Éprouvée par la nature – ouragans, séismes – et par les troubles politiques, Haïti, qui occupe la moitié ouest de la grande île d’Hispaniola, offre pourtant des destinations attachantes, en particulier celle de Cap-Haïtien, autrefois la plus prospère cité coloniale de l’empire français.
au sommaire
À Cap-Haïtien, les vestiges spectaculaires d'un palais et d'une forteresse aux dimensions inouïes témoignent de la folie du roi Christophe, acteur de l'indépendance de Haïti. Haïti, première des colonies françaises à acquérir son indépendance, un siècle et demi avant les autres !
Port-au-Prince : vaudou, désolation et quelques havres de paix
Le 10 janvier 2010, un épouvantable tremblement de terretremblement de terre ravageait Port-au-Prince, la capitale de Haïti. De la magnifique cathédrale, il ne reste plus que des ruines, comme du somptueux Palais présidentiel. Seul a été reconstruit le spectaculaire Marché en ferfer, construit en 1881. Malgré les malheurs dont Haïti souffre, la foi catholique, alliée au vaudou, est ardente ici.
Au Marché en fer, on trouve une infinité d'objets artisanaux, et, pour la pratique du vaudou, des bouteilles d'élixirsélixirs multicolores, des poupées à l'allure inquiétante, et même d'authentiques crânescrânes humains.
Autour du marché, huit ans après la catastrophe, la circulation est désastreuse : tous les magasins se sont écroulés et les boutiques se dressent désormais au bord des trottoirs, débordant dans la rue. Pour circuler dans ce dédale, il faut emprunter les pittoresques « Tap Tap » couverts de peintures, dont les sujets sont aussi bien de grands acteurs américains que des sportifs.
Pour bénéficier d'un peu de calme dans cette agitation, on peut monter jusqu'à Petionville où l'on trouve quelques parcs, des petits marchés offrant fruits et légumes, ainsi qu'une des ressources traditionnelles des Haïtiens, les tableaux, que l'on peut également acheter dans des galeries plus luxueuses.
Sur les traces de Graham Greene
Mais si vous recherchez vraiment le calme au cœur de Port-au-Prince, visitez le mythique hôtel Oloffson, une merveille de « gingerbread », cette architecture ornée de bois découpés. L'Oloffson figure dans le roman de Graham Greene « The Comedians ». L'écrivain britannique a logé ici, comme de nombreuses stars mondiales. L'Oloffson a été racheté il y a plus de trente ans par un jeune américain, Richard A. Morse, qui a créé le groupe musical RAMRAM, et qui trente ans plus tard donne des concerts un peu partout dans le monde.
Cap-Haïtien : autrefois la plus prospère cité des colonies françaises
Beaucoup plus tranquille que Port-au-Prince, la ville de Cap-Haïtien, sur la côte nord de Haïti, était jadis, sous le nom de Cap-François, la plus brillante et la plus prospère cité des colonies françaises. « J'ai toujours grand plaisir à visiter cette petite ville, et ses quartiers paisibles. » On y trouve une Alliance française, qui promeut assidûment la langue et les auteurs français.
Quelques jolis coins paisibles vous attendent au Cap-Haïtien, au bord des belles piscines des hôtels Satama ou Mont Joli. Très agréable aussi, la superbe plage de CormierCormier. Au menu du restaurant de Cormier plage, des langoustes délicieuses et des cocktails colorés.
Un peu plus à l'ouest, la superbe plage de Labadie est depuis des années privatisée par une compagnie de navires de croisière. Les navires y ont longtemps fait escale sans que les passagers sachent même qu'ils étaient en Haïti - de trop mauvaise réputation. Il est vrai que les troubles politiques, les cyclones et tremblements de terre n'aident guère au succès du tourisme en Haïti. Il existe pourtant de belles plages dans la région des Arcadins et de grands projets, actuellement en suspens, pour l'île-à-Vache, ancien repaire du capitaine Morgan, au large de la côte sud de Haïti.
La folie des grandeurs du roi Christophe
La ville de Cap-Haïtien était jadis défendue par plusieurs fortins, comme le fort Picolet. Mais à faible distance du bourg, on peut visiter deux des vestiges historiques les plus imposants de toute la Caraïbe, tous deux construits sous le règne du roi Christophe, un officier de l'armée coloniale qui s'était autocouronné en 1811 après avoir mené la révolte des esclaves.
À Milot, tout d'abord, le palais de Sans Souci, aujourd'hui inscrit au patrimoine mondial par l'Unesco ; le roi Christophe vécut dans « son petit Versailles » où il mit fin à ses jours en 1820. Un guide attise souvent l'imagination des visiteurs et leur fait reconstruire mentalement les salons, les cheminéescheminées, et même la cuisine du palais de Sans Souci.
Pour atteindre la plus grande des forteresses de toute la Caraïbe, il faut emprunter un autre type de moyen de transport. Si quelques vélomoteurs ont entrepris récemment de gravir cette route très raide, le transport à cheval reste prépondérant. Au bord du chemin, des groupes de jeunes musiciens tirent des rythmes lancinants de tubes de bambous.
Et au bout d'une heure et demie, on atteint la citadelle à 900 mètres d'altitude. D'ici, la vue porteporte jusqu'au port de Cap-Haïtien : bastions, redoutes et batteries, meurtrières, et partout, des boulets, et des canons : il y en a 163. Une partie des toiturestoitures était conçue pour recueillir l'eau de pluie en cas de siège.
Peu avant sa mort, Christophe avait entrepris de surélever la citadelle, espérant apercevoir la capitale, Port-au-Prince, au travers de toute l'île de Haïti.