la plus brillante de la planète, renvoyant vers l'espace environ 80 % du rayonnement solaire. L'océan situé en dessous, lui, correspond à la surface la plus sombre de la planète, absorbant 90 % du rayonnement solaire. Ainsi les changements dans la couverture de glace de mer ont un impact important sur la quantité de lumièrelumière solaire absorbée par la planète et sur la vitessevitesse à laquelle elle se réchauffe. Et les scientifiques craignent que le gelgel retardé puisse, plus généralement, amplifier les rétroactionsrétroactions qui accélèrent le déclin de la glace de mer.