Chaud ! Il a fait chaud cet été et cela, même près du pôle ! Où est donc passé l’Arctique, la glace et ses paysages polaires ? Florian nous raconte deux mois d’expédition sur l’archipel du Svalbard en pleine crise de Covid-19 alors que toutes ses aventures étaient tombées à l’eau. Mais, grâce à de l’improvisation, il a pu faire ce voyage.
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J'ai pu réaliser deux expéditions au Svalbard pendant la crise de la Covid-19. Début juin, je me tiens au sommet d'une montagne enneigée, émergeant de la mer où je suis basé à Tromsø au nord de la Norvège. C'est à ce moment précis que tous mes projets d'été ont changé lorsque je rencontre un « futur » ami, compagnon de voile. Ensemble, nous décidons de partir pour une expédition de dernière minute en voilier, de Tromsø à Longyearbyen où je débarquerai. La pandémiepandémie mondiale a annulé tous mes voyages de l'année comme pour la plupart d'entre nous, photographes.
Cependant, comme nous sommes tous les deux basés en Norvège, nous sommes autorisés à nous rendre sur l'archipel du Svalbard qui est fermé au reste du monde à ce moment précis. Quelques semaines de travail sur le bateau, des travaux de peinture et des réparations, la préparation et le chargement de nourriture pour un mois et nous partons pour le Svalbard début juillet.
J'étais nerveux, le temps n'était pas super pour une traversée et nous essayions d'éviter toutes les dépressions qui nous entouraient dans la mer de Barents. D'un autre côté, j'étais surexcité, ravi de rejoindre le Svalbard une fois de plus et cette fois, presque que nous deux, et impatient de créer de nouvelles images significatives. Le Svalbard peut être assez occupé pendant la plus haute saison touristique, j'avais hâte de découvrir de nouveau cet endroit magique, sans presque personne.
Après quasiment un mois de navigation et plus de 1.500 kilomètres parcourus, avec des rencontres incroyables dont des groupes de centaines de bélugas, des baleines, des renards polaires et autres animaux, en ayant fait face à des conditions météorologiques difficiles et exploré la partie sud de l'archipel, nous atteignons enfin la ville du Svalbard sur l'île du Spitzberg, Longyearbyen.
Des records de température
Nous sommes au milieu de la saison estivale lorsque la température de l'airair augmente soudainement dû à un flux d'air chaud en provenance de la Sibérie. Sur les prévisions météométéo, je vois que Longyearbyen sera l'endroit le plus chaud de toute la Norvège le samedi 25 juillet ! Avec 21,7 degrés Celsiusdegrés Celsius relevés à 18 heures à Longyearbyen, l'archipel a connu son jour le plus chaud depuis le début des relevés météorologiques. Et cela s'est passé à seulement 1.300 kilomètres du pôle Nord.
Non seulement, il a fait chaud ce samedi dont tout le monde a parlé, mais ces hautes températures sont restées une bonne semaine sur le Svalbard. Je me souviens avoir été en short, claquettes et sans TT-shirt à minuit le lundi qui a suivi, face au soleilsoleil éternel de minuit ! Déjà, lors de ma rencontre avec Mike Horn, nous avions discuté de ces chaleurschaleurs étranges. Nous n'avions plus l'impression d'être en ArctiqueArctique.
La température moyenne de l'air à Svalbard a augmenté de 3 à 5 °C au cours des quatre à cinq dernières décennies. Dans les dernières années, il y a eu des épisodes de fortes pluies pendant l'hiverhiver, comme l'explique le rapport officiel norvégien : Climate in Svalbard 2100.
Il va sans dire que cela a un large impact sur tous les écosystèmesécosystèmes présents dans cette région de l'Arctique. Actuellement, les glaciersglaciers du Svalbard perdent plus de glace par la fontefonte et le vêlagevêlage que par la neige. Tous les glaciers observés rétrécissent, les modèles et les mesures satellitaires confirment que le Svalbard dans son ensemble perd de la massemasse glaciaire. Une réduction moyenne de la superficie glaciaire de 7 % a été estimée à partir de la période 1961-1990 aux années 2000. Les photographiesphotographies aériennes que j'ai prises lors de mon expédition suivante plus au nord-est témoignent de cette fonte estivale.
La rencontre magique avec les ours et les morses
Me voici embarqué à bord du Polar Front en résidence d'artistes pour une deuxième expédition, cette fois plus au nord de l'archipel, en route vers la glace ? Mais surtout en route vers les ours polaires et les colonies de morsesmorses. Lors d'une approche d'une colonie de morses sur une péninsulepéninsule, un ours se dirigeait vers nous, dans notre dosdos. Heureusement, nous étions encore très loin et avons rejoint le zodiac pour l'observer approcher et passer la colonie de morses. Je ne saurais dire pour lequel de ces deux animaux je ressens le plus d'émotions lors de mes rencontres.
Les morses sont très sociaux et curieux, leurs nombreuses attitudes me fascinent. Ils furent chassés quasiment jusqu'à l'extinction sur l'archipel pendant les deux siècles précédents avant d'être protégés en 1952 alors qu'il n'en restait qu'une centaine. Depuis, bien que leur nombre reste très bas, leur population ne fait que grandir chaque année. En 2006, un comptage scientifique annonçait qu'ils étaient 2.300, et en 2018, date du dernier comptage, l'estimation de la population de morses au Svalbard s'élevait à 5.600 individus ! Cela prouve que lorsque l'on protège la nature et lui donne ses chances, elle est capable d'un redressement rapide. Les images aériennes que j'ai réalisées cet été permettent de se rendre compte de la quantité de morses qu'il pouvait y avoir sur une seule colonie, comme ci-dessous avec plus de 210 individus sur la plage.
Mais le grand ours, la bête majestueuse, c'est la rencontre de la puissance ultime à la fine délicatesse dans un seul corps. À chaque rencontre c'est le frisson garanti et les vives émotions que je ressens près d'eux ne changent pas avec les années.
Pendant cette deuxième expédition, nous avons rencontré plusieurs ours, de différentes tailles et dans différentes ambiances.
L'un d'eux attendait sur de la moussemousse verte aux pieds d'une falaise de nidification de goélands et de guillemots, un autre dans l'eau essayait de chasser une colonie de phoques sans aucune chance, un autre encore se tenait sur un iceberg devant la calotte glaciairecalotte glaciaire du Nord-Est, il était à l'affût pour trouver un phoque dans l'eau.
Avec la banquise qui se retire de plus en plus loin, un bon nombre d'entre eux restent l'été sur la terreterre ferme. Ils s'adaptent, chassent d'autres proies... Cet été, un ours a tué deux rennesrennes au sud du Svalbard, mais aussi un humain près de la ville en août. Bien que l'ours soit protégé au Svalbard depuis 1973, après de grands massacres, il y a encore environ 1.000 ours polairesours polaires tués chaque année dans le reste de l'Arctique. Sa plus grande menace comme pour beaucoup d'autres espècesespèces, c'est l'Homme !
Des chiffres qui font froid dans le dos
La glace de mer, connue sous le nom de banquisebanquise pluriannuelle, est une composante sensible du climatclimat dans l'Arctique, où le gelgel, la fonte et le mouvementmouvement de la glace de mer sont régis par la thermodynamiquethermodynamique et dynamique de l'atmosphèreatmosphère et de l'océan. La banquise joue également un rôle important sur le climat avec un effet albédoalbédo élevé (réfection des rayonnements lumineux arrivant sur Terre), ainsi qu'avec son effet isolant, elle peut réduire l'échange de chaleur de l'océan vers l'atmosphère.
Au cours des dernières décennies, l'Arctique s'est réchauffé environ deux fois plus rapidement que l'ensemble de l'hémisphère Nordhémisphère Nord. Actuellement, la banquise Arctique diminue à un taux de 12,85 % par décennie.
Cette année, la couverture de la banquise arctique a atteint sa deuxième étendue minimale depuis que les chercheurs l'observent à la fin des années 1970. Une analyse des données satellitaires par la NasaNasa et le National Snow and Ice Data CenterData Center (NSIDC) de l'université du Colorado à Boulder montre que l'étendue minimale de 2020, le 15 septembre, a atteint 3,74 millions de kilomètres carrés.
Un achat = un don : En plus de réduire les émissionsémissions de CO2, l'humanité doit de toute urgence réduire le carbonecarbone atmosphérique. Notre organisation caritative, dirigée par des scientifiques, capture le CO2 atmosphérique en plantant des arbresarbres dans le sud du Groenland, où ils prospèrent aujourd'hui. En nous basant sur l'expérience acquise en plantant plus de 15.000 arbres en 2014, 2015 et 2018... Septembre 2019, nous avons planté 5.000 arbres dans un arboretum de l'ancienne base militaire très dégradée de Narsarsuaq, dans le sud du Groenland. Nous préparons déjà une campagne plus importante pour 2020. Rejoignez-nous et vos arbres se dresseront à côté des nôtres, capturant le carbone pour les décennies à venir, ralentissant ainsi le changement climatiquechangement climatique brutal.
Les ours polaires vus du ciel, par Florian Ledoux
« Il y a des images qui pourraient vous impressionner avec leur maîtrise technique, et puis il y a des images qui vous font ressentir quelque chose. Cette photographiephotographie m'a clouée au sol, a déclaré le vidéaste Jarrad Sendj et membre du jury qui lui a décerné le Grand prix drone photo 2017. C'est particulièrement émouvant compte tenu de la crise climatique à laquelle notre monde est confronté en ce moment ». Florian LedouxFlorian Ledoux écrit : « Chère génération future, j'espère que vous pourrez toujours voir la faunefaune arctiquearctique comme nous le faisons aujourd'hui. Dans son environnement qui change, elle est menacée. J'ai pu assister à de nombreuses scènes de la vie sauvage et celles-ci sont les plus belles choses que j'ai vues. Comme cette photo unique au-dessus d'un ours polaireours polaire au Nunavut, dans la région de Baffin, traversant la banquisebanquise qui fond en été de plus en plus ». © Florian Ledoux